La Société établie à Paris, à l’instar de celle d’Angleterre et d’Amérique, pour opérer l’abolition de la Traite et de l’Esclavage des Négres;

à la Société établie a New-Yorck, pour l’Affranchissement des Esclaves: La conformité qui existe, entre les vues de notre Société, es les votres, nous engage à vous informer que M. Jean Pierre Brissot de Warville, qui a été, jusqu’ à présent, notre Secrétaire, et qui, par ses sentimens d’humanité, ses lumiéres et un zéle infatiguable, a principalement contribué à l’établissement et aux progrès de notre Société, a entrepris un voyage dans l’Amérique Septentrionale; que dans le course de ce voyage, il se propose se recueillir toutes les lumiéres possibles, sur le sort des Négres, dans cette partie du monde; sur les mesures prises soit pour les affranchir, soit pour mettre fin à leur importation, sur les résultats actuels de ces mesures, tous par rapport à la culture des terres, qu’au caractére moral des Négres, et en général sur tout ce qui concerne cette malheureuse, mais intéressante portion de l’espèce humaine, et pour servir à déterminer en sa faveur les Gouvernemens et les Individus: et comme le succès des recherches de M. Brissot de Warville dépend principalement des secours qu’il a lieu d’attendre de toutes les personnes qui s’occupent du même objet nous vous prions instament de l’aider de tout votre pouvoir, et de lui rendre, soit personnellement en considération de ses vertus, & des principes de bienveillance universelle et de liberté qui regnent dans ses ouvrages, soit en vue du But qu’il se propose, tous les services qu’il sera dans le cas de vous demander, et nous vous offrons de notre côté, de rendre les mêmes services à toutes les personnes qui nous serout recommandées de votre part.

Nous chargeons de plus, et autorisons le d. Sieur Brissot de Warville deprendre, en notre nom, de concert avec vous, toutes les mesures nécessaires, pour établir entre notre Societé et la Votre, une relation de fraternité, et de Correspondance mutuelle: à quoi nous espérons que vous ne refuserez pas de concourrir et nous vous prions d’ajouter pleine et entière foi, à tout ce que la dit Sieur de Warville vous exposera, à ce sujet de notre part.

En foi de quoi nous avons fait apposer à cette Lettre, le sceau de notre Société, et la signature de notre Président.

Fait, à Paris, le 29. Avril. 1788.

[Translation]

The Society established at Paris, like those of England and America, to promote the abolition of the Treatment1 and Slavery of Negroes

To the Society Established at New York for the Liberation of Slaves—

The Conformity which exists between the Views of our Society & of yours, induces us to inform you that Mr John Pierre Brissot de Warville, who has been, until now, our Secretary; and who by his Sentiments of Humanity, his Talents and his zeal unremitted Zeal, has principally contributed to the Institution & Progress of our Society, has undertaken a Voyage to North America;—That in the Course of this Voyage he proposes to acquire all the Information possible, respecting the Condition of the negroes in that part of the world, the Measures taken either to manumit them, or prevent their Importation, the Result of those Measures, in Relation both to the Cultivation of the Land, and the moral character of the negroes, and in general, whatever may concern that unfortunate but interesting Class of Men, and may conduce to incline Govts. and Individuals in their Favor. And as the Success of Mr. Brissot de Warvilles Inquiries, will depend chiefly on the assistance which he has Reason to expect from all those whose attention is engaged by the same object, we earnestly request You to aid him as far as may be in your power, and to render him, either ^as well^ personally on account of his Virtues, and of the Principles of universal Benevolence and Liberty which reign in his works, as on account of the object he has in view, all the Services which Circumstances may lead him to ask—and we offer on our part to render the like Services to all such Persons as may be recommended to us by You.

Further we instruct and authorize the said Mr Brissot de Warville to take, in our Name, in Concert with you, all necessary Measures to establish between our Society and yours, a fraternal Relation and mutual Correspondence, in which we hope you will not refuse to concur, and we pray you to give full and entire Credit to whatever the Said Mr. de Warville shall communicate to you on this Subject on our Part2

In Witness whereof we have caused the Seal of our Society to be affixed to this Letter, and and also the Signature of our President

Done at Paris 29 Ap. 1788