To Benjamin Franklin from Nogaret, 24 May 1782
From Nogaret
ALS: University of Pennsylvania Library
Compiegne Le 24 May [1782]
Sage Docteur! homme pour qui c’est peu d’etre en général utile au monde; Je vous dois des remercimens, et je vais vous demander une nouvelle faveur.1 Laissez nous ma femme2 et moi vous marquer notre reconnaissance par une preuve de notre veneration pour vous. Ma femme, depuis Longtems, me persecute pour que j’obtienne de vous la permission de vous laisser peindre en miniature: Elle desire vous avoir en médaillon pendu à son Col. Comme elle n’est pas jeune et que ses respectueux sentimens vous sont connus, quel inconvenient verriés vous à accorder cette grace à celle qui vous voit avec la tendresse d’une fille pour son Pere, et l’admiration?.. Je me tais de peur de vous deplaire en disant quelque chose de plus. J’ai un peintre qui a le merite de saisir parfaitement la ressemblance:3 Je viens de lui faire faire, il y a quinze jours Le portrait de notre nouvel Archevêque M. de Juigné;4 Je lui ai fait peindre Made. La Comtesse d’artois et Les Princes: je suis sûr de son talent, et je voudrais profiter du moment où je puis disposer de lui. On ne vous volera pas plus de deux heures de votre tems; c’est beaucoup; Mais qu’est-ce que cela pour repondre au voeu de deux personnes dont le coeur est penetré de sensibilité? Qu’est-ce que cela pour repondre au desir pressant d’une femme jalouse de faire voir, par cette enseigne, qu’elle vous a gravé dans son esprit et dans son coeur? N’allez pas lui faire un refus dans l’intention de menager sa bourse. Le peintre me doit son etat, il me presse depuis longtems de lui fournir quelque occasion de nous marquer sa reconnaissance: il se trouvera heureux de Saisir cette circonstance d’obliger ma femme; et il n’aura jamais aussi bien travaillé, ni d’aussi bon coeur.
Je suis à cette heure à Compiegne près de mon fils qui etudie au college Royal de cette ville. Je serai à Versailles Le 20 Juin: J’aurai L’honneur de vous aller presenter mes hommages en passant. Vous me dirés quel jour enfin vous voulez bien prendre pour sceller chez moi notre connaissance le verre en main. Vous me dirés si vous permettés que Le peintre se rende chez vous quelque jour, et l’heure de votre commodité.
Accordés à ma femme ce qu’elle desire, et je m’engage à porter la reconnaissance jusqu’à ne vous rien demander Jamais que la continuation d’un attachement, qui nous honnore beaucoup sans doute, Mais qui, j’ose dire, est pourtant du à l’affection et au respect avec lesquels j’ai l’honneur d’être, in nomine amborum, totus tuus fidelis, et beneficiorum memor5
FELIX NOGARET
au College Royal de Compiegne
Vous n’auriez peutêtre jamais pensé qu’un crapaud pût se priser. J’en ai pourtant tué un qui l’était de maniere que je n’ai pu consoler son maitre qu’en faisant son epitaphe. Quoiqu’elle ne vaille rien, je vous l’envoye pour la Singularité: le fait est interessant pour un naturaliste.
Je joins encore ici une Lettre imprimée dans laquelle je me suis permis de parler de vous page 12.6
Endorsed: Felix Nogaret
1. His earlier request is above, [on or after April 28].
2. Elisabeth Guillochin, the daughter of a successful haberdasher of Versailles, married Nogaret in 1769: Paul Fromageot, “Félix Nogaret (1740–1831),” in Revue de l’histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, VI (1904), 3.
3. The painter was Castrique, a miniaturist about whom almost nothing is known. He is said to have employed a “fine stroke technique” and grayish tones: Sellers, Franklin in Portraiture, pp. 166–7; Leo R. Schidlof, La Miniature en Europe aux 16e, 17e, 18e et 19e siècles (4 vols., Graz, 1964), I, 139. BF honored this request; see Nogaret’s letter published at the end of July.
4. Antoine-Eléonor-Léon Le Clerc de Juigné de Neuchelles, peer of the realm, bishop of Châlons-sur-Marne, and proviseur of the Sorbonne (1728–1811), succeeded Christophe de Beaumont, to whose funeral BF was invited: XXXVI, 283. The naming of a successor had been the occasion for much jockeying. Louis XVI reportedly insisted that “il conviendrait que l’archevêque de Paris crût en Dieu” before he named Juigné on Dec. 23, but it was the fact that Juigné was Vergennes’ cousin which determined his selection: DBF under “Juigné”; Dictionnaire de la noblesse, V, 824; John Hardman, Louis XVI (New Haven and London, 1993), pp. 88–9; Gaz. de Leyde, Jan. 4, 1782 (sup.).
5. “In the name of both of us, wholly faithful to you, and mindful of your favors.”
6. We have not located the epitaph of the toad or the letter mentioning BF.