Thomas Jefferson Papers

To Thomas Jefferson from Pierre Samuel Du Pont de Nemours, 12 May 1805

From Pierre Samuel Du Pont
de Nemours

Paris 12 May 1805.

Monsieur le Président,

Votre gravité naturelle ne vous aura pas permis d’avoir autant de plaisir pour la Médaille que notre Société d’Agriculture vous a décernée, que ma sensibilité a eu de l’hommage rendu au Philosophe Homme d’Etat de votre Pays par les Cultivateurs du mien.

Je suis sujet aux joies d’enfant; mais en cette occasion j’en ai eu une d’Adolescent, parce qu’elle tenait à un sentiment civique qui embrassait mes deux Patries, comme aussi à mon amour pour les deux sciences du Gouvernement et de la culture.

Toutes deux me portent à vous soumettre une idée que je crois utile pour finir avec équité les procès multipliés qui existent dans quelques uns des Etats unis et notamment dans le Kentucky sur la propriété des terres.

J’en ai là cinquante six mille acres; l’on dit que je suis le plus heureux des hommes parcequ’il y en a seize mille qu’on ne me conteste pas.

Le même terrein unsettled est réclamé par cinq ou six propriétaires: ce qui vient de ce que les concessions ont êté faites, sans arpentage général, d’après les cartes particulieres que ceux qui les demandaient ont présentées au Land-Office; que les lignes de démarcation, désignées par des Arbres dont les pareils sont innombrables dans le Pays, n’ont rien de bien assuré; que toutes les concessions se croisent et se surcouvrent; et qu’il parait qu’on en a fait pour un beaucoup plus grand nombre d’acres que les limites naturelles prises à partir des Rivieres n’en contiennent réellement.

Cependant toute concession émanée de l’Etat de Virginie ou de celui de Kentucky est un titre respectable, auquel on doit toute la garantie que le territoire peut comporter.

Comment finir ces contestations fâcheuses, couteuses, et qui retardent l’établissement de la culture? Ou comment y parvenir sans faire injustice à personne?

D’abord en sachant jusqu’où s’étend la possibilité d’être juste.

On peut ordonner aux fraix des differens prétendans, possesseurs de titres authentiques, l’arpentage général de tous les Terreins dont les limites extérieures sont bien dessinées par les Rivieres et par un petit nombre de lignes droites tirées d’un embranchement, ou autre point incontestable d’une riviere, à un autre point également incontestable de la riviere voisine.

La dépense de cet arpentage devra être répartie entre tous les porteurs de titres sur des terres comprises dans ce local proportionnellement au nombre d’acres que chacun d’eux réclame.

L’arpentage général donnera la quantité d’acres contenue dans le terrein mesuré; et si les titres présentent une totalité de concessions excedant les terres qui existent effectivement dans ce canton, comme on n’a pas pu vendre ce qui n’avait point d’existence, et comme le droit est égal entre tous les concessionnaires ou acquereurs de l’Etat, on reconnaitra que chacun d’eux n’a de droit dans le canton arpenté qu’en raison de la proportion de sa concession avec la masse totale des autres concessions faites dans le même lieu.

Par exemple; si dans un terrein compris entre quatre Rivieres, ou exactement limité d’une autre maniere quelconque, il a êté concédé trois cent mille acres, et si l’arpentage général fait voir qu’il n’y en a que deux cent mille, le droit de chaque concessionnaire sera réduit aux deux tiers de l’étendue mentionnée dans son titre primitif.

ces premieres bases posées, il faudra partir d’un angle ou d’un autre point parfaitement déterminé tel que le confluent de deux rivieres.—On examinera quel est le concessionnaire dont le titre, s’accordant avec ce point, serait en même tems le plus ancien de ceux qui pourraient s’y accorder comme lui; et on lui expediera un titre nouvel de la quantité d’acres à laquelle la reduction générale et proportionnelle lui donnera droit: titre accompagné de sa carte bien limitée.

Procédant ensuite de l’un à l’autre, on réglera les parts de ses plus proches voisins qui subiront les mêmes reductions proportionnelles; et ainsi du reste jusqu’au partage exact de tout le canton.

Alors il y aura place pour tout le monde, puisque la totalité des arpentages particuliers pourra être contenue dans l’Arpentage général.

Toutes les limites particulieres seront claires et indubitables. Tous les Procès seront finis. Et chacun des concessionnaires se trouvera le plus près qu’il soit possible du lieu où il aura désiré sa concession.

L’exécution de cette mesure sera sans difficulté pour les terreins encore unsettled.

Quant aux Fermes bâties et aux terres nécessaires à leur exploitation, qui peuvent se trouver dans les cantons dont pour terminer tous les procès il faudra faire ainsi une distribution, un nouveau partage, on observa de ne jamais évincer le possesseur actuel et de bonne foi.—La réduction proportionnelle ne pourra jamais avoir lieu sur des terreins en culture. Elle ne portera que sur les parties non travaillées. Et dans le cas où les rapprochemens, que la réduction générale des concessions aura occasionnés, placeraient la Ferme qu’un homme aura mis en valeur au delà du lieu que le nouvel arpentage général assignerait à sa concession, il sera seulement tenu de donner au Propriétaire du lot dans lequel la ferme sera établie un nombre égal d’acres à prendre au choix de ce Propriétaire dans les meilleurs de ceux encore incultes que la distribution générale accordera au Fermier dont la culture aura êté respectée.

Cette indemnité de terrein pour terrein sera d’autant plus raisonnable que la Ferme construite et cultivée augmente la valeur des terres environnantes: de sorte que le concessionnaire, sur le lot duquel de telles fermes seront établies, en recevant ailleurs un nombre d’acres égal sera loin de perdre sur sa concession principale.

Je ne pousserai pas plus loin les détails de cette opération. Il est bien suffisant d’en avoir indiqué l’esprit à un homme tel que vous.

Votre Excellence verra du reste combien il importe à l’Amérique en général, et en particulier aux Etats où les concessions se croisent, de rendre les propriétés claires et sures; et de tarir la source des Procès qui, repoussant les acquereurs, sont pour l’établissement de l’agriculture un obstacle infiniment fâcheux par lequel le cours naturel de la prospérité nationale est retardé.

Agréez mes remerciemens pour toutes vos bontés et l’hommage de mon profond respect

Du Pont (de Nemours)

Editors’ Translation

Paris, 12 May 1805

Mister President,

Given your characteristic modesty, you will not have taken as much pleasure in the medal our Agricultural Society awarded you as I did in the honor bestowed upon the wise leader of your country by the farmers of mine.

I am subject to childlike joys, but on this occasion I felt an adolescent pleasure because it came from the civic feeling that links my two countries, akin to my love for the two sciences of government and agriculture.

These two loves impel me to propose an idea I think would be useful for achieving an equitable resolution to the multiple lawsuits about property ownership in some states, especially Kentucky.

I have 56,000 acres there and am told I am the most fortunate of men because 16,000 of them are uncontested.

A single piece of unsettled land is disputed by five or six owners. That is because the concessions were made without a general survey, based on individual maps that applicants presented to the Land Office. The lines of demarcation are unclear because they are designated by trees, which are innumerable in the country. The concessions intersect and overlap, and there seem to be concessions for many more acres than fit within the natural boundaries of the rivers.

Yet, all concessions emitted by the state of Virginia or Kentucky have legitimate titles, which deserve all the authority the land can provide.

How can we end these regrettable, costly disputes that delay development? And how can we do so without being unfair to anyone?

By determining, first of all, what we mean by fairness.

We could authorize a general survey, at the expense of the different claimants who hold rightful titles, of all the land whose boundaries are well defined by rivers and by a small number of straight lines drawn from a fork or other uncontested points on a river, or other equally incontestable points of a neighboring river.

The cost of the survey would be shared among all the holders of titles to land encompassed in this area, proportionate to the number of acres each one claims.

The general survey would establish the number of acres contained within the measured land. If the titles to the concessions exceeded the land that actually exists within the area, since one cannot sell what does not exist, and since all the renters or buyers are equal before the law, we would recognize that each of them is not entitled to more than the proportion of his plot within all the other concessions of the same area.

For example: if 300,000 acres have been allocated in an area that lies between four rivers or is definitively delimited in some other way and the general survey indicates that there are only 200,000 acres, each grantee would be reduced to two thirds of the land specified in his original title.

Once this base was in place, we would have to begin from an angle or other precise point such as the confluence of two rivers. We would examine which grantee, whose title corresponded to this point, would be first among those whose titles might also overlap. We would send him a new title for the number of acres to which the general proportional reduction entitled him—a title accompanied by a clearly delimited map.

Proceeding from one to another, we would determine the proportions of his nearest neighbors, who would undergo the same proportional reductions, and so forth until the region had been precisely divided.

In this way, there would be room for everyone, since all the individual surveys could be contained within the overall survey.

All the individual boundaries would be clear and unequivocal. All the trials would be over. And each grantee would be as close as possible to the land he wanted.

Executing this measure would not present any difficulty for lands that are still unsettled.

As for the existing farms and the land required to exploit them, which might be in regions where it is necessary to undertake new divisions and distributions in order to resolve the trials, we would be careful never to evict a current good-faith owner. The proportional reduction would never take place on farmed land; it would apply only to unfarmed land. Wherever reductions caused by the general contraction put land one man farmed beyond the boundaries the new survey had assigned him, he would simply have to give the new owner of the plot an equivalent number of untilled acres that the new owner could choose from among the best of the untilled land, thereby preserving the farmer’s cultivated land.

Trading land for land is all the more reasonable since an established, cultivated farm increases the value of the surrounding land. For this reason the original owner, on whose land such farms are built, by receiving an equal number of acres, would be far from losing on his original concession.

I will not expand further on the details of this operation. It is entirely enough to outline its gist to a man like you.

Your excellency will see, moreover, how important it is for America in general, and for the states where land grants overlap in particular, to render the property clear and secure, to remove the source of trials which, by discouraging buyers, are an infinitely undesirable obstacle to agriculture and thereby slow the natural course of national prosperity.

Accept my thanks for all your kindness and the expression of my deep respect.

Du Pont (de Nemours)

RC (DLC); at head of text: “A Son Excellence Thomas Jefferson Président des Etats unis”; endorsed by TJ as received 13 Nov. and so recorded in SJL.

la Médaille: TJ was awarded a gold medal for his improvements to moldboard plows at the 28 Apr. 1805 meeting of the Société d’Agriculture du Département de la Seine (Mémoires d’agriculture, d’économie rurale et domestique, 7 [1805], xxiv, li-liii).

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