To Thomas Jefferson from Abraham Du Buc de Marentille, 30 July 1807
Elizabethtown N. Jersey
le. 30. Juillet 1807.
Monsieur le Président,
Votre Excellence daignera-t-elle entendre un homme qui peut rendre aux états unis le service le plus signalé? Si je croyois avoir à me recommander près de votre Excellence par toute autre voie que l’importance du sujet, J’aurois l’honneur de vous dire que Je Jouis dans ma patrie de la Considération la plus distinguée, que J’ai mon portefeuille plein de lettres dont le Comte de Damas, Maréchal de camp et Gouverneur Général des antilles françaises, le Comte de Béhagere, lieutenant Général et Cordon rouge, le Baron de Clugny, Gouverneur de la Guadeloupe, le Comte de Gémat, Gouverneur de Ste. lucie, et nombre d’autres hommes marquans m’ont honoré, toutes exprimant les opinions les plus flatteuses à mon égard; que durant les quatorze années enfin que J’ai passées sur le continent de l’amérique J’ai joui dans un haut degré de l’estime de tous les hommes d’un mérite distingué que la sphère, toujours circonscrite, de ma société a pu offrir à ma Connoissance, mais il me suffit, je pense, Monsieur le président, de dire à votre Excellence que J’étois officier au service de france dans la guerre D’amérique et notamment au siège d’yorktown; que parmi les études aux quelles je me suis constamment livré J’ai donné l’attention la plus particulière à la théorie de l art de la guerre; que depuis dix ans J’ai dans la tête les matériaux de l’ouvrage le plus intéressant, le plus curieux et le plus neuf qui ait Jamais été imprimé sur Cette matière, d’un ouvrage qui laissera loin derriere lui, en fait d’idées propres et originales, tout ce qu’ont écrit les vauban, les folard, et tant d’autres, et dont J’ai différé la publication Jusqu’à ce jour par des raisons particulieres; que pénétré de l’importance de ces idées et pressentant qu’elles devoient tot ou tard m’etre à moi même d’une grande utilité, Je n’en ai jamais Communiqué une seule à personne; que c’est enfin de ce recueil de pensées profondément méditées que je puis tirer des moyens nouveaux de fortifier tous les ports des états unis, beaucoup plus économiquement, beaucoup plus efficacement, et beaucoup plus promptement qu’on ne le peut faire par les moyens connus. J’ai l’honneur d’en offrir la connoissance à Votre Excellence, sous la condition que, si elle en adapte quelqu’un, il me sera payé par son ordre la somme de cinquante mille gourdes, laissant à la libéralité et à la dignité de la nation à prononcer, quand ce plan lui sera connu, si cette somme est proportionnée à la nature du service.
la multitude des plans mal digérés qui ont pu être présentés au Gouvernement sur cette question ne sauroit préjudicier, vis-à-vis d’un homme doué de vos Connoissances, de vos lumières et de vos talens, au succés de celui que je propose; C’est au milieu de toutes les erreurs que toutes les vérités du monde ont germé; il n’est pas une grande idée qui, avant que de se faire jour, n’ait pu passer, dans l’esprit de ceux à qui elle étoit simplement annoncée, pour une grande folie. l’histoire abonde en exemples à l’appui de ce que J’avance, qu’il seroit superflu de citer à Votre Excellence.
Je suis avec respect, Monsieur le Président, De Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur
Dubuc de Marentille
PHi: Daniel Parker Papers.