Thomas Jefferson Papers

To Thomas Jefferson from Jean Henry De Croisϟil, 1 May 1805

From Jean Henry De Croisϟil

Norfolk 1er May 1805.

Monsieur le Président.

Permettez à un français passager en cette ville et vivant dans l’obscurité, de s’élever un instant jusqu’à votre Excellence et de lui offrir un juste tribut d’hommages. c’est moins comme au chef d’un état puissant que j’ai l’honneur de les adresser, que comme à l’ami au protecteur des arts et des lettres. ils n’ont cessé d’être cultivés dans ces tems de calamités dont le seul souvenir afflige encore, et en ont allégé le poids. lorsque la religion fondait en larmes et qu’un crêpe funebre voilait le temple de la justice, l’homme pieux priait en secret et le sage étudiait dans le silence. le terme de nos malheurs fut le moment ou l’on put professer hautement les principes antérieurs à tous les tems. bientôt au siecle de la démence succéda le regne de l’ordre, et la société redevint une nouvelle copie de la création.

La persévérance dans le bien constitue seule l’homme vertueux, les ouvrages d’Esprit sont les exercices du talent, une bonne action ne sera donc pas plus la vertu qu’on bon mot ne sera de l’Esprit. mais la Vertu, Mr. le Président, vous le savez, a besoin des talens pour composer le vrai mérite. lorsqu’il se trouve dans la représentant d’une grande nation, c’est alors qu’il en devient la pierre fondamentale, alors il est à lui seul une puissance; ses actions, qui ne diffèrent que par leur plus ou moins d’importance, reçoivent toutes son empreinte. son esprit est une source de lumieres pour ses contemporains, et sa vie un modele pour les générations futures.

Deux grands états se disputent aujourd’hui l’empire et semblent avoir pris pour devise, plutôt périr que de ne pas commander. l’un emprunte des deux mondes ce qui lui manque pour rivaliser avec l’autre, puissant par lui même. celui cy par son immobilité ma majestueuse a lutté jusqu’à présent avec sureté contre toute l’activité de l’autre toujours inquiet, toujours dans les craintes, mais toujours debout et dans la plus respectable attitude. tous deux nous offrent un spectacle allarmant, se font une guerre sans combats, négocient sans paix, commercent sans s’enrichir. loin du sage toute idée de destruction. les grandes associations d’hommes sont les plus beaux chef d’œuvres de la raison humaine, et méritent notre respectueuse admiration.

Cette situation critique est la conséquence des événemens passés qui ont saisi d’étonnement toutes les nations, et ne peuvent être expliqués qu’en remontant à l’arbitre souverain des peuples et des rois. j’ai tenté de les décrire. je me suis armé d’un poinçon de fer, j’ai parcouru les fastes horribles de notre histoire, et en ai tracé les événemens en caracteres de sang. l’effrayante complicité des crimes et de la puissance de la france a pétrifié les ames et glaçé les cœurs. le ciel a suspendu le cours de ses vengeances et a opéré un prodige instantané. près de l’abyme ou j’ai vu ma patrie, un jeune heros chargé de toute sa gloire, l’a fermé, pour ainsi dire, d’un seul coup de son bras, et a consolé la france couverte de deuil. la sagesse prémier don du créateur, le courage, la force l’ont fait le plus grand homme de l’Europe. par lui la tranquilité a été rétablie dans son paÿs, par lui la paix a été donnée aux deux mondes, et son bonheur n’a plus été redoutable qu’à ses ennemis.

C’était avec une plume d’or qu’il fallait peindre ces dernieres merveilles, je le sais; mais que je serais flatté si cette production de mes faibles talents méritait un moment votre attention! peut être avez vous vu, Mr. le président dans la gazette de Norfolk l’annonce de la cinquieme partie des annales de la révolution française. peut être que l’avertissement a déja été honnoré de votre regard. je le devrais à Mr. Girardin dont vous connaissez la belle plume qui a relevé mon ouvrage par sa traduction brillante. je ne me suis point proposé dans cette cinquième partie de louer, encore moins de juger le premier Consul de france Napoleon Buonaparte. je rapporte les faits assez éloquens par eux mêmes. pour le louer d’une maniere digne de lui pour le bien juger, il faudrait être ou grand Ministre ou grand roy.

l’éclatant diadême, le plus beau de l’Europe qui ceint aujourd’hui son front, le juste prix de ses hauts services, de ses talens signalés, le soumet à un joug superbe qu’il porte avec honneur, et précipite dans l’abyme de sa gloire sa nombreuse famille. Votre personne offre un aspect plus doux et plus flatteur. Votre place éminente vous impose des devoirs plus satisfaisans: l’estime et la considération de l’univers couronnent vos nobles fonctions.

Je suis avec un respect profond Monsieur le Président De Votre Excellence Le très humble et très obéissant Serviteur

J. H. De Croisϟil

Editors’ Translation

Norfolk, 1 May 1805

Mister President,

Allow a Frenchman, living in obscurity and passing through this city, to come forward for a moment and offer your excellency the praise you deserve. The homage I have the honor of addressing is directed less to the head of a powerful state than to the friend and patron of arts and letters. During the calamitous times whose memory still afflicts us, the arts and letters continued to be practiced and they lightened our burden. When religion dissolved into tears and a mourning crape veiled the temple of justice, the pious prayed in secret, the wise studied in silence. Our sufferings ended when we could openly proclaim eternal principles. The reign of order will soon replace the century of folly, and society will once again become a fresh image of creation.

The virtuous man is defined by his perseverance in goodness. Works of wit are manifestations of talent. One good action does not constitute virtue any more than one witticism constitutes intelligence. But as you know, Mr. President, virtue needs talent to create genuine merit. When it occurs in the representative of a great nation, it becomes the fundamental bedrock and he himself becomes a force. All his actions, of greater or lesser importance, are imprinted with his virtue. His mind is a source of enlightenment for his contemporaries and his life is a model for future generations.

Today two great states compete to be empires and seem to have adopted as their motto, better to perish than not to command. One borrows what it lacks from both worlds to compete with the other, which is strong on its own. Until now, the latter, in its majestic immobility, has confidently resisted all actions by the other one, which is ever anxious, ever fearful, but always standing in the most respectable stance. The two provide an alarming spectacle: they wage war without combat, negotiate without peace, and trade without profit. The wise man has no desire to destroy. The great communities of humankind are the most beautiful masterpieces of human reason and deserve our respectful admiration.

This dire situation is the consequence of past events that awed all nations and can only be explained by returning to the sovereign judge of peoples and kings. I have attempted to describe them. I armed myself with an iron stamp; I have studied the terrible displays of our past and traced the events in blood. The terrifying complicity between power and crime in France has petrified souls and frozen hearts. Heaven has suspended the course of vengeance and worked a sudden miracle. Near the abyss where I saw my country, a young hero filled with honor closed it, so to speak, with a single wave of his arm and consoled a grieving France. Wisdom, the first gift of the creator, along with courage and strength, made him the greatest man in Europe. Through him, peace was restored to his country. Through him, peace was restored to both worlds. Only his enemies feared his success.

It would take a golden pen to depict these recent marvels, I know. But how flattered I would be if this product of my feeble talent deserved a moment of your attention! Perhaps you saw, Mr. President, the announcement in the Norfolk Gazette of the fifth volume of the annals of the French Revolution. Perhaps you honored the announcement with a glance. I am indebted to Mr. Girardin, whose fine pen you are familiar with and who enhanced my work with his brilliant translation. In this fifth volume, I did not seek to praise, and even less to judge the first consul of France, Napoleon Bonaparte. I relate facts that are sufficiently eloquent on their own to praise him in a manner he deserves. To judge him accurately would take either a great minister or a great king.

The sparkling diadem, the most beautiful of Europe, which now crowns his head, while a worthy tribute to his distinguished service and acknowledged talent, burdens him with an imposing yoke. He wears it with honor, but it precipitates his large family into the abyss of his glory. You provide a more gentle and pleasing mien. Your eminent position imposes more satisfying duties upon you. The respect and esteem of the universe crown your noble functions.

With deep respect, Mister President, I am your excellency’s very humble and obedient servant.

J. H. De Croisϟil

RC (DLC); endorsed by TJ as received 8 May and so recorded in SJL.

Jean Henry De Croisœüil (d. 1806) was married to the daughter of a close friend of Josephine de Beauharnais (later the empress of the French), all of whom were from the French Antilles. De Croisœüil wrote a five-volume history of the French Revolution, at least part of which was composed during a stay in Grenada in 1802, but only the fifth volume and an excerpt from the third volume were published while the remainder has not been found. The published excerpt indicated abiding respect for Louis XVI, and the fifth volume reflected De Croisœüil’s pride in the military and political accomplishments of Napoleon Bonaparte (Biographical information in Archives Nationales, Paris; Caroline d’Arjuzon, Madame Louis Bonaparte [Paris, 1901], 224-5; Jean Henry De Croisœüil, Revolutionary Annals, or History of the French Revolution, from the Convocation of the States-General to the Treaty of Amiens, in 1802. Part V. Buonaparte, during the First Three Years of His Consulate, trans. L. H. Giradin [Norfolk, Va., 1805]).

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