Benjamin Franklin Papers
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To Benjamin Franklin from Anne-Louise Boivin d’Hardancourt Brillon de Jouy, 1 November 1779

From Anne-Louise Boivin d’Hardancourt Brillon de Jouy

AL: American Philosophical Society

ce 1er novembre [1779] a la thuillerie4

Me voila donc réduitte a vous écrire mon bon papa et a vous dire que je vous aime; il étoit plus doux sans doutte de vous le laissér lire dans mes yeux; comment vaisje passér les mercredis et les samedis—point de thé, point d’échécs, point de musique, point d’éspérance de voir, d’embrassér mon bon papa—il me semble que la privation que j’éprouve de votre eloignement suffiroit pour me faire changér d’oppinion au cas que je fusse porté au matérialisme; le bonheur est si incértain si rempli de travérses, que la pérsuasion intime d’éstre plus heureux dans une autre vie, peut seule nous faire passér sur les inconvénients de célle cy: en paradis nous nous retrouvérons pour ne nous plus quittér jamais! Nous n’y vivrons que de pommes roties; la musique sera composée d’airs écossois; toutes les parties seront remises aux échécs pour que pérsonne n’y ait de chagrin; on parlera la mesme langue; les anglois n’y seront n’y injustes, n’y méchants; les fémmes n’y seront point coquéttes, les hommes n’y seront n’y jaloux, n’y trop gallants; on laissera le roy jean mangér ses pommes en paix; il sera peut éstre assés honnéste pour en offrir a ses voisins, que sçait on, puisqu’on ne manquera de rien en paradis!5 On n’y aura jamais n’y goutte, n’y meaux de nérfs; mr Mesmer Se contera [contentera] de jouér de l’harmonica, sans nous ennuyér du fluide Eléctrique; l’ambition, l’envie,6 la prétention, la jalousie, la prévention, tout cela s’anéantira au son de la trompétte; une amitié sollide, douce, paisible animera chaques sociétés; on s’aimera chaques jours, pour s’aimér d’avantage le jour d’aprés, enfin l’on sera compléttement heureux: en attendant il faut tirér de ce bas monde tout le bien qu’on en peut tirér. Je suis éloignée de vous mon bon papa; je pense au moment de notre réunion, et je me plais a croire que vos regréts et vos désirs égallent les miens:

Ma mére et mes enfants7 vous présentent mil tendres hommages, nous voudrions tous vous posséder ici; oseroisje vous priér de nous rappeller au souvenir du petit fils:

[Note numbering follows the Franklin Papers source.]

4Her mother’s estate in the valley of Montmorency: XXVII, 632n. Marie Martin d’Hardancourt filled a pleasant role as BF’s potential wife in one of his paradise fantasies: XXVIII, 215. The year of this letter is established by BF’s answer on Nov. 10, his famous “Whistle” story.

5Possibly a facetious allusion to Le Veillard, “le voisin,” whose country house was located in apple-growing Normandy. In a letter written on July 27, 1785, to Caleb Whitefoord, WTF explains: “The story of the Apples of King John is this: He had two Apples, of which he eat One and kept t’other for Himself.” W.A.S. Hewins, ed., The Whitefoord Papers (Oxford, 1898), p. 198.

6Deleted: “n’y paraitront pas”.

7Cunégonde and Aldegonde.

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