Ce n’est point en ma qualité de ministre d’un Roi l’ami et l’allié des Etats unis de l’Amerique quoique ce soit de la connoissance et avec l’aveu de Sa Majesté que j’ai l’honneur d’ecrire a ve Exce. C’est comme homme sensible et comme un pere tendre qui connoit toute la force de l’amour paternel que je prends la liberté d’adresser a Ve Exce mes instantes sollicitations en faveur d’un mere et d’une famille eplorée. Sa Situation me parvit d’autant plus digne d’egards de notre part que c’est chez une nation en guerre avec la sienne qu’elle vient reclamer les secours d’humanité qu’elle auroit dû recevoir de la justice impartiale de ses generaux.

J’ai l’honneur d’envoyer a Ve Exce la copie de la lettre que Made dAsgile vient de m’ecrire, je ne la connois point et j’ignorois que son fils fut la malheureuse victime destinée par le sort a expier le forfait odieux qu’un deni formal de justice vous oblige a venger. Ve Exce ne lira pas cette lettre sans en etre attendrie; c’est l’effet qu’elle a produit sur le Roi et sur la Reine auxquels j’ai dû la communiquer. La bonté du coeur de leurs majestés les porte a desirer que les inquietudes d’une mere infortunée puissent etre calmées et sa tendresse rassurée. Je sens, Monsieur, qu’il est des cas ou l’humanité elle-même exige la rigueur la plus extreme, peut-etre celui on vous vous trouvez est-il de ce nombre, mais si la reprisaille est juste elle n’en est pas moins affreuse pour ceux qui en sont les victimes, et le caractère de bonté de Ve Exce est assez généralement connu pour que je sois persuadé quélle ne demande pas mieux que de pouvoir faire grace. Il est une consideration, Monsieur, qui sans etre decisive peut cependant avoir une influence sur vos resolutions. M D’Asgile est sans contredit votre prisonnier, mais il est du nombre de ceux que les armes du Roi ont contribué a mettre dans vos mains a Yorck Town. Quoique cette circonstance ne tienne pas lieu de sauve garde, elle justifie cependant l’interet que je me permets de recommander. S’il est dans votre pouvoir, Monsieur, de le Considerer et d’y avoir egard, vous ferez chose agréable a leurs Majestés. Le danger du jeune d’Asgile, les larmes et le desespoir de sa mere les touchent sensiblement, et elles verroient avec plaisir l’espoir de la consolation luire pour ces infortunés.

Au reste, Monsieur, en cherchant a derober M d’Asgile au glaive qui le menace, je suis bien eloigné de vouloir vous engager a chercher une autre victime, la grace pour etre entierement satisfaisante devroit etre entiere; Je n’imagine pas qu’elle put tirer a de grandes consequences. Si le general Anglois n’a pû punir le crime horrible dont vous vous etes plaint qvec toute sorte de raison, il y a lieu de croire qu’il saura prendre les mesures les plus efficaces pour qu’il ne serepoduise pas de nouveau.

Je souhaite bien vivement, Monsieur, que mon intercession puisse trouver accès, le sentiment qui me la dicte et que vous n’avez cessé de manisfester dans toutes les occasions m’assure que vous ne serez pas indifferent aux prieres et aux larmes d’une famille qui reclame votre clemences par mon organe, c’est rendre hommage a votre vertu de l’implorer. J’ai l’honneur d’etre avec la plus parfaite Consideration Monsieur de Ve Exce Très humble et très obeissant Serviteur