To Benjamin Franklin from Thomas-François Dalibard, February 1762
From Thomas-François Dalibard7
ALS: American Philosophical Society
A Paris ce février 1762.
Monsieur,
Je ne puis vous exprimer tout le plaisir que m’a causé La lettre que vous m’avez fait L’honneur de m’ecrire de Londres le 9. Décembre 1761. et qui m’a eté remise le 7. Janvier 1762. par M. Le Docteur Shippen.8 La guerre avoit interrompu depuis plusieurs années notre ancien commerce de lettres et j’en avois eté extrêmement mortifié. J’en ai eté d’autant plus sensible à la joye de recevoir de vos nouvelles. J’ai tardé Longtems à vous répondre pour plusieurs raisons. Je voulois m’informer s’il y avoit quelque découverte nouvelle dans l’Electricité, pour vous les communiquer; L’on m’a assuré qu’il n’y en avoit point qui pusse vous intêresser. Vous serez peut être surpris que je ne le sçusse pas par moi même mais je vous avouerai que depuis la dernière Edition de vos ouvrages9 j’ai presqu’ entièrement renoncé aux Expériences Electriques. Voicy Les raisons qui m’ont fait prendre cette résolution. 1° Les differentes commotions Electriques m’ont si fortement attaqué le genre nerveux qu’il m’est resté un tremblement convulsif dans les bras de façon que j’ai bien de la peine à porter un verre à ma bouche; et si actuellement je touchois une seule étincelle Electrique je serois 24. heures sans pouvoir signer mon nom. Une chose que je remarqueencore c’est qu’il m’est presqu’impossible de cachetter une Lettre parceque L’Electricité de la Cire d’Espagne1 se communiquant à mon bras redouble mon tremblement. 2° J’ai beaucoup d’autres occupations qui ne me permettent plus de suivre vos Expériences. 3° J’ai rencontré beaucoup d’opposition à vos principes et le travail qu’il m’auroit fallu faire pour les détruire quoique je l’eusse entrepris avec grande satisfaction m’en a dégouté. 4° Je n’ai plus les mêmes commodités que j’avois autrefois. Ainsi, Monsieur, je ne suis plus qu’admirateur des travaux des autres Physiciens; mais il y a icy d’autres Electriciens fort attachés à vos principes. Je vous nommerai principalement M. Le Roy2 de l’académie Royale des sciences qui depuis plusieurs années soutient fortement votre systême d’Electricité contre son Confrere M. L’abbé Nollet et ses sectateurs. J’ai appris depuis peu qu’un de ces derniers nommé M. Dutour3 avoit fait imprimer un recüeil d’Expériences par lequel il prétend deffendre le systême de M. L’abbé Nollet. Quoique son Livre ne soit point encore venu à ma connoissance je n’ai pas bon augure de son excellence. Voila tout ce que j’ai pu apprendre de nouveau sur L’Electricité.
Vous aurez sans doute vû à Londres Les lettres que M. L’abbé Nollet fit imprimer en 1753 en opposition aux votres.4 Ainsi je ne vous parlerai point de ce mauvais Livre.
J’ai eté charmé de recevoir icy M. Le Docteur Shippen; quand il n’auroit pas le mérite personnel que je lui reconnois je lui aurois toujours fait le bon accüeil que je dois à un ami que vous m’avez adressé. Je lui ai donné La connoissance d’un de mes amis Docteur en médecine chez qui il a eté très bien reçu et qui est à portée de lui procurer tout ce qu’il peut desirer concernant sa profession. Je le menai il y a huit jours au jardin du Roy pour le presenter à M. de Buffon ancien ami de M. Collinson, mais il etoit absent parce qu’il etoit allé présenter au Roy le 8e et le 9e tome in 4° de son histoire naturelle.5 C’est aussi Lui M. de Buffon qui a fait retarder ma réponse parcequ’il m’avoit prié d’y joindre une lettre pour M. Collinson à qui il vouloit demander quelques graines d’arbre dont il a besoin tant pour le jardin Royal des plantes que pour lui. Je suis allé le voir depuis trois jours et je l’ai trouvé incommodé; il me dit qu’il n’avoit pu écrire à cause de son incommodité; mais il me chargea de Lui envoyer le mémoire des choses qu’il avoit à Lui demander. Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien faire remettre à M. Collinson Le paquet cy joint. Je vous prie encore de vouloir bien écrire à notre ami M. Jean Bartram de Phyladelphie pour l’engager à recüeillir l’Eté prochain des graines ou semences de tous les arbres et arbustes que l’on trouve dan[s la] Pensylvanie et aux environs pour les envoye[r l’an] prochain à M. de Buffon [intenda]nt d[u jardin] des plantes à Paris. Il [torn6] Les espèces et quelles puissent [torn] état d’être semeés et de prod [torn].
J’ai fait imprimer dans nos [torn] observations de [torn] arrivé à Phila[delphie torn] West et je vo[torn] prouver l’esti[torn] de tout ce qu[torn] voulu étend[torn] n’en ai pa[torn].7
Vous m’avez mandé, Monsieur, que vous comptiez retourner en Amérique au printems prochain. Pourez vous vous déterminer à quitter l’Europe sans avoir fait un petit voyage en france pendant que vous en êtes si près? Pour moi je vous assure que je regarderois comme une des plus grande satisfaction de ma vie d’avoir L’honneur de vous recevoir à Paris et je ne suis pas le seul qui desireroit de vous y voire.8 Votre réputation vous y a précédé, votre nom y est peut être plus connu qu’à Londres et les Physiciens françois auroient le plus grand désir de rendre hommage à votre mérite. Tachez donc, je vous prie, de prendre sur vos affaires le tems de faire un voyage icy. Je me chargerai très volontiers de vous en aplanir les principales difficultés. J’imagine que la guerre est Le plus grand obstacle; mais j’espere venir à bout de le lever. Vous n’avez qu’à me faire savoir que vous avez envie de venir en france, j’obtiendrai du Ministère françois un passeport pour vous et pour ceux qui vous accompagneront. Ayez, s’il vous plait, La bonté de me répondre sur ce sujet.
J’ai l’honneur d’être avec Les sentimens de [torn] attachement Les plus parfaits, [Monsieur,] Votre très humble et très [obéi] ssant serviteur
Dalibard
7. The French scientist who translated BF’s Exper. and Obser. and first carried out his proposed experiment to prove the identity of lightning and electricity; see above, IV, 302 n.
8. For BF’s letter transmitting that part of Ebenezer Kinnersley’s letter of March 12, 1761, which told of the stroke of lightning on William West’s house in Philadelphia, see above, IX, 396 n. On young Dr. William Shippen, who carried BF’s letter to France, see above, IX, 219 n. He was traveling in the capacity of physician attending Miss Louisa Poyntz, a victim of tuberculosis and sister of Lady Spencer. Betsy C. Corner, William Shippen, Jr. (Phila., 1951), p. 125 n; Whitfield J. Bell, Jr., “Philadelphia Medical Students in Europe, 1750–1800,” PMHB, LXVII (1943), 23.
9. The second edition of Dalibard’s translation of Exper. and Obser. appeared in 1756.
1. Sealing wax.
2. Jean-Baptiste LeRoy (1720–1800) had been elected to the French Academy of Sciences in 1751. He carried out important studies on positive and negative electricity, thereby promoting BF’s theories in opposition to those of Nollet. He was also interested in problems of ventilation and the hygiene of prisons and hospitals. He and BF began an extended correspondence later in this decade and during BF’s French years they became warm friends.
3. Etienne-François du Tour (or Dutour) de Salvert (1711–1789), physicist. Joseph Priestley’s History and Present State of Electricity (London, 1767), pp. 454, [738], mentions du Tour’s Recherches sur les différens mouvements de la matière électrique (Paris, 1760), calling its hypothesis difficult to understand but adding that “the author appears very much attached to it, and has no doubt of its accounting for all electrical appearances.”
4. For Jean-Antoine Nollet’s Lettres sur l’électricité (1753) attacking BF’s theories, see above, IV, 423–8. In 1760 he published a new edition with a second volume continuing the controversy; see above, IX, 252 n.
5. On Georges-Louis Le Clerc, Comte du Buffon (1707–1788), naturalist, superintendent of the Jardin du Roi, 1739, and electrical experimenter, see above, III, 111 n. The eighth and ninth volumes of his Histoire naturelle générale et particulière were published in 1760 and 1761 respectively. Dalibard had sent BF copies of the first four volumes in 1755; above, VI, 98. Buffon and Peter Collinson, with mutual interests in botany, had corresponded for many years and in 1756 Collinson approved John Bartram’s suggestion that the American should address his letters to the Englishman in Buffon’s care in case they should be captured at sea by the French. Darlington, Memorials, pp. 199–200, 203.
6. A ragged tear has caused the loss of nearly a quarter of the third and fourth pages of the letter sheet. On the third page, the loss is so extensive beyond this point, eleven lines from the bottom, that even conjectural restoration of the missing words is impossible.
7. This paragraph obviously referred to Dalibard’s translation of the extract from Kinnersley’s letter to BF, March 12, 1761, about the stroke of lightning which hit William West’s house, and to the printing of the translation in Dubourg’s Gazette de médecine; see above, IX, 391.
8. BF returned to America in the summer of 1762 without visiting France as Dalibard hoped. He did go there in 1767, however, and Dalibard and his wife entertained him. The remainder of this paragraph suggests the high esteem in which BF was already held in some French circles and foreshadows the enthusiasm which greeted his arrival as American commissioner late in 1776.