Jean Brunet, natif de Louisbourg en Canada, Prend la liberte et la Confiance de répresenter à Votre Exellence, qu’en l’année mil Sept cent Soixante dix neuf, il a pris Service à Bord du navire Corsaire nommé le Bon-homme-Richard, Commandé par le Capitaine Paul-Jones, et armé a L’Orient Sous le Pavillon Américain, Par les Sieurs Monplaisir et Gourlandes,2 négocians du meme lieu, et par le Sieur Chaumont Banquier, négociant à Paris. Que le Suppliant a fait toutes les courses avec ce Corsaire qui a fait des prises Considérables.

Qu’il fut enfin débarqué à Dunkerque, à cause de Ses Blessures ainsi que nombre d’autres blessés.

Que le produit des prises a été renvoyé au dit Sieur Chaumont, principal intéressé dans l’Armement, lequel, contre les intentions de Sa Majesté, n’a encore fait aucune répartition à l’équipage.

Il est Cependant vrai que le Suppliant est absolument dans un etat de Souffrance, éloigné de Sa famille qui réside actuellement a la Guadelouppe, l’une des isles françoises de l’Amérique Septentrionale; Dénué de toute ressource, Sans appui, Sans amis, Sans protecteur, et même dépourvû de Santé, il a Bésoin de recourir à Sa part aux prises pour lui faciliter les moyens de revoir Sa famille, où il désire se rendre, C’est le Sujet de Son recours—

A votre Excellence,

A Ce qu’il vous Plaise, Monseigneur, Lui accorder l’honneur de Votre Protection, en appuyant de Votre récommandation le Placet, ou mémoire, que le Suppliant vient d’adresser à Monseigneur Le marquis de Castries, ministre de la marine de france, pour l’objet dont il est fait mention en celui-ci.3

Ce faisant, il ne cessera de prier pour la Conservation et prospérité de Votre Excellence.

Restant rue des Casernes du Bastion Royale, à l’enseigne de La ville de Strasbourg, No. 5. à Dunkerque.

A Son Excellence Monseigneur de Frankelein— Ambassadeur Pour les Etats unis de l’amérique à La Cour de france.