To Benjamin Franklin from Charles-Guillaume Le Normant d’Etioles, 20 June 1783
From Charles-Guillaume Le Normant d’Etioles3
ALS: American Philosophical Society; copy: Archives du Ministère des affaires étrangères
Neuïlly sur Seine ce 20e. Juin 1783.
Monsieur Le Docteur,
N’ayant pas été assés heureux pour rencontrer votre excèllence,4 Je crois devoir vous rendre compte de mes dernieres démarches auprès de M. le Comte de vergennes. J’ai eû l’honneur de le voir Dimanche dernier, et il m’a parû toujours dans les dispôsitions les plus favorables en faveur de Mrs. d’Eberstein5 dont les malheurs et les miens, non mérités, ont affecté Sensiblement Son ame paternelle. Je n’ay pas vû avec moins de Sensibilité que MM. de Rayneval et hénin Sont affectés des mêmes Sentimens et qu’ils S’empressent de concourir au même bût, c’est à dire, à celuy de ne pas les envoyer en amérique les mains vuides.
Je Suis assés instruit des Circonstances et M. le Cher. de Chatelux ne m’a point caché que dans ce moment cy il y a peû d’espérance de fortune dans la partie du commerce, tous les magazins du Pays etant combles de marchandises arrivées de toutes parts depuis la Signature de la Paix. Il ne reste donc de ressource dans ce moment que celle des Concèssions plus ou moins nombreuses et plus ou moins avantageusement placées que par votre crédit et celui de M. de vergennes vous voudrés bien demander pour eux au Congrés. Mais que leur Servira pour le moment cet avantage 1°. si elles ne Sont compôsées d’un assés grand nombre d’acres pour que nos Jeunes gens qui n’ont aucune ressource du Côté de la fortune puissent en Sacrifier une partie pour faire cultiver l’autre et 2e. si on ne les obtient gratuitement. En vain objecteroit-on qu’ils Sont fils d’un bon Pere. M. de vergennes n’ignore pas que ma fortune quoique brillante en apparence, mais toute viagère, á Souffert depuis quelque tems de tels échecs que je ne puis y porter de nouveaux Coups Sans injustice envers mes autres Enfans. Quoique le Ministre Sache et approuve toutes mes raisons, il est trop discret et trop réservé pour demander que les concèssions qui Seront accordées Soyent gratuites. Mais Je crois pouvoir vous assurer que Mr. de vergennes verroit ce Sacrifice de la part du Congrés comme une marque de Reconnoissance des Services essentiels qu’il luy á rendûs ainsi qu’a votre Patrie. Votre excèllence conviendra que c’est un petit Sacrifice en comparaison de ceux que ce Ministre á obtenûs du Roy en faveur des americains. Je crois cependant qu’il Seroit indiscret de lui en parler parcequ’il est de Sa façon de penser de ne vouloir en aucune circonstance être éxigeant. Mais Je crois que Si vous consultés á Cet Egard M.M. de Rayneval et hénin, ils ne vous dissimuleront pas tout l’interêt que prend M. de vergennes á Cette affaire. Daignés donc Servir de Second Pere á Mrs. d’Eberstein. Ils Sont au moment d’arriver icy pour se rendre en Amérique et Je compte incèssament être en état de vous faire voir en vous les présentant qu’ils ne Sont point indignes de vos bontés.
J’ay l’honneur d’être avec Respect de votre excellence, Monsieur Le Docteur, Le très humble et très obeissant Serviteur
Lenormant Detioles
3. Le Normant d’Etioles (1717–1799), a farmer general and directeur de la ferme des postes, is remembered primarily as the first husband of Jeanne-Antoinette Poisson, the future marquise de Pompadour. They separated in 1745, when she became Louis XV’s mistress: Yves Durand, Les Fermiers généraux au XVIIIe siècle (Paris, 1971), pp. 67–8; H. Thirion, La Vie privée des financiers au XVIIIe siècle (Paris, 1895), p. 162. He remarried 20 years later, though the identity of his second wife is uncertain. It was rumored that she was his mistress Mlle Rem (or Raime), a fille d’opéra: Bachaumont, Mémoires secrets, II, 155. The family genealogy lists him marrying Marie-Anne Martha, dame de Baillon, with whom he had a son and a daughter: Emile Campardon, Madame de Pompadour et la cour de Louis XV au milieu du dix-huitième siècle (Paris, 1867), p. 308. Whether either woman was the mother of the sons he discusses here is unknown.
4. Le Normant d’Etioles had written an earlier letter dated only “ce Dimanche matin” (probably the preceding Sunday, June 15) to express his disappointment at not seeing BF at Passy the previous afternoon. He had come with M. Bougon (XXXI, 317), who was charged by Vergennes to intercede with BF in the writer’s “affaire très intéressante.” He asked BF to set a day and time before next Tuesday when he might call again. APS.
5. Charles-Marie and Charles de Neuilly, both called baron d’Eberstein, were Le Normant d’Etioles’ sons. They had returned from Holland, where they worked for their father’s purchasing agents. In late May and early June, Le Normant d’Etioles had written to Vergennes and the farmers general, seeking positions for them in America. If they could not obtain consulships, he hoped they might be appointed as tobacco agents: Price, France and the Chesapeake, II, 741, 1086n.