Thomas Jefferson Papers

Pierre Samuel Du Pont de Nemours to Thomas Jefferson, 8 September 1805

From Pierre Samuel Du Pont de Nemours

Paris 21 Fructidor 13 / 8. 7bre 1805.

Monsieur le Président,

le départ de Mr. Skipwith me donnant une occasion sure pour écrire à Votre Excellence, je prends la liberté de joindre à cette Lettre les duplicata de celles que j’ai eu l’honneur de vous adresser le 21 May et le 27 aoust.

La premiere de ces Lettres ouvre une idée, que je crois qui peut mériter votre approbation, pour finir les procés qui existent au Kentucky et dans d’autres Etats, relativement aux concessions de terres qui se croisent, et dont la totalité excède l’étendue physique du terrein où elles ont êté accordées.

L’autre vous rend compte de l’erreur commise par Mr Armstrong dans l’affaire importante en elle même du navire le New Jersey; où Mr Armstrong, qui n’avait aucun droit de s’en mêler, a, par ses préjugés et son injuste opiniâtreté, et en outrepassant ses pouvoirs, privé ses Concitoyens de près de cent soixante mille dollars que les Tribunaux français avaient ordonné de leur restituer, et que les Ministres Français auraient fait payer sans l’inconcevable opposition du Ministre américain.

Cette erreur est bien plus importante encore qu’elle ne le parait; puis qu’elle ne se borne pas à l’affaire particuliere où il a injustement causé un si grand dommage, mais qu’il a posé en principe diplomatique que les Etats Unis n’avaient rien à réclamer, et n’entendaient rien réclamer, pour la prise mal fondée de leurs Navires, quand ces Navires auraient êté assurés aux Etats unis:—ce qui laisserait toute liberté aux Français et aux Anglais de violer votre Pavillon, et de s’emparer arbitrairement sur mer de la propriété des Américains, que l’on n’embarque jamais sans l’assurer.

Je crois indispensable pour l’honneur et pour l’interêt de votre Nation que Votre Excellence fasse désavouer officiellement et formellement ce prétendu Principe, à la fois inique et insensé, et qui établirait contre les Etats Unis une jurisprudence qui n’aurait lieu qu’à leur égard: car aucune autre Nation ne voudrait consentir à s’y soumettre.

Je me réfere à ce que j’ai eu l’honneur de vous en dire dans la Lettre ci jointe.

J’ai présentement à renouveller à votre Excellence mes remerciemens pour la justice qu’elle a rendue à notre fabrique de poudre et la protection qu’Elle a bien voulu lui accorder en l’employant aux fournitures de Votre Gouvernement.

Et puis, Monsieur le Président, j’ai quelques explications à donner à votre amitié qui m’est si précieuse, à votre estime qui ne me l’est pas moins, sur mon séjour en Europe, beaucoup plus prolongé que je ne l’aurais voulu.

Il vous est facile de juger aux progrès qu’y fait le despotisme que ce séjour m’est extrêmement pénible.

J’ai besoin d’être libre, j’ai besoin d’être utile, j’ai besoin de vivre avec des hommes d’un esprit élevé

La maladie politique, pourrissante, gangreneuse, dont l’Europe est attaquée, et que les énormes saignées qu’on va faire aggraveront loin de la guérir, ne me laisse aucune espérance de satisfaire desormais dans l’ancien monde ces trois besoins si longuement enracinés de mon caractere et de mon cœur.

Ainsi, malgré le terrible inconvénient de ne pouvoir jamais bien parler ni écrire votre langue, qu’on ne saurait suffisamment apprendre à soixante ans, je suis destiné à consacrer aux Etats Unis ce que Dieu me départira de jours qui peuvent encore être assez longs (car je ne me sens que trop de vie) et que je voudrais qui fussent remplis.

Mais je vous ai déjà dit qu’un grand devoir envers la mémoire de Mr Turgot ne me permet pas d’exposer de nouveau à la mer les papiers qu’il m’a laissés. Il faut absolument que je les donne au Pays qu’il servait avec tant de lumieres et de vertu.

Ensuite, quant à vous et à vos concitoyens, je ne veux pas être un fardeau pour Votre Patrie, et n’y porter que mon cadavre. Il n’y aurait à cela ni dignité, ni reconnaissance.

Je vous ai donné par mon Fils, mais non par moi même, l’art perfectionné de la Poudre à canon, nécessaire à la défense de l’Etat, à la destruction des Animaux malfaisans, à la construction des routes et des canaux à travers les Montagnes.—Je veux vous donner la Tannerie qui est encore chez vous très imparfaite. Cet art si près de l’Agriculture, et auquel la multitude de vos Arbres forestiers offre des matieres premieres meilleures que celles de nos climats, n’est pas un de ceux dont votre Nation doive être détournée.

Je reviendrai sachant à fonds les procédés de la Fabrique anglaise dont nous avons en Normandie un bel établissement, et ceux des deux fabriques françaises.—En combinant la Théorie et la pratique de ces trois méthodes de fabrication, et nous aidant de recherches sur vos arbres, nous rendrons la Fabrique américaine supérieure aux trois autres.

Enfin j’ai à terminer ma vie en concourant sous Vos auspices à l’organisation de l’éducation publique, pour laquelle le Plan que vous m’avez demandé a obtenu votre suffrage.

Après quoi je pourrai mourir.

En attendant, et tant que je vivrai, je veux mériter que vous m’aimiez, comme je vous aime et respecte.

Du Pont (de Nemours)

Editors’ Translation

Paris, 21 Fructidor Year 13
8 Sep. 1805

Mister President,

Since Mr. Skipwith’s departure gives me a reliable opportunity to write to your excellency, I take the liberty of enclosing duplicates of the letters I had the honor of sending on 21 May and 27 August.

The first one proposes an idea I think might warrant your approval for ending the trials in Kentucky and other states concerning land grants that overlap, or whose total size exceeds the physical boundaries of the terrain to which they have been awarded.

The other letter reports on an error committed by Mr. Armstrong in the matter, which is important in its own right, of the ship New Jersey, in which Mr. Armstrong, who had no right to interfere, overstepped his authority and, through his prejudices and unfair stubbornness, deprived his fellow citizens of almost one hundred and sixty thousand dollars that the French courts had ordered restored to them and that the French ministers would have paid without the inconceivable opposition of the American minister.

This fault is even more serious than it appears, because it is not limited to this particular case where Mr. Armstrong unjustly caused so much damage. It posits as a diplomatic principle that the United States has no claim and no intention of making claims for the illegal seizure of its ships when these ships are insured in the United States. This would give the French and English total freedom to violate your flag and arbitrarily seize American property at sea. One could never again sail without insurance.

I think it indispensable for the honor and interest of your nation that your excellency formally and officially disavow this pretended principle, which is both iniquitous and insane, and which would establish against the United States a jurisprudence that would apply only to it, since no other nation would agree to submit to it.

I refer you to what I had the honor of explaining in the enclosed letter.

I now renew thanks to your excellency for the honor you paid our gunpowder factory and your support in choosing it to supply your government.

And then, Mister President, I have some explanations to present to your friendship, which is so precious to me, and your esteem, which is no less precious, about my stay in Europe, which is much longer than I would have wished.

You can easily judge from the progress that despotism is making there that this stay is extremely painful to me.

I need to be free, I need to be useful, I need to live among men of elevated spirit.

A putrid, gangrenous political malady afflicts Europe, and its huge future bloodlettings will further aggravate the situation rather than healing it. It leaves me no hope that I can satisfy in the old world the three needs that have long been rooted in my heart and character.

Thus, despite the terrible handicap of never being able to speak or write your language very well, since one cannot master it at age 60, I am destined to devote to the United States the years God grants me, which might still be many, since I feel overflowing with life. I would like them to be full.

But, as I have already told you, my great debt to Mr. Turgot’s memory prevents me from exposing the papers he left to another sea voyage. I absolutely have to give them to the country he served with so much insight and virtue.

It is also true that I do not wish to be a burden to your country, to you and your fellow citizens, by bringing you only my cadaver. That would be neither worthy nor grateful.

Through my son, though not myself, I gave you the perfected art of gunpowder that is necessary for defending the state, destroying harmful animals, building roads and canals across mountains. I would also like to give you tanning, which is still undeveloped in the United States. Your country must not be deflected from this art, so closely related to agriculture, to which your abundant forests offer better raw materials than those in our climates.

I shall return with in-depth knowledge of the techniques used in British factories (we have a fine one in Normandy) and in two different French factories. Combining the theory and practice of these three methods, along with research on your trees, we shall make American production superior to the three others.

Finally, I must spend my last years collaborating with you in establishing public education, based on the plan you asked me to provide and then approved.

After that, I can die.

In the meantime, as long as I am alive, I wish to deserve your esteem, as I esteem and respect you.

Du Pont (de Nemours)

RC (DLC); at head of text: “a son Excellence Thomas Jefferson Président des Etats Unis”; endorsed by TJ as received 22 Nov. and recorded in SJL as a letter of “Aug. 27. do. Sep. 8.” Enclosures: duplicates, not found, of Du Pont’s letters to TJ of 12 May and 28 Aug.

le 21 May et le 27 aoust: that is, 12 May and 28 Aug.

la mémoire de Mr Turgot: for Du Pont’s editing of Anne Robert Jacques Turgot’s papers, see Vol. 43:394n.

l’éducation publique: for TJ’s initial request regarding a plan for public education, see Vol. 31:495–6.

Index Entries