Benjamin Franklin Papers

To Benjamin Franklin from Jacques Barbeu-Dubourg, 27 May 1771

From [Jacques Barbeu-Dubourg]

AL (incomplete): American Philosophical Society

A Paris ce 27e may 1771

Monsieur, oserois-je encore ajouter, et cher Ami?

Il y a bientôt huit mois que vous ne m’avez honoré de vos nouvelles, je cherche à me flatter que ce n’est que faute d’occasions; mais je crains de me faire illusion à cet egard, attendu le grand nombre d’Anglois qui viennent successivement en france. Auroisje eu le malheur de vous deplaire en quelque chose? Tandis qu’il n’y a persone au monde de qui j’ambitionne davantage l’estime et l’affection, j’avoue que de mon coté, il y a aussi 5 à 6 mois que je ne vous ai donné le moindre signe de vie et d’attachement, mais vous savez quelle est ma position, mon quartier écarté, et d’ailleurs mes compatriotes voyagent beaucoup moins que les votres. Repartirez vous donc pour l’Amerique sans nous dire le plus petit adieu? Ne conserverez vous au delà des mers aucun souvenir de quelquun qui vous est si attaché, qui regarde comme le vrai paradis terrestre le climat que vous choisissez pour votre sejour, ou vous avez provigné7 toutes les siences et toutes les vertus, et où il se transplanteroit volontiers s’il etoit plus jeune, pour y recevoir de vous des leçons dans tous les genres sur les rives du Skuilkil et de la Delaware.

Les volumes des Ephemerides du citoyen longtems retardés par les entraves ordinaires de la librairie de ce pays cy, ont reparu près à près, et en voila 9 depuis 5 mois, dont je vous adresse à la fois un exemplaire pour M. Rush,8 independamment du votre ce qui fait 18 volumes en tout. On nous fait esperer que les autres se succederont rapidement, et j’ai renouvellé votre souscription à cet effet.

Je comptois pouvoir vous envoyer par la même occasion mon manuel de l’humanité que l’on m’a arreté pendant plusieurs mois, et qui doit enfin etre actuellement imprimé a Bouillon;9 je l’ai etendu jusqu’a 92 articles, et j’ose me flatter que vous le trouverez bien amelioré; j’y entame les plus grandes questions de la politique, et peutetre trouverez vous que je les envisage sous des points de vue que l’on n’avoit pas encore presentés au public, au moins puis-je vous assurer que je n’ai copié persone en cela. J’esperois egalement vous envoyer un exemplaire de mon petit ouvrage sur la pairie;1 mais apres m’avoir longtems et tres indignement baloté à ce sujet, on m’envoya enfin hier une brochure qu’on me marquoit etre cela, et où je n’en ai reconnu qu’environ moitié, encadrée dans une espece de factum sur l’affaire personelle d’un homme en place. J’ai recriminé contre cet abus de confiance, mais je n’ai encore osé pousser de hauts cris de peur qu’apres avoir defiguré l’ouvrage on ne se porte jusqu’a en maltraiter egalement l’auteur, car sur quoi peut on compter sous un gouvernement tel que le notre?

Encore puis-je vous assurer que je redoute le changement dont ce gouvernement mêmes emble aujourd’huy menacé. Il semble à nos Robins2 que le Roi et le peuple ne soient faits que pour eux; qu’avec des mots vagues de loix alleguées en gros et sans aucunes citations expresses, ils doivent decider souverainement de tout, et leur joug seroit bientôt devenu plus insupportable que celui du plus fier despote. Que resultera-t-il donc de tout cecy? C’est ce qu’il ne me paroit pas facile de prejuger.

Le Chancelier pousse vigoureusement les Parlementaires qui se defendent pitoyablement; mais les esprits sont si universellement indisposés que depuis les Princes du sang jusqu’aux poissardes des halles, tout devient frondeur.3 Pendant ce tems là, la depredation des finances est à son comble, et comment le Roi se passera-t-il d’augmenter la charge publique, ou sur quoi mettra-t-il des nouveaux impôts, et que ne risqueroit-il pas dans une si grande fermentation des esprits, sur lesquels on diroit qu’un vent Britannique auroit soufflé d’un bout à l’autre du royaume? Louis 14 fit en 1667 une celebre ordonnance qui defendoit a ses parlements de faire aucune remontrance sur ses loix qu’apres les avoir enregistrées,4 et cette ordonnance fut par eux enregistrée purement simplement et sans aucune reclamation. Louis [15] par l’edit de decembre dernier permet les remontrances avec l’enregistrement, pourvu qu’il ne s’ensuive pas une resistance sans fin; les robins crient que c’est renverser toutes les loix et tout le monde le repete sur leur parole. Voila d’ou nous en sommes.5

Les Anglois sont-ils plus sages? J’en doute; mais j’espere pour l’honneur du genre humain que vous empecherez par votre profonde sagesse et votre heureuse influence que la contagion [remainder missing].

[Note numbering follows the Franklin Papers source.]

7An old synonym for multiplié.

8The Ephémérides, published between 1767 and 1772, was edited first by Nicholas Badeau and the Marquis de Mirabeau and later by Pierre Samuel du Pont de Nemours. See above, XV, 114 n, and “Letters of Barbeu-Dubourg to Franklin,” Mass. Hist. Soc. Proc., LVI (1922–23), 133. Dr. Benjamin Rush had made Barbeu-Dubourg’s acquaintance during his visit to France in 1769: George W. Corner, ed., The Autobiography of Benjamin Rush... (Princeton, 1948), p. 67.

9A reference to his Petit code de la raison humaine. See above, XVII, 185–6, 291. No copy has been found of an edition printed in Bouillon, in the Austrian Netherlands. In his later letters to BF (below, May 31, Oct. 9, 1772) Barbeu-Dubourg refers to his failure to get permission for a French printing.

1See above, XVII, 292. At some point Barbeu-Dubourg copied his work on the peerage for BF ; the MS, undated, is among BF’s papers in the APS.

2The lawyers; their institutional focus was in the parlements, particularly that of Paris.

3The Fronde had begun in 1648, when the arrest of leaders of the Parlement of Paris had precipitated an insurrection in the city; hence a frondeur was a rebel against royal authority and, by implication, a supporter of the parlement.

4For the text of this ordinance see Athanase J. L. Jourdan et al., eds., Recueil général des anciennes lois françaises... (29 vols., Paris, [1821]–33), XVIII, 103–80.

5Barbeu-Dubourg was writing in the aftermath of a coup d’état. René Nicolas Charles Augustin de Maupeou (1714–92), ever since he had become chancellor in 1768, had been struggling to assert the King’s supremacy over the Parlement of Paris. On Nov. 27, 1770, a royal edict precipitated the crisis by declaring the King to be sole law-giver and forbidding the parlement to communicate with those in the provinces, to delay the registration of edicts, and to cease functioning. On Dec. 7 the King, in a lit de justice, overrode the parlement’s refusal to register the edict, which thus became law. Ibid., XXII, 501–9. The parlement defied him by going on strike. On the night of Jan. 19–20, 1771, Maupeou had its members arrested, and all of them were soon exiled. The other parlements and the cour des aides were also suppressed, and a new judicial system created. It aroused such widespread resistance, particularly among the lawyers, that it never functioned effectively; and the whole experiment collapsed when the King died in 1774.

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