nommé à la place de maire de cette ville par le préfet colonial et Commissaire de la république française quand il prit possession du pays, Jaurais desiré être en etat de Justifier aux yeux de mes concitoyens cet acte de confiance par autant de talens que de Zêle; mais, apres avoir eté Jusqu’a l’âge de 30 militaire, Jay depuis eté constamment occupé de faire valoir mes terres Sur mon habitation, et Jétais arrivé à l’age de 63 ans Sans m’être exercé activement dans la carriere publique. nous en étions à peu pres tous à ce meme point Sous la domination éspagnole. cependant, Mr. Le Gouverneur Claiborne a jugé à propos de me continuer dans la place de Maire.

à ce titre Je me trouve; pour le moment, tenu des devoirs envers mon pays comme envers le Gouvernement americain: Si vous ne recevez de moy quelques observations utiles au bien de la Louisiane, quelqu’autres Louisiannais vous le fera. Je Suis à la tête du corps municipal de la capitale de cette province; c’est a dire du Seul corps qui y éxiste, du Seul qui y Soit composé de proprietaire et de citoyens: J ay qualité pour vous parler de leurs interets.

Je n’hésite donc pas Monsieur le President, à acquitter ma conscience, en me permettant d’entrer aujourd’huy dans quelques dètails avec vous et en vous mettant à portée de voir notre Situation et nos dispositions par d’autres yeux que des yeux ètrangers ou nouveaux parmi nous.

La France nous a tirés des mains d’agens cupides et de celles d’un Gouvernement apathique: nos vies et nos fortunes étaient à leur merci ou à L’abandon et notre prosperité commerciale et agricole etait entravée: celle cy Se relevera d’elle même par la Simple influence de la liberté; mais celles-la exigeoient de Suite une police ordinaire vigeureuse, et des tribunaux de justice versés dans nos loix civiles et qui restassent quelques tems en permanence continuelle pour vider une infinitees d’affaires arrierées et en Souffrance

nous Sommes dans une impastience extrême des Bills qui doivent fixer notre organisation interieure. Le besoin S’enfait ressentir de plus en plus chaque Jour. Nous avons une confiance éxtrême dans la Sagesse du Congrés dans la votre, Monsieur le president, qui, apres avoir fait négocier notre union à la fédération, aurés a coeur qu’elle tourne à notre bon heur. Vous Serez jaloux de cimenter des Sentimens de fraternité entre la Louisiane et les autres ètats que vous Gouvernez, entre leurs habitans et Les Louisianais.

J’ai vu avec infiniment de peine qu’il S’en est manifesté de differens ces jours derniers. il est tres facheux de commencer ainsy. ce n’est pas au Sein des plaisirs, dans des bals, au milieu d’un Cercle nombreux de femmes qui en faisaient le charme, et l’ornement, qu’on devait S’attendre a voir èclore cet esprit de trouble et de division. Les torts, il faut que vous Sachiez la verité, ont été favorisés ou même accrus par ceux à qui il appartenait de les réprimer. des têtes chaudes des gens avides d’influence n’importe a quel prix, y ont beaucoup contribué: ils contribuent tous les jours à induire en erreur les dépositaires du pouvoirs et à leur faire faire de fausses demarches.

Joserai vous le representer Mr. Le President il est indispensable que les chefs de la Louisiane possedent la langue française comme l’anglaise: S’ils eussent eü cet avantage, nous naurions pas éprouvé les évenemens qui ont produit une Si mauvaise Sensation et le cours des affaires ne languirait pas et ne Serait point exposé à des embaras Sans nombre.

nous avons vu l’instant où le corps municipal était forcé de vous porter à cet égard Ses vives réclamations: Mr. Claiborne débuta des le principe par nous insinuer que nous devrions rédiger nos actes publics en anglais. un retour Sur luy même; d’apres le mécontentement que cette proposition excita nous fit renoncer à vous adresser Monsieur Le President le mémoire de plaintes que nous avions déja dressee à ce Sujet et prèserva nos libertés de cette atteinte. un Gouvernement despotique par Sa nature les a tres longtems respectees: que ne devons nous pas attendre d’un Gouvernement republicain ou les principes des droits naturels ont tant de Sauvegardes et auquel nous nous associons aujourd’huy Sous les garanties d’un traité qui contient des Stipulations Sacrées en notre faveur. nous nous flattons généralement que nous Serons èrigés en ètat Séparé, aussitot qu’il Sera constaté que nous avons une population Suffisante; nous ne doutons pas qu’en attendant on ne nous donne ce que vous appelés votre Second dégré de Gouvernement. C’est l’objet continuel de nos esperances et de nos entretiens parmi tout ce qui éxiste de Louisiannais. nos pères ont découvert, peuplé, dèfrichè ce pays: il est arrosé de notre Sang et de nos Sueurs; nous l’avons fait fleurir malgré les obstacles: dignes Jusqu’a present d’un meilleur Sort, nous l’attendons des états unis. ils appreciront l’acquisition qu’ils ont faite, et ils Séforceront de nous la rendre chêre. ils en ont le bon moyen, en nous donnant une Constitution conforme à nos besoins, à nos voeux, a nos droits.

c’est un des plus ancien habitans, un proprietaire un père de famille, un homme indépendant, un vrai patriote qui vous tient ce langage au nom de Ses concitoyens et de Son pays.

J ay l’honneur d’estre avec un profond Respect Monsieur Le President votre tres humble et tres obeissant Serviteur