Thomas Jefferson Papers

Pierre Samuel Du Pont de Nemours to Thomas Jefferson, 28 August 1805

From Pierre Samuel Du Pont de Nemours

Paris 10 Fructidor 13 (28 aoust 1805)

Monsieur le Président,

Je me reproche une chose:—C’est de n’avoir pas invoqué votre autorité au premier moment où Mr. Armstrong, se mêlant d’une affaire qui ne le regardait point, et y portant des opinions injustes en elles mêmes, totalement contraires à l’interêt de ses Compatriotes, a entrepris de causer un énorme dommage à un grand nombre de Citoyens américains, et a soutenu, a fait adopter à la Cour de France, un Principe qui renversait le Commerce et toutes les Compagnies d’Assurances des Etats unis.

J’avais constamment esperé pouvoir le ramener à des pensées plus raisonnables; et l’affaire sur laquelle il est tombé dans des erreurs d’abord vacillantes, puis opiniâtres, êtait si simple, si claire, que je n’imaginais pas qu’elle pût être longue à terminer, qu’elle pût être terminée arbitrairement et sans équité.

Cette affaire est celle du Navire le New Jersey, pris injustement par un Corsaire de St. Domingue, racheté par les Armateurs et les Chambres d’assurance au moyen d’un dépot de 203,050 dollars versés en argent dans la Caisse de la Colonie, par suite d’une transaction avec le Général Hédouville qui engageait la Loyauté Française que cette somme serait rendue si le Conseil des Prises en France jugeait la capture mal fondée.

Le Conseil des Prises a jugé, comme le Conseil d’Etat l’avait d’abord présumé que le Corsaire avait eu tort et que les 203,050 dollars devaient être rendus aux Armateurs américains.

La Commission américaine avait admis cette restitution pour être comprise dans celles à effectuer sur les vingt millions provenans de l’acquisition de la Louisiane, et destinés aux indemnités que les Americains lèsés par la France avaient droit de réclamer.

L’affaire êtait consommée. Mr. Armstrong n’avait aucun droit d’y intervenir autrement que pour faire expédier les Lettres de change conformement au Traité.

Le Conseil Français avait ordonné la restitution.—La Commission américaine etait Cour autorisée à décider si cette restitution devait être imputée sur la somme que les Etats Unis avaient réservée pour les remboursemens de ce genre.

La mission de Mr Armstrong êtait de prononcer sur les affaires que la Commission n’aurait pas pu examiner ou aurait trouvées douteuses; non de casser les décisions qu’elle aurait rendues. quant à celles là, il ne devait que les exécuter.

des1 gens, qui voulaient faire appliquer les fonds à des demandes moins justes, ont obtenu, qu’avant l’exécution de celle qui concernait le New Jersey, le Ministre française consulterait extrajudiciarement et confidentiellement Mr. Armstrong.

Celui-ci devait répondre conformement aux pieces et dire que le Jugement du Conseil des Prises et l’admission faite par la Commission américaine ne pouvaient être attaqués, puisqu’ils êtaient en forme légale.

Il a au contraire répondu qu’on lui avait dit, verbalement et sans l’affirmer, que MM Nicklin et Griffith êtaient des commis anglais, qu’ils n’avaient pu faire l’expédition du New Jersey qu’avec des fonds anglais; et que, quand ils seraient américaines, le navire ayant êté assuré aucune réclamation ne devait avoir lieu.

Sur le premier point, il insinuait le contraire de ce qu’il savait fort bien; car Mr. Griffith en particulier lui est très connu.

Sur le second, il mettait en principe que les Assureurs américains de vaisseaux américains n’avaient rien à réclamer en cas de prises injustes, parce qu’ils avaient assez gagné dans d’autres occasions; et que dès qu’un navire était assuré, même par les concitoyens de ses Armateurs, il devait toujours être adjugé aux Corsaires et ne devait jamais entrer dans les réclamations de la République américaine.—Il est impossible d’imaginer une doctrine plus absurde, et qui puisse devenir plus nuisible aux Etats unis.

Cette opinion de Mr. Armstrong, aisément adoptée par le Ministere Français, a empêché d’avoir égard au Jugement du Conseil des Prises et à l’admission prononcée par la Commission américaine.

J’en ai appellé aux deux Ministres eux mêmes.—J’ai remis à Mr. Armstrong tous les originaux des Polices d’assurances, et les actes passés par tous les Interessés au New Jersey devant les notaires américains.

Il a paru convaincu.—Il a promis de devenir l’avocat de ceux dont il avait fait décider la ruine.

Puis, il est revenu à sa premiere erreur, et a déclaré qu’il ne consentirait jamais qu’on rendit aux assureurs la portion du dépot faite avec leur argent.

Il voulait bien alors que l’on payât la portion qui n’êtait pas assurée.

Aggravant ensuite sa versatilité, il s’est opposé à ce qu’on payât rien du tout pour le New Jersey, à ce qu’on rendît quoique ce fût de l’argent américain déposé à st. domingue pour ce Navire, et dont le Tribunal Français ordonnait la restitution entiere.

Enfin le Ministre Français, ayant parfaitement reconnu l’injustice de cette résolution, lui a demandé comme une marque d’amitié de ne pas refuser qu’on payât le tiers, ou 67,683 dollars; et Mr. Armstrong n’a pas voulu consentir qu’on restituât plus de 55,580 dollars, sans qu’il y ait raison, ni pretexte, pour cette proportion singuliere.

Il a fait perdre aux Interessés et Assureurs près de 150,000 dollars que les Juges Français ordonnaient de leur rendre, et plus de 12,000 dollars que le Ministre Français, même en reculant du Jugement du Tribunal, avait dessein de leur donner.

Nous lui avons prouvé, Mr de la Grange et moi, que les anglais dans un cas semblable avaient fait payer capital et interets aux Assureurs du Vaisseau américain l’Hannah.—cela n’a point ébranlé son entêtement.

Ainsi Mr. Armstrong a eu deux torts bien graves et de la plus dangereuse conséquence.—Le premiere, comme Magistrat, de s’être immiscé dans une affaire conclue, et d’avoir infirmé la décision de l’autorité définitive établie par son Pays.—Le second comme Ministre plénipotentiaire représentant sa Nation, d’avoir de lui même, sans mission, au delà de ce que demandait le Ministre étranger, renoncé pour elle à obtenir la restitution de ses navires de commerce le plus injustement pris ou détenus, lorsqu’ils se trouverait qu’ils auraient êté assurés par ses Chambres d’assurance.

Le Gouvernement Français, s’appuyant sur ce que le Ministre américain ne consentait pas à ce qu’il fut payé plus de 100,000 écus ou 55,580 dollars, a exigé une quittance finale, que Mr de la Grange et moi n’avons pu lui refuser, à peine de ne rien avoir du tout pour nos commettans américains.

Mais ne trouvez vous pas, Monsieur le Président, qu’ils ont droit de réclamer devant vous, et peut-être devant vos Tribunaux, à raison du dommage que leur a causé le Ministre de leur Patrie qui, sans instruction pour le faire, ou plustôt contre ses instructions, les a empêchés de rentrer dans leur propriété et de jouir de ce que leur allouaient les Magistrats et les Ministres d’un Gouvernement étranger.

N’est-il pas visible que la France augmentera contre les Etats Unis, à la premiere occasion, de l’exemple donné par Mr. Armstrong de refuser toute restitution des navires américains assurés en amérique; et que l’Angleterre, ne voulant pas avoir moins de privilèges à votre égard que vous n’en accordez à la France, adoptera bientôt une Jurisprudence semblable, mise en avant en votre nom par un Ministre revêtu de vos pouvoirs:—de sorte que vos navires marchands seraient à la merci des Corsaires de toutes les Nations, que vos Chambres d’assurances ne pourraient plus assurer à aucun prix, que votre Pavillon commercial ne pourrait plus tenir la mer, et que l’énorme capital employé par votre Nation en constructions navales deviendrait paralysé et perdu.

Je crois très essentiel que vous fassiez désavouer formellement auprès du Gouvernement Français, cette étrange maxime de diplomatie sortie de la tête de Mr Armstrong contre le droit et les interêts de votre République.

Mr. Armstrong est le seul américain que j’aie vu entierement inaccessible à la raison, complettement ignorant sur les affaires de sa nation, et d’un emportement, d’un despotisme de caractere, qui rende inutile de réclamer devant lui la justice et mortellement désagréable d’entrer en négociation.—nul homme dans le monde n’est moins propre à vous representer.—si tous ses compatriotes lui ressemblaient, l’empressement qu’on éprouve à s’affilier à leur corps politique serait terriblement affaibli.

Mais heureusement la Nation américaine est très bonne; elle est très sensée; et elle a en vous un excellent Chef qui me pardonnera de lui avoir dit en cette occasion ma pensée toute entiere.

Daignez y voir, Monsieur le Président, une nouvelle preuve de mon attachement inviolable et de mon profond respect.

Du Pont (de Nemours)

Je joins ici les mémoires que j’ai eu à publier dans l’affaire dont je viens d’entretenir votre Excellence.—Elle y trouvera la preuve et le développement des faits que je lui expose.

Je me propose toujours de vous voir à Washington-City l’année prochaine. Ma Femme vous présente son respect.

Pour que cette lettre vous parvienne plus surement, je mets les mèmoires dans un autre paquet.

Editors’ Translation

Paris, 10 Fructidor Year 13 (28 Aug. 1805)

Mister President,

I feel guilty that I did not immediately invoke your authority when Mr. Armstrong set out to cause great harm to a large number of American citizens by interfering in a matter that did not concern him and expressing opinions that were unjust in their own right and totally contrary to the interests of his compatriots. He advocated and arranged for the French court to adopt a principle that contravened commerce and all the insurance companies of the United States.

I kept hoping to be able to bring him back to more reasonable views. He stumbled into the affair through errors that began with vacillation and ended in stubbornness. And yet, the affair was so clear and simple that I did not imagine it could take long to resolve, or be resolved arbitrarily and unjustly.

It concerns the ship New Jersey, unfairly seized by a privateer from Saint-Domingue. The shipowners and insurance companies redeemed it by paying $203,050 in silver to the colony’s treasury after negotiating with General Hédouville, who promised on behalf of France that the sum would be returned if the French prize court judged the capture to be unjustified.

The prize court determined, as the Conseil d’État had presumed, that the privateer was wrong and that the $203,050 should be returned to the American shipowners.

The American commission agreed that this restitution be included toward the $20 million from the acquisition of Louisiana. It was earmarked for indemnities that Americans who were wronged by France had a right to claim.

The affair was settled. Mr. Armstrong had no right to intervene except to expedite the bills of exchange in accordance with the treaty.

The French council had ordered the restitution. The American commission was the court authorized to decide if the restitution should be included in the sum the United States had reserved for such indemnities.

Mr. Armstrong’s mission was to settle matters the commission had not been able to examine, or about which it had doubts, not to overrule the commission’s decisions. He was simply supposed to carry them out.

People who wished to use the funds for less legitimate purposes succeeded in establishing a procedure whereby the French minister would consult Mr. Armstrong, confidentially and extrajudicially, before carrying out the resolution concerning the New Jersey.

He should have upheld the decisions and replied that the prize court’s judgment and the American commission’s acceptance were legal and could not be refuted.

Instead, he replied that he had been told, verbally, not in writing, that Messrs. Nicklin and Griffith were British agents, that they could only have financed the New Jersey’s voyage with British funds, and that if they were American, no claim would be warranted, since the ship was insured.

On the first point, he insinuated the opposite of what he knew to be true, for he knows Mr. Griffith, in particular, quite well.

On the second point, he was claiming as a principle that American insurers of American vessels could make no claims in case of unjust seizures because they had earned enough on other cases, and that once a ship was insured, even by fellow citizens of the shipowners, it always had to be ceded to the privateers and could never figure in claims from the American republic. It is impossible to imagine a doctrine that is more absurd and potentially more harmful to the United States.

Mr. Armstrong’s rationale, quickly adopted by the French ministry, prevented carrying out the prize court’s judgment and the American commission’s agreement.

I called on two ministers about this. I gave Mr. Armstrong all the originals of the insurance policies and the transactions between the American lawyers and all parties involved in the New Jersey.

He seemed convinced and promised to become an advocate for those whose destruction he had sealed. Then he reverted to his original error and declared that he would never allow the insurers to be reimbursed for the portion of the deposit made with their money.

Later he agreed to allow the uninsured portion to be paid.

Then he compounded his volatility by opposing any payment at all for the New Jersey, or the return of any American money deposited in Saint-Domingue for the ship, which the French tribunal had ordered to be reimbursed in full.

Finally the French minister, fully recognizing the injustice of this resolution, asked him, as a mark of friendship, not to refuse one-third payment: $67,683. Mr. Armstrong did not wish to accept more than $55,580 in restitution, with no rhyme or reason for that peculiar proportion.

He caused the involved parties and insurers to lose more than $150,000 that French judges had ordered to be reimbursed to them, and more than $12,000 that the French minister planned to give them, separating himself from the judgment of the tribunal.

We proved to him, Mr. de la Grange and I, that in a similar case the English had required payment of capital and interest to the insurers of the American vessel the Hannah. This did not allay his stubbornness.

Mr. Armstrong thus made two very serious errors, with most dangerous consequences. First, as magistrate, he interfered in an affair that was already resolved and overturned the decision of the sovereign authority designated by his country. Second, as minister plenipotentiary representing his country, he refused, on his own authority, without a mandate, and beyond what the foreign ministry asked of him, to obtain restitution for his country’s commercial ships that were most unjustly seized or held, when they were insured by American insurance companies.

Since the American minister did allow his government to be reimbursed for more than 100,000 écus or $55,580, the French government demanded a final invoice, which Mr. de la Grange and I could not refuse to furnish, lest our American clients receive nothing at all.

But do you not find, Mister President, that our clients have the right to appeal to you, and perhaps to your courts, because of the damage caused by a minister of their country who, without a mandate, or rather, against instructions, prevented them from regaining their property and receiving what the judges and ministers of a foreign government awarded them?

Is it not clear that, on the next occasion, France will use Mr. Armstrong’s precedent to argue against returning any American ships insured in America; and that Britain, not wishing to have fewer privileges than you bestow on France, would soon adopt a similar jurisprudence, which has been advanced in your name by a minister invested with your power? Your merchant ships would thus be at the mercy of privateers from all nations, your insurers would no longer be able to insure ships at any cost, your commercial flag could no longer survive at sea, and the huge capital your nation has invested in naval construction would be paralyzed and lost.

I think it absolutely essential that you formally disavow to the French government this strange diplomatic maxim, sprung from Mr. Armstrong’s head, in contravention of the law and the interest of your republic.

Mr. Armstrong is the only American I have seen who is totally impervious to reason, totally ignorant of the affairs of his nation. His temper and despotic character make it useless to expect him to be fair, and mortally unpleasant to negotiate with him. No man in the world is less suited to represent you. If all his compatriots resembled him, one’s zeal to join their political body would be gravely diminished.

But fortunately the American nation is very good; it is very sensible; and it has an excellent leader who will forgive me for expressing all my thoughts on this occasion.

Deign to see in this, Mister President, yet another sign of my inviolable attachment and deep respect.

Du Pont (de Nemours)

Enclosed are the reports I had to publish concerning the affair I have just explained to your excellency. You will find proof and elaboration of the facts I outlined.

I still plan to see you in Washington City next year. My wife sends you her regards.

To make sure this letter reaches you, I am entrusting the reports to a separate packet.

RC (DLC); at head of text: “A Son Excellence Thomas Jefferson President des Etats unis”; endorsed by TJ as a letter of 24 Aug. received 3 Jan. 1806 and so recorded in SJL.

From March to October 1798, Gabriel de Hédouville served as the French agent on Saint-Domingue until Toussaint-Louverture forced him to flee the island (Philippe Girard, Toussaint Louverture: A Revolutionary Life [New York, 2016], 172-5; Tulard, Dictionnaire Napoléon description begins Jean Tulard, Dictionnaire Napoléon, Paris, 1987 description ends , 867-8).

Ministre française: François Barbé de Marbois (C. Edward Skeen, John Armstrong, Jr., 1758-1843: A Biography [Syracuse, N.Y., 1981], 64-6).

Joseph E. G. M. de la Grange had practiced law in France and Saint-Domingue. He was in Philadelphia during the late 1790s (Aurora, 5 Apr. 1798; New-York Commercial Advertiser, 13 June 1805; Vol. 31:396n).

mémoires: Du Pont published five tracts related to the New Jersey claim, all printed in Paris in 1805: Observations sommaires et preuves sur le navire le New-Jersey, et ses propriétaires; Dernières observations sur le navire le New-Jersey; Doutes et préventions relativement à la restitution à faire aux propriétaires américains du navire le New-Jersey; Nouvelles questions proposées par Monsieur le Directeur de la quatrieme division de la liquidation générale, membre du conseil de liquidation, et de la part de ce conseil, aux fondés de pouvoirs et défenseurs des propriétaires du navire le New-Jersey, et de leurs co-interressés; and A leurs excellences les ministres plénipotentiaires français et américain, chargés de prononcer sur les réclamations des citoyens des États-Unis, qui ont droit de prendre part aux avantages stipulés entre les deux nations, par les traités du 8 vendémiaire an IX, et du 10 floréal an XI (Ambrose Saricks, Pierre Samuel Du Pont de Nemours [Lawrence, Kans., 1965], 323-4; Sowerby, description begins E. Millicent Sowerby, comp., Catalogue of the Library of Thomas Jefferson, Washington, D.C., 1952–59, 5 vols. description ends No. 2687).

1Before this word Du Pont canceled “[Une intrigue].”

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