Benjamin Franklin Papers
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To Benjamin Franklin from Madame Brillon, 8 May 1779

From Madame Brillon

AL: American Philosophical Society

ce samedi 8 may [1779]2 a passy

Mon áme est plus calme mon chér papa, depuis qu’elle s’est déchargée dans la vôtre; depuis qu’elle ne craint plus que mile j + + ne se retire chéz vous, et n’y fasse votre tourment et celui de votre chér fils: plus je refléchie a sa démarche à ce sujét et a la proposition que vous a fait mr de C++, moins je conçois qu’un homme de son age, qui est peu venu chéz moi; ait imaginé de vous offrir de méttre votre confiance, votre amitié, dans une pérsonne dont il ne peut connoistre n’y les talents, n’y le caractére; je le plaindrois sincérement si dans ses affaires pérsonnélles, il ne méttoit plus de refléctions et de soins:3

Dans la malheureuse histoire que je vous ai conté l’autre jour; dans les léttres que je vous ai montrés; vous avéz vû l’áme de votre fille a découvert; une éxtrésme sensibillité, de la franchise, une trop grande facillité, nulle méfiance pour se garantir du mal, parcequ’elle ne le soupçonne pas, n’étant pas capable d’en faire; un besoin d’aimér et de l’estre, qui l’a fait se livrér trop promptement a ceux qui affichoient la bonté et la vértu; voila mon ami la cause de toutes mes peines. Aimeraisje moins? Non sans doutte, non; mais j’aimerai moins viste; la raison, la réfléction viendront a l’aide d’un coeur trop tendre et trop foible: plus je m’éxamine et plus je vois, que l’envie d’estre utille a quelqu’un que je croyois malheureux et peu riche; m’a conduit dans un piége affreux: mile j + + préconisant sans césse la vértu, qu’elle n’a jamais pratiqué; la dellicatésse qu’elle ne sent pas; la franchise, qu’elle ne connoist point; a sçuë aprés s’estre brouillée dans sa famille; s’estre fait chassér de deux maisons; m’abusér au point de tournér toutes ses avantures téllement a son avantage, que je la plaignois, l’aimois, et n’ai jamais voulu écouttér les avis multipliés que j’ai reçus de me méfiér de son caractére; que lorsque j’ai pensés payér de ma vie, l’ingratitude, la fausseté avéc lesquelles elle m’a abusé: mon mari sera encore lomgtems peut estre subjugué par elle; mais j’ose éspérér, que mon attention a lui plaire, la tendrésse de ses enfants, le mépris que tous nos anciens et bons amis ont conçus pour cette fille, et qu’ils ne dissimuleront pas; lui ouvriront un jour les yeux; en attendant, je me livre entiérement a l’addrésse qu’élle vá méttre a taschér de me donnér tous les ridiculs possibles; il étoit important a mon repos; que mon pére, mon bien bon ami fut instruit; quand au public qui m’a toujours jugés avéc indulgence; je continuerai de lui laissér voir en moi, une conduitte simple, honneste, sans prétention, un grand attachement pour mon mari, mes enfants, mes amis, et surtout pour la vértu; je ne dirai point de mal de mile j + +; malheureusement pour elle son caractére lui en fait assés:

Adieu vous, que je réspécte, que j’aime, mon bon mon aimable papa; gardés mon secrét dans votre áme, gardés y aussi mon coeur que j’y dépose pour le guérir de ses bléssures et de sa foiblésse:

Je vous attends ce soir pour le thé, jamais jamais je n’eus plus de besoin d’éstre quelques heures avéc vous:

[Note numbering follows the Franklin Papers source.]

2Dated by two other letters from her in this month, May 3, above, and May 11, below.

3All we know about Mlle. Jupin is that by August she was living in St. Germain-en-Laye at the house of a M. de Rochefort (Jupin to BF, Aug. 22 [1779]). APS.

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