To Thomas Jefferson from Louis Guillaume Otto, 14 February 1787
From Louis Guillaume Otto
A Newyork le 14. Fevr. 1787.
Monsieur
Vous apprendrés probablement par un autre canal que la Virginie vient de mettre des droits extraordinaires sur les liqueurs Spiritueuses à l’exception des eaux de vie de France. M. Madison qui ne fait qu’arriver ici m’assure que la même faveur a été accordée à nos vins, mais je n’ai pas encore vû l’acte qui concerne cet article. Je ne puis ignorer que les raports de Votre Excellence contribuent beaucoup aux dispositions que la Virginie manifeste à notre egard et je ne neglige aucune occasion d’en rendre compte à ma Cour. Il est heureux que les interêts des Etats unis en France ayent été confiés à un Ministre aussi attentif à cultiver la bonne intelligence qui subsiste entre les deux nations.
Vous trouverés, Monsieur, dans les gazettes tous les details relatifs à la revolte de Shayse et de ses partisans. Ses troupes ont été entierement dispersées par le Gal. Lincoln; mais je n’ose encore me flatter que la fermentation est tout à fait calmée. On croit assés generalement que la Legislature du Massachussets sera enfin obligée de faire du papier monnoye et d’avoir egard aux autres griefs, vrais ou imaginaires, des Insurgens.
Un Capitaine Americain, Monsieur, vient de trouver sur une isle dont il cache le nom, des pelleteries très precieuses, qu’il se propose d’envoyer en Chine. Son Batiment est encore mouillé dans la rivière du Nord et doit partir incessament. On dit que ces fourrures ressemblent à celles que l’equipage du Cape. Cook a vendues à Canton à un prix exorbitant. Si cette découverte est aussi importante qu’on le presume elle deviendra pour les Etats unis une nouvelle source de richesses. Comme les armateurs gardent le plus profond silence, on n’en a encore qu’une connoissance très vague. Je suis tenté de croire que l’Isle en question est une des Falklands puisque differens navigateurs et entre autres Wallis et Carteret font mention de fourrures qu’ils y ont trouvées. Vous n’ignorés pas, Monsieur, que la pêche de la Baleine attire beaucoup d’Americains vers ces isles et qu’ils y ont même fait quelques etablissemens passagers.
Plusieurs Caroliniens, Monsieur, desirent de faire passer leurs ris en France; mais pour les rendre convenables à nos marchés, ils ont besoin de Vos bons offices. Vous rendriés un très grand service aux liaisons commerciales des deux nations en faisant passer en Amerique tous les renseignemens que Vous pourrés Vous procurer sur cette matiere. M. Ed. Rutledge et d’autres Caroliniens doivent Vous en avoir ecrit.
L’Etat de Frankland vient de se reunir á la Caroline du Nord et la tranquillité paroit tout-à-fait retablie de ce coté la.
J’ai l’honneur d’ être avec le plus respectueux attachement Monsieur de Votre Excellence le très humble et très obeisst. serviteur,
Otto
RC (DLC); endorsed. Recorded in SJL as received 6 Apr. 1787 at Marseilles.
Je ne neglige aucune occasion d’en rendre compte à ma cour: A few days earlier Otto had sent to Vergennes a remarkable tribute to TJ’s influence in promoting Franco-American relations, particularly as exercised through his private letters to America: “M. Jefferson, Monseigneur, est pour nous en Virginie ce que M. Franklin a toujours été en Pensylvanie c’est à dire le Panegyriste le plus infatigable de la france. Les Delegués de cet Etat me traitent avec la plus grande confiance et ils ont soin de m’informer de toutes les mesures qui peuvent interesser directement ou indirectement les sujets de S.M. ou d’importance nationale. Leur Etat vient denous donner une nouvelle preuve de son attachement en mettant des droits extraordinaires sur toutes les liqueurs etrangers àl’exception des eaux de vie de france importées dans des batimens françois ou Americains. Un autre acte qui n’est pas encore publié etend la même faveur aux vins de France On avoit proposé dans l’Assemblée de mettre des droits trés considerable sur les soiries etrangeres et d’en excepter les etoffes franç oises; la chambre basse avoit deja donné son consentement à cette motion, mais la difficulté d’empêcher la contrebande des Etats Voisins l’a fait rejeter par le Senat. Ces bonnes dispositions sont evidemment dues à la lettre de M. de Calonne à M. Jefferson que j’ai eu soin de faire publier dans toutes les gazettes; un Delegué m’a assuré qu’on n’a eu connoissance de cette lettre que la veille de la redaction des nouvelles loix et que dés ce moment les membres de l’Assemblée etoient unanimement resolus d’accorder à notre commerce toutes les faveurs qui peuvent se concilier avec les interêts particuliers de la Virginie. C’est principalement par sa correspondance particuliere que M. Jefferson s’efforce de conserver en Amerique les sentiments de reconnoissance que plusieurs de ses collegues en Europe ont pris tant de peine à etouffer. Je suis persuadé, Monseigneur, que la satisfaction que vous en temoignerés à ce Ministre produira le meilleur effet et qu’il ne manquera pas d’en rendre compte à ses Constituans. Toutes les mesures prises en france en faveur du commerce Americain operent sur le champ sur l’espri des assemblées legislatives et chaque sacrifice de notre part est immediatement suivi par une compensation” (Otto to Vergennes, 10 Feb. 1787; Arch. Aff. Etr., Corr. Pol., E.U., Vol. xxxii; Tr in DLC; received [by Montmorin] 23 Mch. 1787). This conclusion was doubtless optimistic, but Otto’s appraisal of TJ’s influence and good dispositions was undoubtedly accurate. However the enthusiasm with which Otto reported here and in previous months was probably due in part to the fact that Virginia delegates took pains to convey the nature of TJ’s communications to Otto in the certain knowledge that this would in turn be transmitted back to the French court—which was precisely what Otto was advising in this dispatch to Vergennes, thus closing the circle of an endless promotion of good will. In this sort of private and unofficial diplomacy, James Madison was very adept; the information in Otto’s dispatch of 10 Feb. parallels that in Madison’s to TJ of 15 Feb. 1787 so closely as to indicate that he was the “Delegué” who had assured Otto of Virginia’s good dispositions. See note to Madison to TJ, 19 Mch. 1787.