Thomas Jefferson Papers
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To Thomas Jefferson from Edmond Charles Genet, 25 November 1793

From Edmond Charles Genet

NewYork le 25 9bre 1793 l’an 2e de la République

Mr.

Je vous demande pardon si mes dépêches Se précipitent avec tant de rapidité entre vos mains: Mais les événemens Se prononcent tellement tous les jours que je puis à peine les Suivre et vous les dénoncer.

Mes dépêches précédentes vous ont présenté des plaintes sur les menées des émigrés nouveaux qui inondent votre continent; j’ai essayé de démasquer à vos yeux leurs profondes et doubles intrigues; je vous ai dénoncé leurs insultes aux agens français et les dangers personels que ces agens courent tous les jours entourés de ces furieux.

Aujourdhui j’ai à vous avertir de faits bien caractérisés et si je n’obtiens pas une justice, j’aurai du moins fait mon devoir, et mon cœur et ma patrie n’auront rien à me reprocher.

On m’annonce de Baltimore que deux cents Colons S’embarquent de la Chesapeak pour jérémie*; Les presses contre révolutionnaires françaises de Philadelphie avertissent que deux batimens vont prendre des passagers pour le Môle**; ainsi, Monsieur ce ne sont plus les bons offices d’un allié que la France est dans le cas de réclamer du Gouvernement fédéral; c’est de ne pas aider à nous détruire que j’ai à vous conjurer; c’est à vous prier de ne pas conspirer à la perte d’une Colonie que vous devriez défendre, que se bornent mes tristes devoirs.

Avec quelqu’acharnement1 que l’on se soit obstiné à me peindre dans des libelles, que je méprise, comme l’ennemi du Peuple Americain et de Son Gouvernement et comme aspirant à vous entraîner dans la guerre, vous savez, Monsieur2 avec quelle moderation je vous ai rappelé les obligations qui vous étaient imposées. En cela même, j’ai la conscience intime de n’avoir été influencé ni par nos succès ni par nos revers; Mais3 je n’ai que cédé à des actes provisoires qui cachant une contradiction manifeste sous une modestie apparente avouent l’impuissance de nous défendre, et usurpent4 cependant Le droit de nous laisser attaquer.

J’ai entre les mains les preuves d’une Conspiration qui a éclaté en Septembre dernier par la reddition du Mole; et les pièces originales ci Jointes5 prouvent qu’elle était concertée depuis les premiers jours de 1793. et Signée des lors de noms qui ne Se sont démasqués6 qu’en Septembre dernier. Les Conspirateurs adroitement cachés, se reclamaient de la République à l’instant où ils traitaient avec le Ministère anglais, afin que par cette double intrigue ils puissent renverser les vrais amis du peuple français et mener à sa fin Leur trame honteuse. Ces fils partiels qui se découvrent aujourd hui n’étaient que des projections accessoires de la Conspiration d’un grand traître célebre l’année dernière,7 aujourd hui affaissé Sous les remords et les mepris du monde. Le Peuple Français, Monsieur, a déjoué toutes ces intrigues, et s’il fallait des preuves ultérieures de sa sagesse, de sa ferme volonté d’être libre, et de la stabilité de son Gouvernement, vous les trouveriez dans cette lutte glorieuse qu’offre la campagne actuelle où au milieu de grands revers d’eclatantes victoires et de conspirations atroces le Colosse du Peuple Francais S’élève8 majestueusement et9 fait trembler tous ses énnemis.

Voilà l’ami Sous l’aile duquel l’Amérique bravera les Despotes10 qui partagent leur haine entre elle et nous. C’est cet ami11 qui au milieu des mesures générales de rigueur que lui arrachent les circonstances, ne cesse pas un moment de Se souvenir de vous pour vous en excepter; les demandes que je vous fais en son nom, Monsieur, se bornent à ce que vous veuillez ne pas Souffrir qu’on forge sur votre territoire des poignards pour l’assassiner.12

Je vous prie en Conséquence, Monsieur, de représenter à Monsieur le Président des Etats Unis.

1° que la Sureté individuelle de nos Consuls est menacée à Charleston et à Baltimore, et qu’on met peu d’activité à les protéger.

2° que deux cens Emigrans Coloniaux S’embarquent à Baltimore et Sont peut être partis pour se joindre aux traîtres de jérémie; que deux autres bâtimens armés sans doute par nos ennemis S’annoncent à Philadelphie dans les Gazettes Contrerévolutionnaires pour porter des passagers du meme genre au Môle St. Nicolas.13 Que je sais en outre de Science certaine que des batimens americains portent depuis long tems des provisions et des munitions de guerre dans ces deux places rébelles et enfin que des Emissaires d’hommes que quelques uns de vos ministres accueillent se sont rendus dans cette ile depuis longtems la proye de mille artificieux conspirateurs,14 pour y négocier des insurrections,15 et la ruine des interets commerciaux de ma patrie; et que c’est sur votre territoire que tout cela se fait, que c’est chez vous enfin que se trouve le centre des intrigans desolateurs de nos possessions d’outremer.

Je vous prie, Monsieur, d’obtenir une réponse définitive du chef Suprême du Gouvernement Féderal sur ces deux16 chefs,17 afin que par la première occasion, j’instruise le Gouvernement Français de mes démarches à cet égard et de leur effet.

Je prendrai d’ailleurs la liberté de vous proposer une mesure que je ne puis adopter qu’avec votre autorisation, et qui obvierait et aux Subterfuges des traitres et aux moyens coërcitifs qui peuvent vous manquer. Ce serait de donner l’ordre aux Vaisseaux armés de la République d’arrêter tout batiment américain destiné pour l’isle St. domingue qui n’aurait pas un Passeport signé de moi, ainsi je préviendrais l’introduction d’ennemis qui peuvent échapper à votre18 vigilance, et nous épargnerions à vos citoyens des Séductions et des dangers. Je vous prie de me faire connaitre l’intention de Monsieur le Président sur cette dernière proposition.

* Sur un Vaisseau appartenant à M.M. Zachari et Coopman.

** L’un est le navire la delaware, cape. james Art, armateur james Shoemaker. L’autre est la goelete Betsy hannah cape. Clanachan, M.M. Reed et Soder armateurs.

Dft (DLC: Genet Papers); in a clerk’s hand, unsigned, with revisions by Genet; above salutation: “Le Ministre Plénipotentiaire de la République française à Monsieur jefferson Secretaire d Etat des Etats Unis”; only the most significant emendations are recorded below. Tr (DNA: RG 46, Senate Records, 3d Cong., 1st sess.); in English; misdated 29 Nov. 1793. Recorded in SJL as received 26 Nov. 1793. Printed with translation, with variations and errors, in Message description begins A Message of the President of the United States to Congress Relative to France and Great-Britain. Delivered December 5, 1793. With the Papers therein Referred to. To Which Are Added the French Originals. Published by Order of the House of Representatives, Philadelphia, 1793 description ends , 30–1 (App.), 99–100; translation printed in ASP description begins American State Papers: Documents, Legislative and Executive, of the Congress of the United States, Washington, D.C., Gales & Seaton, 1832–61, 38 vols. description ends , Foreign Relations, i, 187. Enclosures not found.

In response to this letter Secretary of War Henry Knox requested the governors of Pennsylvania and Maryland to investigate Genet’s charge that counterrevolutionary French refugees from Saint-Domingue in Philadelphia and Baltimore were preparing military expeditions against jérémie and môle Saint Nicolas. For the results of these inquiries, see TJ to Genet, 6 Dec. 1793, and note.

For the British capture of Môle Saint Nicolas and its strategic French naval station on 22 Sep. 1793, with the cooperation of local French naval officers and the support of French settlers concerned about the radicalization of the slave revolt on Saint-Domingue, see Geggus, Slavery description begins David P. Geggus, Slavery, War, and Revolution: The British Occupation of Saint Domingue, 1793–1798, Oxford, 1982 description ends , 64–78. Genet published one of the preuves d’une conspiration in the form of a letter, written to him from Baltimore on 14 Oct. 1793 by Citizen Genton, the former mayor of Môle Saint Nicolas, describing what he considered to be the town’s treasonable surrender to the British (New-York Journal, & Patriotic Register, 23 Nov. 1793).

1Remainder of this clause and the next clause italicized in Message description begins A Message of the President of the United States to Congress Relative to France and Great-Britain. Delivered December 5, 1793. With the Papers therein Referred to. To Which Are Added the French Originals. Published by Order of the House of Representatives, Philadelphia, 1793 description ends .

2Remainder of sentence interlined by clerk in place of “à quoi jusqu’ici Se sont bornées mes demandes quoique mes instructions me prescrivissent de leur donner plus de latitude.”

3Word omitted in Message.

4Preceding eight words altered by Genet from “Se réclament d’un pouvoir Supérieur à elles pour nous défendre, prennent.”

5Preceding two words written in the margin by Genet.

6Message description begins A Message of the President of the United States to Congress Relative to France and Great-Britain. Delivered December 5, 1793. With the Papers therein Referred to. To Which Are Added the French Originals. Published by Order of the House of Representatives, Philadelphia, 1793 description ends : “ne sont démarqués.”

7Altered by Genet from “autrefois célebre.”

8Message description begins A Message of the President of the United States to Congress Relative to France and Great-Britain. Delivered December 5, 1793. With the Papers therein Referred to. To Which Are Added the French Originals. Published by Order of the House of Representatives, Philadelphia, 1793 description ends : “relève.”

9Remainder of sentence interlined by Genet in place of “terrasse l’Europe qui l’afflige, et écrase les insectes qui s’attachent à Ses entrailles pour les dévorer.”

10Remainder of sentence interlined by Genet in place of “frémissans, et recueillera les débris de leurs systemes trop horriblement atroces et dénaturés pour pouvoir subsister long tems.”

11Genet here canceled “généreux.”

12The following passage is here canceled:

“Je ne sais jusqu’où peuvent se porter mes demandes sur d’autres objets que je ne puis passer sous Silence quelque Soit le fruit de mes demarches. Des Gazettes françaises Contre révolutionnaires noircissent mon pays Sous vos yeux et calomnient impunément son représentant. Mille vagabonds avec un morceau de masque sur la figure s’y disputent l’honneur de me déchirer. Je vous laisse à determiner S’il me Serait permis d’aller jouer dans vos tribunaux la farce ridicule de les attaquer tous à la fois. Je vous prie de me dire quel est le Secours que je puis attendre du Gouvernement Fédéral contre ces nouveaux ennemies du Peuple Français. La liberté de la presse est un droit Sacré pour lequel nous avons combattu trois ans, je ne me deshonorerai point jusqu’à demander que l’on y porte atteinte; je me borne à vous dire qu’en France où nos Citoyens peuvent censurer toutes les actions du Gouvernement, les Ministres étrangers sont respectés.

“Je ne vous rappelerai point ce qui a été accordé dans d’autres tems à mes predécesseurs sur le même objet; Dans ce tems ils parlaient au nom d’un homme qui pouvait prétendre à des faveurs, je m’exprime au nom d’un Peuple auquel on dispute même la Stricte justice.

“Je me résume.”

13Remainder of paragraph inserted at the foot of page and in the margin by the clerk in place of: “3° qu’il est tems que les presses françaises de Philadelphie n’insultent plus au Gouvernement Fédéral qui a reconnu la République française et Son Reprèsentant, au Peuple français qu’elles outragent, et à son Réprésentant qu’elles Calomnient Sans qu’il puisse S’en venger par les voies ordinaires.”

14Message description begins A Message of the President of the United States to Congress Relative to France and Great-Britain. Delivered December 5, 1793. With the Papers therein Referred to. To Which Are Added the French Originals. Published by Order of the House of Representatives, Philadelphia, 1793 description ends : “mille artifices aux conspirateurs.”

15Message description begins A Message of the President of the United States to Congress Relative to France and Great-Britain. Delivered December 5, 1793. With the Papers therein Referred to. To Which Are Added the French Originals. Published by Order of the House of Representatives, Philadelphia, 1793 description ends : “instructions.”

16Word interlined by Genet in place of “trois.”

17Message description begins A Message of the President of the United States to Congress Relative to France and Great-Britain. Delivered December 5, 1793. With the Papers therein Referred to. To Which Are Added the French Originals. Published by Order of the House of Representatives, Philadelphia, 1793 description ends : “deux objets.”

18Message description begins A Message of the President of the United States to Congress Relative to France and Great-Britain. Delivered December 5, 1793. With the Papers therein Referred to. To Which Are Added the French Originals. Published by Order of the House of Representatives, Philadelphia, 1793 description ends : “notre.”

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