Benjamin Franklin Papers

To Benjamin Franklin from Antoine La Sablière de La Condamine, 8 March 1784

From Antoine La Sablière de La Condamine2

ALS: American Philosophical Society

au château de calet à st. roman de beauvoir, par
st. marcellin, en dauphiné Le 8. mars 1784

Monsieur

J’avois envoyé la petite rapsodie cy-jointe3 à l’auteur du journal général de france pour l’insérer dans une de ses feuilles pèriodiques, ce qu’il n’a pas jugé à propos de faire, je ne sçais pour qu’elle raison,4 ce refus me détermine à prendre la Liberté de vous l’addresser: ce n’est pas, monsieur, que j’attache la moindre prétention, ni la moindre importance à cette production éphèmere, et encore moins que je la regarde comm’un présent qui soit digne de vous être offert; non, monsieur, je suis bien éloigné de le penser.— Quel est donc, me direz vous votre objet?— Vous m’avez peut-être dèja deviné, monsieur, et vous avez pressenti sans doute que cet envoi, ridicule en apparence, n’étoit qu’un prétexte dont je me servois pour avoir l’occasion de pouvoir vous exprimer directement, et non sous le voile de l’anonyme les sentimens de respect, d’admiration et de vénération dont je suis pènètré, monsieur, pour vôtre personne, vos talens et vos vertus.

J’entends beaucoup parler, monsieur, dans ma retraite (c’est-a dire aux journaux et aux gazettes) et parler diversement de comus, de mesmer &c, le premier paroît avoir l’approbation de la faculté de médecine et opère sans mystère sous ses yeux, ou, ce qui revient au même, sous ceux de ses députés, tandis que le second, quoique médecin, paroit avoir la faculté et tous les médecins de la capitale contre lui.—5 Je ne suis ni absolument incrédule, ni enthousiaste, … mais, je doute et je dis comme montaigne—que sçais-je?

Vous m’obligeriez infiniment, monsieur, si vous vouliez m’éclairer, et prendre la peine de me dire vôtre avis sur ces objets importans—si j’étois assûré que ces agens si puissans, quoiqu’invisibles, (du moins quant au magnétisme animal) fussent aussi merveilleux et aussi efficaces que le disent leurs auteurs et leurs prôneurs, et qu’ils pûssent me fournir un moyen de plus de guérir ou de soulager dans leurs meaux les pauvres habitants de la campagne au service desquels je me suis dévoué depuis au moins quinze ans; je vous avouë, monsieur, que je serois tenté de faire encore une fois le voyage de paris, (que je n’ai pas revû depuis plus de 36 ans) pour être témoin oculaire de ces merveilles, et tâcher, s’il étoit possible, de me faire initier dans ces sombres mystères, ou du moins, De dérober, nouveau prométhée, une ètincelle de ce feu sacré, mais plus encore, monsieur, pour jouir du bonheur de vous voir et de vous présenter en personne l’hommage des sentimens respectueux avec lesquels je suis Monsieur Vôtre très humble et très obéissant serviteur

LA SABLIERE DE LA CONDAMINE

[Note numbering follows the Franklin Papers source.]

2A physician (1724–1817) who practiced in his hometown of St.-Romans. He became mayor in 1790, and subsequently served in the Legislative Assembly: Louis-Marie-Antoine Miquel-Dalton, Les Médecins dans l’histoire de la Révolution (Paris, 1902), p. 22.

3The three-page enclosure, dated Feb. 10, 1784, and addressed to “mr de XXX,” is a critique of balloons written by “un philosophe campagnard,” an invalid who finds sudden inspiration while staring into his fireplace. It begins with a 15-line “Epigramme sur les balons aérostatiques”: balloons may be magnificent, but God assigned each animal its domain, and man’s is the earth; cultivating it will do more for human affairs than “prendre la lune avec les dents” (pursuing the impossible). Next come two pages of “Réflexion”: he praises BF and lauds his bon mot about balloons and newborn babies (XL, 545–7), but deplores the fortune spent on balloons that could have alleviated poverty and hunger. He calls for abandoning the infant monster before it wreaks unforeseeable ills and spawns a race that will deplete the country’s resources. In a postscript, La Condamine adds that these reflections do not diminish the admiration he and all Europe feel for the inventors and the discovery itself.

4The editor of the Jour. général de France was Louis-Abel Bonafous, who had written to BF two weeks earlier: XLI, 277. On April 5 the poem was published on the front page of the Jour. de Paris under the title “Vers sur les ballons.” It was credited to “Me De La C****.”

5BF had visited the clinics of both men. “Comus” (Nicolas-Philippe Ledru) had recently been installed in a clinic sponsored by the government: XLI, 120n. Franz Anton Mesmer’s practice, which BF visited in 1779, remained decidedly private. He had developed the theory that an invisible magnetic fluid present throughout nature exercised a strong influence upon the body, particularly the nervous system. All diseases resulted from an obstruction or imbalance of this fluid, which Mesmer claimed to remedy by manipulating the patient’s fluids with his hands or an iron wand. Despite being denounced in 1781 by the medical and scientific establishments, Mesmer continued to attract large numbers of patients: XXXI, 5–6, 8, 186–7; XXXV, 634n.

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