Benjamin Franklin Papers

From Benjamin Franklin to Madame Brillon, 12 October 1781

To Madame Brillon

L: American Philosophical Society

ce 12 Octre. à Passy [1781]

Je reçois hier au soir la precieuse Lettre de ma chere fille, datée à Lyon le 6e. & je renvoyois tout de suite celle qui a été incluse pour Made le Veillard. Vous vous plaignez de nous que vous n’aviez pas de nos Nouvelles. C’est que nos Lettres sont envoyées à Nice, pour vous rencontrer là, ou j’espere que vous serez bientôt, afin d’y vous reposer aprés les Fatigues de vôtre Voyage. Plût à Dieu que cette Voyage vous seroit salutaire, & que vous serez rendue a nous en parfaite Santé.

Autrefois dans ma Jeunesse j’ai aimé fortement à la Distance de mille Lieues. Mais il y a quelques Années que je croyois que cette Distance est tant diminuée que je ne pouvois pas aimer plus loin qu’une Lieue. Je trouve que j’ai été trompé; car quoique vous étés tous les jours plus & plus eloignée de moi, je n’observe pas que mon Amitié devient moins. C’est que vous étés toujours presente à mon Imagination. Cela n’empeche pas mes vives Regrets de ne voir plus la Substance.

Le jeune & jaune homme commence a blanchir, se porte mieux, & presente ses Respects. Il s’ennye ici faute de voir quelquefois vos aimables Enfantes. Il va Dimanche prochaine à Chaumont, pour passer quelques jours avec son Ami M. le Ray, & tacher d’etablir sa Santé par la Chasse.8

Je suis fidelle tous les Mercredis à Made le Veillard selon vos Ordres. Elle est bien bonne, comme sont toute sa Famille. Nous parlons toujours de vous & de les votres. Mais Made Helvetius m’a reclamé pour les Sammedis, disant qu’elle me rendra à vous a votre Retour. Elle a aussi la bonté de me parler souvent de vous; & chez elle l’Abbé Morellet me fait de Musique avec son Violoncello; il fait aussi des jolies chansons, & il les chante doucement jouant la Basse, ce qui m’amuse beaucoup; mais ce n’est pas la Musique de ma douce Amie, ni celui de la Violon incomparable qui nous a si souvent charmé ches elle.9

Vous voyez que je ne fais pas de Progrés en votre Langue. Vous en devez vous blamez en partie, parceque vous avez si souvent refusé de corriger mes Fautes. Il me semble même que je recule. C’est pourquoi j’ai une si grande Repugnance d’ecrire en François que je l’aurois renoncé absolument si vous pouissiez entendre la Langue Americaine.

Embrassez pour moi M. Brillon, le bon Pere Pagin, & mes Enfants.

Dieu garde ma chere chere fille.

No 2.

[Note numbering follows the Franklin Papers source.]

8WTF’s friend was Chaumont’s son, Jacques-Donatien Leray de Chaumont (XXVIII, 239n). For their youthful friendship see Thomas J. Schaeper, France and America in the Revolutionary Era: the Life of Jacques-Donatien Leray de Chaumont, 1725–1803 (Providence, R.I., and Oxford, 1995), pp. 107–10.

In his invitation of Oct. 6, Chaumont fils hoped that WTF would be well enough to arrive in time for his mother’s feast day on Oct. 15, which they planned to celebrate by staging several proverbs. He asked WTF to have Feutry compose or select some verses for the occasion and to learn the lines of Jacques Splin, the title role in L’Anglais, ou le fou raisonnable, a one-act comedy by Joseph Patrat (1732–1801), who notes that the character should be played by “celui qui baragouine le mieux.” Published in 1781, the play was premiered by Volange (XXXII, 55–6n) at the Théâtre des Variétés-Amusantes in July and performed at La Muette before the royal family on Sept. 10, presumably while the duchesse de Polignac was in residence at Chaumont’s house in Passy (see BF’s letter of Oct. 1, above). See also the Jour. de Paris for July 9, Aug. 27, and Sept. 2; Tourneux, Correspondance littéraire, XIII, 7. For Patrat see Larousse; Quérard, France littéraire.

In closing, Chaumont described the pleasures of a foxhunt of the day before, adding that while he now served Diana, goddess of the hunt, he missed one of her nymphs “qui m’a fait ressentir des plaisirs plus vifs.” He signed himself “of Hott Hill de chaumont calvi montii.” APS.

Perhaps anticipating a stay at the Chaumont estate, WTF or BF purchased Essai sur la chasse au fusil (Paris, 1781), by Gervais-François Magné de Marolles. Account XXIII, July 22, 1781. This primer on small game hunting was the first to discuss firearms and the hunt, a practice too democratic to appear in earlier treatises: Philippe Salvadori, La chasse sous l’Ancien Régime (Paris, 1996), pp. 53–5.

9A reference to the violinist Pagin who had accompanied Mme Brillon to Nice. See her letter of Sept. 27, above.

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