To Benjamin Franklin from Franz Anton Mesmer, [14 May 1784]
From Franz Anton Mesmer6
Copy:7 Bibliothèque Nationale
[May 14, 1784]
Mr.
Vous êtes à la tête des Commissaires que le Gouvernement a envoyés chez M. D’Eslon pour obtenir la révélation de ma découverte, et en constater l’efficacité.
Quand Mr. d’Elon S’est approché auprès de moi et quand J’ai jugé à propos de lui laisser entrevoir quelques parties du Système de mes connoissances, J’ai exigé de lui Sa parole d’honneur, qu’il ne rendroit jamais public, sans en avoir auparavant obtenu mon aveu, le petit nombre d’idées nouvelles que je pourrois lui confier.
M. d’Eslon a depuis Souscrit un acte par lequel il reconnoît que le Magnétisme animal est ma propriété et qu’en disposer Sans mon consentement, c’est se rendre coupable d’un délit aussi odieux que punissable.8
Cependant au mépris de ses Sermens et de l’acte qu’il a Souscrit, M. d’Eslon a non Seulement osé disposer de ma propriété pour lui même; mais il a trouvé des hommes qui n’ont pas craint de partager avec lui mes dépouilles. Trente Six Médecins, à ce qu’on m’assure, Sont venus chercher auprès de lui un Systême de connoissances sur lequel il doit se taire, et qu’il ne peut leur révéler Sans manquer aux loix de l’honneur.9
Mr. d’Eslon a plus fait, il a osé demander au Gouvernement des Commissaires pour faire constater chez lui, une découverte qui n’est pas à lui, une découverte qu’il a dérobée a celui qui en est l’inventeur, et dont, quoiqu’on en dise, il ne peut faire qu’un usage condamnable.
Le Gouvernement a crû Surement, que M. d’Eslon est l’auteur de la découverte du Magnétisme animal, et qu’il possède le Systême de connoissances qui y est relatif dans toute son étendue.
Les Commissaires que le Gouvernement a choisis pour aller se faire instruire chez M. d’Eslon dans la Science du magnétisme animal, ont Surement crû la meme chose.
Car je ne dois pas présumer, et je ne présume pas que si le Gouvernement et les commissaires qu’il a choisis, avoient pensé que le Magnétisme animal est dans les mains de M. deslon, une chose dérobée, et une chose qu’il ne possède que d’une manière absolument imparfaite; ils eussent pû se résoudre à l’Ecouter, il n’est pas dans les principes du Gouvernement de légitimer un attentat contre la propriété, et il n’est aucun des Commissaires Sur lesquels il a jetté les yeux qui veuille se rendre complice d’une perfidie. De plus le Gouvernement et les Commissaires auroient surement compris qu’en faisant au public le rapport de ce qui leur auroit été Enseigné, ou de ce qu’ils auroient vû chez M. Deslon, ils se mettroient dans le cas de faire ou un faux rapport, ou un rapport incomplet, et ils se seroient abstenus d’une démarche qui nécessairement doit les exposer à quelque Bláme.
Il faut donc, Monsieur, que je vous apprenne, et que par vous, J’apprenne à tous les Commissaires, que le Gouvernement a nommés, ce que c’est que M. d’Eslon, de quel abus de confiance il s’est rendu coupable envers moì, Et combien sont foibles et imparfaites les connoissances qu’il m’a dérobées; Il faut que je vous l’apprenne, car il est de mon intérêt qu’on ne me juge pas d’après ce que M. d’Eslon pourroit dire; parcequ’encore je dois démasquer cet homme menteur, et qu’étant devenu l’objet public de ses calomnies, après avoir été trahi par lui de la manière la plus odieuse, Je ne veux pas qu’il dispose de la destinée d’une doctrine qui est à moi, dont moi Seul, J’ose le dire, Je connois l’importance et l’étendue,1 et dont le développement fait avec imprudence, peut étre aussi dangereux qu’il Sera bienfaisant si l’on veut enfin m’entendre.
En Conséquence, Monsieur, Je vous prie de lire avec la plus grande attention le mémoire que je joins à cette Lettre; vous y apprendrez une partie des délits que J’impute à M. d’Eslon, et vous ne tarderez pas à connôitre combien peuvent devenir embarassantes pour le Gouvernement et pour vous, les relations que dans le dessein Seulement de me nuire, il a trouvé l’art d’établir entre le Gouvernement et vous d’une part, et entre lui et ses correspondans de l’autre.2
Ce mémoire devoit être imprimé dans le courant du mois de Janvier dernier, et devenir la première pièce d’un procès que je me proposois d’intenter à M. d’Eslon, ne pouvant parvenir à lui faire rendre un compte public de sa conduite, et à me justifier des imputations calomnieuses dont il a osé m’accabler. Le procès n’a pas été entrepris parcequ’on m’en a détourné parcequ’on m’a persuadé que le moment viendroit, où la vérité reprendroit son empire, et où tout naturellement M. D’eslon seroit placé dans la classe de ces hommes qui se trouvent toujours à coté de ceux qui ont fait de grandes choses, pour leur dérober, S’il Se peut, la gloire qui leur appartient, et mettre à profit leurs Succès.3
Le Memoire, que je vous envoye a été déposé chez un notaire de Paris, il est également déposé chez un homme public à Londres, et Je viens d’en envoyer une copie à Vienne. J’espère que cette dernière sera remise incessamment aux mains de l’Empereur.4
Ma découverte interesse toutes les nations, et c’est pour toutes les nations que je veux faire et mon histoire et mon apologie. On peut donc ici, comme on l’a fait Ju’squa présent Etouffer ma voix, on ne fera que rendre ailleurs ma reclamation et plus imposante et plus terrible.
Je suis, comme vous, Monsieur, au nombre de ces hommes qu’on ne peut opprimer sans danger, au nombre de ces hommes qui, parcequ’ils ont fait de grandes choses, disposent de la honte, comme les hommes puissans disposent de l’autorité quoiqu’on ose tenter, Mr, Comme vous, J’ai le monde pour Juge; et si l’on peut oublier le bien que j’ai fait, et empecher le bien que je veux faire, J’aurai la postérité pour vengeur.
Je Suis &c.
Copie de la Lettre adressée à M. franklin par M. Mesmer le 14. may 1784.
6. The present letter was apparently written for Mesmer by Nicolas Bergasse (DBF), an avocat au Parlement and a devoted patient. Bergasse served as Mesmer’s secretary and claimed to have written this and many other letters and pamphlets for the doctor, whose French was not fluent. In 1785, angered by what he perceived as Mesmer’s betrayal of him, he published a highly critical pamphlet that purported to set the record straight: Observations de M. Bergasse, sur un Ecrit du Docteur Mesmer … (London [i.e., Paris?], 1785). See, in particular, pp. 4, II, 22, 24–5.
7. One of three enclosures (numbered 3, 4, and 5) that Mesmer sent on Dec. 3 to Joly de Fleury, the procureur-général of the Parlement of Paris, under cover of a letter jointly signed by 14 of his students. The enclosures were the present letter; Mesmer’s May 18 letter to the baron de Breteuil, enclosing a copy of the present letter; and BF’s response to Mesmer of May 23 (below). Mesmer’s appeal of Dec. 3 requested the Parlement’s protection against “une persécution méthodique de la part des savants et des sages”: Robert Darnton, Mesmerism and the End of the Enlightenment in France (Cambridge, Mass., 1968), p. 86n.
Mesmer had actually made the present letter public long before sending a copy to Joly de Fleury. On Aug. 20, having learned that the commission to investigate animal magnetism was about to issue its report, he sent it to the Jour. de Paris under cover of a letter rejecting the legitimacy of the commission. The journal declined to print his submission, for unspecified reasons (“considerations particulières”), but instead issued the two letters as a pamphlet: Lettres de M. Mesmer, à Messieurs les auteurs du Journal de Paris, et à M. Franklin ([Paris, 1784]).
8. This last phrase is taken from the May 12, 1783, contract between Mesmer and Deslon, in which Deslon recognized Mesmer as the author of the discovery of animal magnetism, and considered the attempt to reveal it to others without Mesmer’s consent to be “un delit aussi odieux que punissable”: Jour. de Paris, Dec. 13, 1783, sup.
9. Deslon himself claimed to have instructed 160 physicians, including 21 members of the Faculté de médecine: Deslon, Observations sur les deux rapports de MM. les commissaires … (Philadelphia [i.e., Paris], 1784), p. 26.
1. Mesmer previously claimed in letters to the Jour. de Paris that he had fully revealed his doctrine of animal magnetism to M. Amic, médecin du roi in the naval department, and to the Bailli des Barres, commander of the Order of Malta, who were now authorized to call themselves “possesseurs ”of his discovery: Jour. de Paris, Oct. 31 and Dec. 13 (supplement), 1783.
2. In the copy of the present letter sent by Mesmer to the Jour. de Paris, he here inserted a footnote explaining that the memoir (now missing) was more than 150 pages in length and had not yet been published. “Mais tous les faits qu’il contient, & toutes les pièces sur lesquelles il est appuye, seront connues quand il en sera tems. Si j’ai fait une grande découverte, je veux prouver que je n’étois pas indigne de la faire”: Lettres de M. Mesmer, p. 12.
Bergasse asserted that he had written this memoir on Mesmer’s behalf based on information provided by the latter; it was titled “Mémoire contre le Docteur d’Eslon.” In his 1785 pamphlet Bergasse published an extract which focused on Deslon’s breach of contract, and noted that he had since learned that most of the information Mesmer had provided him was false: Observations de M. Bergasse, pp. 25, 63–6, 92–3.
3. Rumors circulated in June that a claim from Mesmer against Deslon for 150,000 l.t. was about to be argued in court by their lawyers. If Mesmer did file his lawsuit, it never went to trial: Bachaumont, Mémoires secrets, XXVI, 39–40, 276.
4. This paragraph was not included in the version Mesmer sent to the Jour. de Paris.