Thomas Jefferson Papers
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Pierre Samuel Du Pont de Nemours to Thomas Jefferson, 17 May 1812

From Pierre Samuel Du Pont de Nemours

17 mai 1812

Mon très respectable Ami,

Je continue de lire votre livre avec un extrême plaisir; et bien plus lentement néanmoins que je ne le voudrais, parce que la nécessité de pourvoir chaque jour aux secours qui devront être donnés à au moins cent milles hommes femmes et enfans, absorbe mon tems et mes forces.

Si j’avais un commentaire à faire sur cet excellent Ouvrage, il ressemblerait beaucoup à celui que Voltaire disait applicable à Racine, en mettant admirable au bas de chaque Page.—Tenez le vous pour dit sur chaque pensée, sur chaque expression dont je ne vous parle pas.

Quand il se trouve un mot pour lequel je crois avoir autre chose à dire, j’en suis tout surpris, et c’est alors que je vous écris à son sujet.

Voici un de ces mots.—Vous dites, Page 207, que Smith est le premier qui ait remarqué que nos facultés sont notre seule propriété originelle.

Je vous prie, cher et sage Ami, de jetter un nouveau coup d’oeil sur les premières lignes de la Table raisonnée des Principes de l’Economie politique que je vous ai donnée. Vous trouverez qu’elle commence ainsi:

Les sensations de l’Homme, Ses Facultés, Sa volonté, lui appartiennent exclusivement par le decret de la Providence qui le fait être lui.

Posseder quelque chose exclusivement et justement, c’est avoir une Propriété.

Tout homme est donc de droit naturel

Propriètaire de sa personne.

cette Propriété personnelle

soumet à des Besoins, donne des droits, impose des devoirs.

 

du Travail,

compris dans l’exercice des droits et l’accomplissement des devoirs,

de la Propriété personnelle, résulte

l’acquisition exclusive et juste des choses propres à satisfaire les besoins

ou la Propriété mobiliaire.

de l’usage de la Propriété personnelle (qui comprend bien évidemment les Facultés, déjà très explicitement énoncées au premier article) et de l’emploi de la Propriété mobiliaire (acquise par celui de ces facultés) découlent les premiers Etats naturels de l’Homme.

La recherche
des Productions végétales spontanées
La chasse
et la Pêche,
l’Education
des Bestiaux.

qui ne supposent encore qu’une vie errante,

après laquelle les Lumieres que le loisir de la vie pastorale a fait acquerir, et la Subsistance abondante qu’ont fourni les troupeaux,

ont conduit à un commencement de cultivation,

qui s’étendant par les diverses avances que l’emploi des Facultés et de la Propriété mobiliaire a mis à portée de faire

a mené les Hommes à la Vie Stable,

à l’acquisition exclusive et juste du terrein

sur lequel ils ont fait ces avances pour le cultiver,

c’est-à-dire à la Propriété fonciere,

qui nécessite la Société réguliere

et l’Etablissement d’une Autorité publique.

Cette Table, qui a bien exigé quelques Pensées et quelques études préliminaires, a êté imprimée à Carlsruhe en Allemagne et en caracteres mobiles dans l’année 1772, et l’on en tira quinze cents exemplaires. Elle a êté gravée en France trois ans après, et l’on en a tiré douze cent.

Le Livre de Smith est beaucoup plus moderne.—Ce ne sont donc pas ses observations qui nous ont appris que nos Facultés sont notre premier moyen d’acquerir: vérité qui s’applique aux autres Animaux comme à l’Homme.

J’ai connu, aimé et réveré Smith en France. Il y a êté comme moi disciple de Quesnay, et il ne le dissimule pas.

Je sais bien qu’un disciple de sa force est au nombre de ceux que Dieu et leur génie ont rendu propres à devenir les Instructeurs du Genre humain.

Mais dans cette Science importante, où il a si justement marqué, que vous avez toujours cultivée avec tant de succès, et où votre livre vous place à un si haut rang, Smith n’a fait réellement d’autres progrès qui lui soient personnels que ses belles observations sur les avantages de la division du travail: avantages immenses pour les petites Nations manufacturieres, avantages qui conduisent à rendre les commodités de la vie à meilleur marché, et par elles la culture elle même moins couteuse. Son produit net plus grand, par conséquent son extension plus générale.

Cette perfection de l’Industrie, cette maniere de gagner, de mériter Salaire est très précieuse. Il en faut convenir, Sans oublier qu’elle est compensée en partie par le malheur de créer une classe d’hommes faibles, mal-sains, imbeciles, forcés de se dévouer à n’être que des machines remuant d’autres machines, et qui demeurent constamment exposés à tomber dans toutes les horeurs de la misere à chaque changement de mode, à chaque interruption de commerce, à chaque calamité de guerre. La France a déja trop de ces gens là. L’Angleterre en a beaucoup trop. Je gémis de voir les Americains entrainés par leurs circonstances politiques à tourner leurs capitaux et leur industrie vers ce genre de travaux qui font non pas produire mais acquerir des Richesses; et n’en font acquerir que par quelques Capitalistes, à la triste charge d’avoir ensuite des indigens que l’on peut soulager, dont on peut adoucir la vieillesse et secourir les infirmités par des caisses d’épargne, sans pouvoir jamais leur procurer autant d’esprit, de santé, d’aisance, de morale et de bonheur qu’aux Propriétaires des terres, aux cultivateurs et aux savans.

Cette classe d’ouvriers des grandes Fabriques où le travail est autant divisé qu’il puisse l’être ne constitue aucune félicité, ni aucune puissance; elle est un danger pour les Nations. Elle n’oppose et ne peut opposer1 aucune résistance aux Conquerans. C’est principalement pour elle et souvent par elle que les Tyrans font la loi.

Quand on est donc le maitre de choisir pour un Peuple l’emploi de ses capitaux et de ses facultés, il faut y avoir en prospérité la fabrique du Pain, celles du vin, du cidre, des legumes, des fruits, des paturages, de la viande, du cuir, des maisons chaudes, aërées, salubres, et2 laisser les autres Arts aux pays et aux climats stériles dont les habitans sont bien obligés de se faire Salariés, puisqu’ils ne peuvent pas être Salarians.

Je vous embrasse avec respect et tendresse

DuPont (de nemours)

Je vous prie avec instance de m’envoyer un autre exemplaire de votre livre pour que [je]3 puisse rendre celui de Mr Warden, et le traduire à l’usage de vos Louisianiens et de vos4 Canadiens car ce n’est pas un ouvrage5 qu’on puisse actuellement introduire en Europe.

Editors’ Translation

17 May 1812

My very respectable Friend,

I continue to read your book with great pleasure, but more slowly than I would like, because the duty of providing daily assistance to at least one hundred thousand men, women and children uses up my time and energy.

If I had to make a comment on this excellent work, it would be very much like the one Voltaire applied to Racine when he placed admirable at the bottom of every page.—Consider it done for each thought, each formulation which I do not mention here.

When I think I have something to say about some specific phrase, I am very surprised, and it is then that I write you about it.

Here is one of those places.—You say, on page 207, that “Smith is the first to have noted that our faculties are our only original property.”

Please, my dear and wise friend, have another look at the first lines of the table raisonnée des principes de l’économie politique that I gave you. You will find that they start like this:

“Man’s sensations, his faculties, his will, belong to him alone by decree of Providence, which makes him who he is.

To possess something exclusively and justly means to own a property.

Therefore each man is by natural right

the owner of his own person.

this personal property

subjects its owner to needs, gives him rights, and imposes duties.

 

From work

one learns how to exercise one’s rights and fulfill one’s duties,

from personal property comes

the just and exclusive acquisition of things that will satisfy needs,

or movable property.

from the use of personal property” (which, of course, includes faculties already quite explicitly stated in the first article) “and from the use of movable property” (acquired through the use of those faculties) “follow mankind’s first natural states,

gathering
of wild foodstuffs
hunting and fishing, domestication
of animals.

which still implies a nomadic life

Thereafter, the Enlightenment resulting from the leisure of pastoral life and the abundant subsistence provided by the herds

led to a beginning of cultivation,

which, expanding through various advances that the use of the faculties and of movable property made possible

led men to sedentary life,

to the just and exclusive acquisition of land

that they improved so as to farm it,

that is to say landed property,

“which is necessary for orderly society

and the establishment of public authority.”

This table, which necessitated some thought and preliminary study, was set from type in the year 1772 in Karlsruhe, Germany, and fifteen hundred copies were printed. It was later engraved in France, and twelve hundred copies were printed.

Smith’s book is much more recent.—His observations therefore are not what taught us that our faculties are our first means of acquisition: a truth that applies as much to other animals as it does to man.

I knew, loved and revered Smith while he was in France. He was a disciple of Quesnay, as I was myself, and he does not try to hide it.

I know that so talented a disciple is one of those on whom God and their own genius have called to become mankind’s teachers.

But in this important science, in which he so justly left his mark, a science that you have always cultivated with so much success and in which your book ranks you highly, Smith did not really make any progress other than in his beautiful observations on the advantages of the division of labor: a system that gives immense advantages to small manufacturing nations, advantages which result in the necessities of life becoming less expensive, and thus culture less costly. The net yield is greater and its distribution consequently more widespread.

We must admit that this improvement of industry, this way of earning and deserving a salary is very valuable, without forgetting that it is accompanied to some extent by the unfortunate creation of a class of men who are weak, in bad health, stupid, forced to make themselves into machines that move other machines, and constantly exposed to the danger of falling into all the horrors of destitution with every change of fashion, every interruption of commerce, every calamity of war. France already has too many of these people. England has far too many. It pains me to see the American people driven by political circumstances into investing their capital and their industriousness in that kind of work, which contributes not to producing, but to acquiring riches, such acquisition accruing to a few capitalists, along with the burden of assisting the poor, whose misery in old age and whose infirmities can be eased with the aid of savings banks, but who cannot be provided with the spirit, health, affluence, morality, and happiness enjoyed by landowners, farmers, and scholars.

This class of workers in large factories, where labor is subdivided as much as it can be, lacks either any cause for happiness or any power: it is dangerous to all nations. It does not and cannot offer any resistance to conquerors. It is mostly for it and through it that tyrants rule.

One free to direct the best use of a people’s capital and its faculties will focus on the production of bread, wine, cider, vegetables, fruit, pasturelands, meat, leather, and warm, well-ventilated, and healthy houses, leaving other arts to sterile climates and countries whose inhabitants must make themselves employees, since they cannot become employers.

I embrace you with tenderness and respect

DuPont (de nemours)

I most urgently beg you to send me another copy of your book, so that [I] may return Mr. Warden’s to him and also have it translated for the use of the people of Louisiana and Canada, because it is not the sort of work that can be circulated in Europe at present.

RC (DLC); at head of text: “au Philosophe Thomas Jefferson”; with postscript written perpendicularly in margin of p. 3; endorsed by TJ as received 18 July 1812 and so recorded in SJL. Tr (DeGH: H. A. Du Pont Papers, Winterthur Manuscripts); posthumous copy. Translation by Dr. Roland H. Simon.

voltaire so admired the work of the poet Jean racine that he claimed he might place “au bas de toutes les pages: Beau, pathétique, harmonieux, admirable” (“at the bottom of every page: beautiful, moving, harmonious, admirable”) (Gabriel Peignot, Manuel du Bibliophile, ou traité du choix des livres [Dijon, 1823], 1:287). Adam smith wrote that man has “faculties of reason and speech” that can “be found in no other race of animals, which seem to know neither this nor any other species of contracts.” As a result, men are able to barter and exchange goods with each other (Smith, An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations [London, 1776; Sowerby, description begins E. Millicent Sowerby, comp., Catalogue of the Library of Thomas Jefferson, 1952–59, 5 vols. description ends no. 3546], 1:16). Du Pont de Nemours’s table outlining his economic theory, issued in the form of a chart measuring 4 by 4½ feet, was based in part on a work by the leading physiocrat François quesnay, Tableau Œconomique (Versailles, 1758). Widely translated, the Du Pont chart was first published by Michel Maklot as Table raisonnée des principes de l’économie politique: redigée et executée par M. Du Pont (1775; French and German editions at DeGH). The date that TJ received his copy is unknown, but Benjamin Franklin described the work as “an excellent Thing” when he sent Benjamin Vaughan a copy on 9 Nov. 1779 (Gustave Schelle, Du Pont de Nemours et L’École Physiocratique [1971], 162–83; James J. McLain, The Economic Writings of Du Pont de Nemours [1979], 130–2; Leonard W. Labaree and others, eds., The Papers of Benjamin Franklin [1959– ], 30:384, 31:60).

1Preceding four words interlined.

2Remainder of body of letter, including salutation and signature, written perpendicularly in left margin of p. 4.

3Omitted word editorially supplied.

4Tr ends here.

5Word interlined in place of “livre” (“book”).

Index Entries

  • Commentary and Review of Montesquieu’s Spirit of Laws (Destutt de Tracy); and P. S. Du Pont de Nemours search
  • Destutt de Tracy, Antoine Louis Claude; Commentary and Review of Montesquieu’s Spirit of Laws search
  • Du Pont de Nemours, Pierre Samuel; and Destutt de Tracy’s commentary on Montesquieu search
  • Du Pont de Nemours, Pierre Samuel; letters from search
  • Du Pont de Nemours, Pierre Samuel; on labor and wealth production search
  • Du Pont de Nemours, Pierre Samuel; Table raisonnée des principes de l’economie politique search
  • Franklin, Benjamin; and P. S. Du Pont de Nemours’sTable raisonnée search
  • French language; letters in, from; P. S. Du Pont de Nemours search
  • Quesnay, François; French economist search
  • Quesnay, François; Tableau Œconomique search
  • Racine, Jean; Voltaire on search
  • Smith, Adam; The Wealth of Nations search
  • Tableau Œconomique (Quesnay) search
  • Table raisonnée des principes de l’économie politique (Du Pont de Nemours) search
  • The Wealth of Nations (A. Smith) search
  • Voltaire (François Marie Arouet); quoted by P. S. Du Pont de Nemours search
  • Warden, David Bailie; and Destutt de Tracy’s work on Montesquieu search