Thomas Jefferson Papers
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To Thomas Jefferson from J. Phillipe Reibelt, 10 January 1806

Baltimore le 10 Janv. 1806.

Monsieur le President!

Je suis encore ici, parceque je ne sais point, ou mettre le premier pas.

Au moment, ou, d’apres les promesses, qu’on m’avoit faites de tous cotès, je devois me croire en possession des Moÿens necessaires pour me porter avec une famille de 5 personnes, que j’avois engageè, sur ma petite ferme en Virginie—on m’ecrit, par les Courriers de hier et d’avanthier—l’un de 2500 G. qu’un evenement imprevu le mettoit hors d’etat, de me rendre avant 10 a 12 Mois, l’autre de 1200 G.—qu’il ne pourroit m’en rembourser, que 500 en 6 a 8 Mois, le troisieme de 300 G. qu’il ne pourroit qu’en 6 Mois, le quatrieme de 400 G.—qu’en 3 Mois, et le Cinquieme, qui celui, qui vouloit acheter de Moi 500 Acres de terre à 2½ G. n’en vouloit plus.

Il ne me reste, qu’une resource encore, savoir celle, qu’un Negociant d’ici m’offre—une petite foret dans le County de Berckley—bonne et bien situeè, ou une petite ferme mauvaise et mal situeè dans le même County, ou un grand Morceau de Terrein en bois sur la rive droite de la rivière Tenesseè près des frontieres du Kentukey—le tout payable, quand je pourrois, et quand je voudrois. Mais encore faut il faire valoir l’un et l’autre, et ce, que je tiens dans mes mains n’y suffit pas.

Donc—je suis—par les monoeuvres Europeennes, que Vous connaissez, et par des Circonstances malheureuses en çe pays—pour le Moment absolument paralysè et forcè de continuer la Consommation de mon faible Capital.

Dans çette situation—cruelle parcque je suis pere de famille, et parceque je n’ai appris d’autre Metier, que celui, d’administrer une ferme, ou de servir a l’etat—j’ose—avec la Confiance, que je dois comme republicain avoir en Vous— Vous representer ma demande pour une de Vos agences auprès d’une Nation Indienne—et, si çela ne peut se faire, d’ajouter çelle, d’un tout autre emploi, dont Vous me jugerez digne et Capable, ce dernier pour le tems seulement ou j’en aurois tant besoin, qu’apressant.

Le Motif d’aujourdhui est en Veritè different, de çelui, il y a 8 a 10 jours. C’est actuellement par Necessitè, ce qui etoit alors par Gout, apres avoir lû dans un Journal, ce que Vous avez fait en ce Genre pour ces enfans de la Nature. Mais cette necessitè—prenant sa source dans une Qualitè, qui auroit sauveè les principes en Europe, si la plus grande partie des Meneurs en France en avoit etè revetue—c’est a dire, dans la ferme resolution, de me sousmettre a toute souffrance pour pouvoir jouir du regne des principes liberaux—elle ne peut pas deplaire a Vous, qui—auteur du grand document des principes liberaux en çe pays—a—a son tems—sacrifiè toute son existence pour les realiser, comme encore pour les soutenir.

Je suppose, que Vous avez l’occasion, de me prendre de çette maniere en protection contre mon sort—que Vous en ayez la bonne disposition, je n’en douterois jamais.

Dela—une reponse negative—ne pourroit pas ebranler un instant mon Admiration et mon attachement pour Vous—puisque çes sentimens se datent originairement de l’epoque, ou j’etois aux Universites de l’ancien Monde, et n’ont par Consequent pas pris leur source dans aucune Vüe d’interet, dont je suis au reste incapable—aussi peu, qu’elle n’ebranlera certainement pas ma resolution, de ne plus retourner a l’aristocratie en Europe, même si je serois poussè de çe Cotè çi aux dernieres privations.

Vous etez—je dois le savoir comme tout le Monde—infiniment occuppè en çe Moment çi—cependant une Ame aussi Grande et eleveè, que la Votre s’est montreè par tout—trouvera—je pense—facilement un instant pour reflechir sur le Mode de soulagement d’accorder a un Confrère des principes— malheureux comme tel, et Voila pourquoi j’ose Vous interrompre dans Vos grands travaux pour le bonheur de l’humaintè.

Vous ayant vû dans les rapports de Pére, Ami &c a Monticello—je ne puis absolument pas avoir une autre ideè de Vous, que celle, que Vous etez comme Citoyen, ce que Vous etez comme Gouvernant.—Philosophe practique dans toute la force du terme.

Veuillez agreer ma profonde Veneration.

Reibelt.

DLC: Papers of Thomas Jefferson.

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