George Washington Papers
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To George Washington from Armand-Louis de Gontaut Biron, duc de Lauzun, 18 May 1781

A Paris le 18. May 1781.

Monsieur

Je suis très flatté que le Marquis de La Rouerie m’ait procuré la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire et me donne l’occasion de vous dire moi-même ce que j’ai répété bien des fois, dans des assemblées très nombreuses sur l’idée que j’avois de vos rares talens, sur votre patience, sur votre fermeté raisonnée et sur ce courage d’esprit qui ne se rencontre pas toujours avec la valeur du corps qui vous a confirmé l’estime de tous ceux qui ont servi sous vos ordres. Je n’entrerai pas dans un plus grand détail. Je ne ferois que répéter ce que toute l’Europe a dit de vos talens et de votre mérite.

Les éloges que vous faites du marquis de La Rouerie me font le plus grand plaisir et je vois que je ne me suis pas trompé sur son compte. Il est homme de condition, a une fortune honnête, est fort désinteresse et fort estimé de son Chef et de ses camarades dans le Régiment des Gardes. Il a été fort regretté, quand il en est sorti. Ils sont tous très flattés de ce qu’il a mérité vos bontés et votre estime. Il auroit aprésent le rang de Lieutenant Colonel et pendant la guerre avec ses talens et sa volonté, il n’en seroit pas resté là. Il part d’ici pour aller vous rejoindre avec une joye incroyable. Il a fait les plus grands efforts pour rassembler chez ses parens et ses amis tout ce qu’il a pu pour mettre la légion que vous lui avez confiée; en état de servir. Il avoit la plus grande impatience d’aller rejoindre son général. Il a pour ce général beaucoup de respect et toute la confiance possible. Je pren[ds] donc, Monsieur, la liberté de vous le recommander et de vous remercier de la protection que vous lui accordez. J’ai beaucoup raisonné avec lui sur les affaires de l’Ameriq[ue] Il m’a rendu un compte très fidel et par son récit j’ai encore plus admiré son général et j’ai vu que je ne m’étois pas trompé dans le jugement que j’en avois porté.

Je n’ai point laissé ignorer au Roy ce que vous m’avez fait l’honneur de me mander au sujet du Marquis de La Rouerie et sur le compte que je lui en ai rendu, le Roy vient de lui accorder une grande distinction en le décorant de la Croix de St Louis qu’il n’auroit pu encore obtenir étant dans le Regiment des Gardes; mais le bien que vous m’avez mandé de lui a décidé le Roy à lui accorder cette grace et à lui continuer son rang dans le Service, comme s’il avoit fait la guerre en france. Il a avec lui un officier de sa légion qui s’est très bien conduit ici et qui paroit un fort bon sujet. Ils sont venus souvent chez moi.

Je n’ignore pas que vous avez eu à surmonter nombre de difficultés, combien d’obstacles se sont rencontrés pour la formation de votre armée, ce que vous avez eu à combattre. c’est dans ces occasions ou les grands hommes se font connoitre, de ne rien faire de douteux, de ne rien hazarder sans être sûr de réussir, d’en imposer à ses ennemis nombreux par une contenance qui a dérangé leurs projets; Enfin, Monsieur, voila ce que j’ai aperçu et je prends la liberté de vous parler comme un militaire à qui vous avez inspiré tous ces Sentimens. Voila toutes les qualités qu’o[n] doit desirer à un Général; mais il n’est pas toujours maitre des circonstances et dans bien des occasions je sai que vous l’avez éprouvé. Je sai que tous les françois qui sont avec vous pensent comme moi. Je serois charmé si la guerre finie pouvoit vous amener en france. Vous eriez bien reçu par toute la nation et le Maréchal de Biron ne seroit p[as] des derniers à vous prévenir et à vous assurer lui-même de toute l’estime et la consideration avec lesquelles il a l’honneur d’être Monsieur Votre très humble et très obéissant serviteur

Le [maréchal de Biron]

DLC: Papers of George Washington.

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