Benjamin Franklin Papers
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To Benjamin Franklin from Charles de Butré, with Franklin’s Note for a Reply, 8 March 1785

From Charles de Butré3, with Franklin’s Note for a Reply

ALS: Historical Society of Pennsylvania

Tours ce 8. mars 1785.

Monsieur

Je viens de lire avec un attendrissement inexprimable les lettres d’un cultivateur américain,4 elles me confirment dans ce que j’avois toujours pensé Sur la fausse description faite de ce paÿs par l’abbé Raynal historien peu véridique Sur les principaux points de Son histoire politique.5 C’est une Suite variée des tableaux les plus touchans et les plus intéressans, entremêlés de Scénes d’horreur et d’abobination qui portent dans l’ame l’éxécration pour ces brigands féroces qui ont commis de tels excès d’atrocité et de fureur. Comment est il possible que des hommes ayent pû se livrer a de pareilles barbaries contre des familles paisibles et innocentes retirées aux extrémités du monde dans des forêts, qui ne présentoient que des modéles de toutes les vertus Sociales et devoient inspirer un St. respect pour les ours et les loups mêmes qui les entouroient. La nation qui a commis de tels forfaits ainsi que ceux du bengale doit terriblement craindre la justice divine qui paroit commencer a leurs faire éprouver ses justes decrets.

Parmi tous les gouvernemens que présente cet intéressant nouveau monde, je n’en vois point de plus conforme a l’ordre physique essentiel, et aux droits naturels qu’il donne a tous les hommes que celui du fameux guillaume penn. Cette déclaration Solemnelle et cet hommage qu’il rend au tolérantisme auroît du être l’esprit universel de tous les hommes et particuliérement de ceux qui chassés par la persecution et la plus grossiére ignorance, Se Sont réfugiés Sur cet heureux climat ou ils ont trouvé un asile, la paix, et la tranquilité: on est étonné qu’ils ayent oublié en arrivant les causes de leur émigration, et qu’ils Soient devenus persécuteurs et intolérans—heureux quakers repandez votre esprit de fraternité Sur toutes ces contrées! Ce Sont les liens qui doivent vous unir tous, et l’ordre physique réproductif etre la Seule loi que doivent promulguer et faire connoître vos institutions, et la Seule base d’instruction générale qui doit être établie, afin d’en graver la connoissance dans tous les coeurs, par ce moyen de les réunir tous par le même intérêt commun et réciproque et de former par là la plus grande puissance Sur la terre.

Il est bien Singulier de voir des hommes vouloir former des loix et se casser la tête pour en rédiger des Codes comme S’il étoit possible de changer celles faites par le créateur pour le plus grand avantage possible des hommes et Si elles n’étoient pas écrites en caractéres ostensibles et calculables Sur la terre.

Il y a 30 ans que je parcoure des champs dans toute l’europe pour calculer ces loix essentielles qui réglent par poids et mesure les droits primitifs des Sociétés les plus compliquées; il est si facile a tous les gouvernemens d’en faire jouir tous les membres Sociaux et de leurs procurer par là leur plus grand bien être possible, et faire le leur en même tems: mais je n’en vois aucun (excepté le chinois) ou on n’ait pas méconnu cette base essentielle, et ou on n’ait voulu faire des loix pour détruire celles du ciel, et par conséquent attaquer tous les Sentimens naturels donnés a tous les hommes. Aussi toutes nos histoires ne Sont qu’un tissu de forfaits et de brigandages, et un monstrueux cahos de tous les désordres humains, qui Sont plûtôt l’excès des lions et des vautours que les expressions justes et Stes. de la Sagesse et de la philosophie.

Ainsi que la nation américaine qui commence a jetter les fondemens d’un vaste empire en voie les fondemens dans ses vastes domaines, ou elle peut lire Ses loix tracées par Ses charrues; comme yao, chum, et yu, les y avoient prises a la chine il y a plus de 40 Siécles ou elles Subsistent encore, et dureront autant que les Siécles puisqu’elles Sont conformes aux décrets éternels qui Sont inaltérables.6

Je vous ai dit que je parcourois des champs pour étudier les droits des hommes; j’ai consigné un extrait de mes travaux dans une brochure intitulée Loix naturelles de [’agriculture et de l’ordre Social.7 J’en ai laissé quelques éxemplaires chez Mr. L’abbé de Baulieu rue de favart lettre K prés la comédie italienne ou vous pourrez en avoir Si vous le Souhaittez. Je Suis un chevalier francois qui a consacré Sa vie a deffendre les droits des peuples envahis par tous les gouvernemens; je Suis actuellement cette partie en allemagne, ou je compte retourner après pâques. Le livre Sur les américains m’a tellement touché que je n’ai pû résister au desir de vous témoigner tout mon intérêt pour votre nation vous qui en êtes le digne représentant. Je compte être la Semaine Ste. a paris. Si vous Le permettez J’aurai l’honneur de vous voir et d’en conférer avec vous, je recevrai votre réponse la dessus chez le marquis de nesle8 ou je Loge, vis a vis le pont royal.

Je Suis charmé que d’aussi intéressants motifs me procurent l’occasion de vous assurer de la haute consideration, et de toute la vénération profonde avec laquelle J’ai Lhonneur dêtre Monsieur Votre très humble et tres obéissant Serviteur

De Butré

Endorsed: That I am always at home, and shall be glad to see him whenever it may please him to do me the honour of calling on me.—9

[Note numbering follows the Franklin Papers source.]

3Charles de Butré (Butret), an author and horticulturist, was associated with the physiocrats and corresponded with Mirabeau, Turgot, Raynal, and Du Pont de Nemours. Butré found a patron in Karl Friedrich, margrave of Baden, and resided in Karlsruhe beginning in 1775: DBF.

4The popular work by Crèvecœur: XXXVII, 628–9n.

5Histoire philosophique et politique des établissemens, et du commerce des Européens dans les deux Indes … (4 vols., Amsterdam, 1770) by the abbé Raynal: XX, 447n.

6The consecutive reigns of emperors Yao, Shun, and Yü lasted from 2357 to 2198 B.C.E. They are credited with establishing some of the foundations of Chinese civilization: Charles O. Hucker, China’s Imperial Past: an Introduction to Chinese History and Culture (Stanford, 1975), pp. 22–3.

7Neuchâtel, 1781. BF’s copy of another of Butré’s works, Pain économique et examen de la mouture et de la boulangerie (Karlsruhe, 1777), is at the Hist. Soc. of Pa.

8Louis-Joseph, comte de Mailly-Rubempré and marquis de Nesle: Dictionnaire de la noblesse, XII, 870.

9Butré appears to have paid a visit, for on Jan. 17, 1786, Peter P. Burdett (XX, 370–1) wrote to BF from Karlsruhe to thank him for a copy of Constitutions des treize Etats-Unis de l’Amérique and a Libertas Americana medal, which he had received from Butré in late 1785 (APS).

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