James Madison Papers
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To James Madison from Louis-Marie Turreau de Garambouville, 8 April 1808

Baltimore 8 Avril 1808.

Le Soussigne, Ministre Plenipotentiaire de Sa Majeste impériale et royale près de Son Excellence Monsieur le Président des EtatsUnis d’Amérique, a jugé convenable de présenter à Monsieur le Sécretaire d’Etat quelques réflexions sur les interets respectifs de leurs Gouvernements dans la crise actuelle.

On ne peut plus aujourd’hui placer ses espérances Sur la chance des moyens termes: confier ainsi que par le passe le Salut et la dignité des Etats à ces compromis équivoques, à ces Cr⟨   ⟩ d’un jour où l’oubli de tous les principes et le mépris des droits d⟨es⟩ Nations decline à chaque page la honteuse dépendance des Cabinets de la Vieille Europe. La marche rapide des evènements deroule chaque jour le plan dont il n’est plus possible d’entraver de retarder même l’execution complette et indique Suffisament le résultat inévitable de la grande querelle de l’autre Continent.

L’Angleterre S’est Séparée du Monde civilisé. L’abandon Solemnel de Son systême exclusif et tyrannique, peut Seul lui conserver un rang parmi les Etats. L’inégalité de puissance ne consacrera plus l’inégalite de droits; et, certes, tous les Souverains de l’Europe, unis aujourd’hui d’intentions et de moyens pour le maintien de leur dignité, l’interêt de leurs Sujets, pour la défense des principes conservateurs de l’ordre Social et du droit des gens; ne feront pas le Sacrifice de motifs aussi légitimes, d’aussi impérieuses considérations à l’orgueil de la Grande Bretagne et aux Speculations de Ses Marchands et de Ses Ministres: Ils ne tromperont pas l’espoir et le Voeu des Nations en tolèrant plus longtems les excès d’un Gouvernement dont la Marche politique est une infraction constante et avouée aux lois de l’humanité et à la foi publique.

Le Soussigne, en mettant Sous les yeux de Monsieur le Sécretaire cette esquisse de la Situation des affaires en Europe, a bien moins pou⟨r⟩ objet d’arrêter son attention Sur les dangers imminents qui menacent ⟨la⟩ Grande Bretagne et l’insuffisance des mesures qu’elle peut opposer aux moyens combinés contre elle, que Sur l’effet de cette secousse politique à l’égard des Etats qui à la faveur de leur position Géographique, leur force territoriale, de la Sagesse de leur administration, et de ⟨   ⟩ peut-être illusoire d’un Système Sépparé, croiraient devoir ou pouvoir Se ⟨   ⟩ à l’ébranlement General.

Le Soussigne ne rappellera point ici les outrages multiples ⟨que⟩ la Grande Bretagne a fait eprouver aux Américains et dont ⟨   ⟩ peut recemment de Sanctionner la cause et les resultats ultérieurs ⟨   ⟩ les reclamations de Ses Ministres mais il est du devoir du Min⟨istre⟩ plenipotentiaire de Sa Majeste Imperiale & Royale de chercher à fixer la pensée du Gouvernement fédéral Sur la conduite de l’Angl⟨eterre⟩ et de la France à l’égard des Etats-Unis et d’exposer les considérations qui Semblent devoir imposer aux Américains une adhési⟨on⟩ formelle aux mesures d’exclusion concertées contre l’Ennemi commun.

La cause des premiers différents qui Se Sont élevés entre le Cabinet de Washington et celui de St. James est precisement celle ⟨qui⟩ vient d’armer tous les Peuples de l’Europe Continentale contre la gra⟨nde⟩ Bretagne, et l’Union Américaine, comme pouvoir maritime et commer⟨ciale⟩ est incontestablement plus interessée qu’aucun autre Etat à l’affirm⟨ation⟩ d’un principe Sur lequel reposent la liberté des Mers, l’indépendance ⟨et⟩ la Sécurité des N⟨avires⟩. De cette cause originelle sont dériv⟨   ⟩ griefs dont le Gouvernement Fédéral exige le redressement. ⟨   ⟩

et juste les griefs, l’Angleterre S’est portée aux derniers excès vis à vis

des Americains car il serait inutile de le taire à présent ⟨   ⟩

et leur ⟨   ⟩ Sont connus du Monde entier

Mais Sans S’arrêter aux Vexations ⟨   ⟩ que la Grande

Bretagne a ⟨exercées⟩ Sur le personnel comme Sur le matériel du Commerce

Americain L’Attentat connu contre le pavillon des Etats à bord de

la Frégate la Chesapeak devenu le Sujet de nouvelles négociations et

laissant même espérer la reprise des anciennes inutilement Suivies à

Londres pendant trois ans, cet attentat, et il est affligeant, pour le

Soussigné d’être contraint d’y reporter les pensées, a pu faire ⟨   ⟩

aux pouvoirs coalisés de l’Europe continentale une autre détermination

de la part des Etats-Unis contre une puissance qui oublia ou veut

méconnaître aussi formellement leur indépendance. Cet outrage, non moins

grave si l’on en excepte le dommage materiel, que celui qui a provocque

l’indignation et la vengeance du généreux enfant de ⟨   ⟩

faire considérer comme illusoire et insidieuse de la part du Cabinet de

St. James la promesse d’une reparation, ou plutôt d’un compromis, qui

ne pourrait être complètement honorable pour l’ offensé, sans être complètement

humiliant pour l’offenseur. D’aileurs ce compromis eventuel, dont la

Sagesse de l’Administration a rejette les stipulations equivocques, ou

captieux, pourrait il consacrer l’oubli d’un outrage dont les exemples

Sont encore rares chez les Forbans d’Alger ou de Tripoli?

Et encore, l’absence de toute espèce de Garantie ⟨   ⟩ rendre ce compromis

en certains ⟨   ⟩ précaire, puisque l’Angleterre ⟨   ⟩ dont

la Violation constitue un outrage.

Cependant tandis que le Gouvernement Britannique livrait le commerce americain au pillage habituel de Ses⟨   ⟩ et des ⟨   ⟩

de son ⟨   ⟩ qu’il eludait à ⟨   ⟩ les reclamations des

⟨   ⟩ du Gouvernment Fédéral à la faveur

⟨   ⟩ ainsi que leurs connections necessaires

⟨   ⟩, tandis que le Gouvernement Britannique effraye

⟨   ⟩ de Son isolement et de l’imprudence de Ses ⟨   ⟩

⟨   ⟩ dans la presqu’ile de l’Inde ⟨   ⟩

⟨   ⟩ l’Amerique du Sud; tandis que le Gouvernement britanni⟨que⟩

⟨   ⟩ de nouveaux outrages réprouvés par le Peuple ⟨   ⟩

⟨   ⟩ Etats indefendus ⟨   ⟩ qu’il soumettait ⟨   ⟩

⟨   ⟩ Neutres à Ses directions absolues: quelle était

⟨   ⟩ de la France à l’égard de l’Union Américaine?

⟨   ⟩ en voyant l’Europe armée de nouveau

⟨   ⟩ de Ses Etats n’a jamais employé pour les ⟨   ⟩

⟨   ⟩ avouer ⟨   ⟩ l’Honneur Il n’a jamais pensé que quoique

⟨   ⟩ Gouvernement fut menace ou dut jamais pour S’y Soustraire

⟨   ⟩ les gens L’Empereur ⟨   ⟩

⟨   ⟩ Neutres il a recu les Americains dont ⟨   ⟩ quoique la base ⟨   ⟩

leur commerce qui fût controlée; il n’a mis aucun obstacle à leur ⟨   ⟩

⟨   ⟩ quoique le resultat en fût avantageux à la puissa⟨nce⟩

rivale, convaincu que Si la liberté des mers etait le besoin commun e⟨t⟩

⟨un⟩iversel, il fallait en Sauver le principe de l’attente des evènements

des ⟨   ⟩ de tout Gouvernement qui croirait pouvoir encore outra⟨ger⟩

impunément la foi publique; l’Empereur Napoleon, au lieu de ⟨   ⟩

des avantages que l’influence de Son Genie et de Sa gloire pourrait

ajouter au poids de Ses Vastes Etats, dans la combinaison d’un Syste⟨me⟩

qui n’eût embrassé que les interets de Sa puissance, a préferé d’admettre le concours et la garantie de tous les Peuples, pour le maintien de l’egalite de leurs droits au domaine des Mers. Il n’y a point de Gouvernement, S’il n’a oublie les interets de Sa dignité, point d’homme d’etat, S’il n’a perdu celui de Ses devoirs, il n’y a point de Citoyen, S’il n’est prive de l’exercice de la raison, qui n’applaudisse à cet Hommage rendu aux lois de l’⟨é⟩ternelle Justice, à cette regeneration politique qui ⟨remplace⟩ un grand objet d’interêt Général Dans la volonte de tous.

Dans cet etat de choses, et l’Angleterre non contente de piller le commerce des Neutres dans les Hautes Mers, les insultant les attaquant sur leurs propres rivages et au débouche de leurs ports ⟨   ⟩ dans leurs ⟨   ⟩ en mepris de leurs lois municipales et du defense de leur Gouvernement; l’Angleterre ajoutant la dérision à l’outrage en envoyant un nouveau plénipotentiaire Sans pouvoirs, ou chargé d’instructions Si deplacées que Ses propositions même Sont une nouvelle offense; qu’a du faire la France dont la cause est devenue celle de l’Europe, celle du monde politique?

Quand la loi naturelle et généralement reconnue de la retaliation n’eût pas exige l’emploi des mesures qui pussent atteindre et briser les derniers efforts d’un Gouvernement qui proclame Son mépris pour les droits des Nations & de l’humanité; la France n’a-t-elle pas du compter Sur l’adhésion des Etats Unis à un système dont les resultats ⟨rep⟩lacent dans la Main des Americains le Sceptre du nouveau monde, qui ouvre à l’audace de leurs Navigateurs et au génie de leurs Négociants cette carrière immense que leur fermeraient pour toujours les Sucès d’un Gouvernement ⟨   ⟩ jaloux et effrayé de leur propriété, de leur puissance actuelle et plus encor de leur puissance future?

Quand la France n’aurait eu que Ses propres interets

⟨   ⟩, Serait-elle le Soutien ⟨   ⟩ des Armes inegales? Le ⟨   ⟩

lorsque tous les peuples de l’Europe continentale ⟨   ⟩vocquent le ⟨   ⟩

⟨   ⟩ de tous ⟨   ⟩ les Lois de la justice de Sa cause

⟨   ⟩ même le Gouvernement français a consulte les ⟨   ⟩

⟨   ⟩ et Ses demarches ⟨   ⟩ ne l’expression, et Ses Decrets

Sont tellement fondés Sur le ⟨   ⟩ comme sur le droit de tous, que ⟨   ⟩

⟨   ⟩ Cabinet de St. James a ⟨   ⟩ Sans doute

leurs hommes d’Etat qui ne les ⟨   ⟩

Cependant l’honorable Congrès voulant Soustraire la Marine

⟨   ⟩ des Etats:Unis au pillage Systematique de l’Angleterre

⟨   ⟩ que la France, que l’Europe

⟨   ⟩ à l’intercourse habituelle en raison des excès de l’Ennemi

⟨   ⟩ de l’Embargo Cette mesure est le comblement de ⟨   ⟩

⟨   ⟩ autrement le Gouvernement federal et le dernier

⟨   ⟩

⟨   ⟩ aura pas echappé à Monsieur le Secretaire ⟨   ⟩

⟨   ⟩ dût être trompée ⟨   ⟩ l’intention ⟨   ⟩

⟨   ⟩ politique Il ⟨laisse⟩ Supposer que ⟨   ⟩ en la première ⟨   ⟩

⟨   ⟩ que le Gouvernement Fédéral egalem⟨ent⟩ mecontent de

⟨   ⟩ de l’Angleterre, croit devoir également les atteindre par cette ⟨   ⟩

negative ⟨   ⟩ en Se rappellant l’origine des différents ⟨   ⟩

relations des Neutres ⟨   ⟩ en parcourant ⟨   ⟩ des outrages que le

Gouvernement Anglais ⟨   ⟩ au commerce, aux Citoyens

au Pavillon des Etats:Unis ⟨   ⟩

⟨   ⟩ celle de la Gra⟨nde⟩

Bretagne forment le contraste le plus frappant qu’aient encore offert les annales politiques.

Convaincu donc que le Gouvernement fédéral ne peut pas avoir une autre opinion Sur les procédés de ces deux Puissances, le Soussigne reitère à Monsieur le Secretaire d’Etat l’assurance la plus formelle que bien loin qu’il entre dans la pensée de l’Empereur Napoléon de porter atteinte aux droits des Etats-Unis, l’exercice et la garantie de ces droits Sont l’objet des Voeux et des mesures de Sa majesté Imperiale et de l’Europe entière.

C’est Sur ces Considérations et la nécessite devenue evidente et indispensable pour tous les Etats d’accèder à une confédération dont l’objet Si honorable et Si Généralement utile est d’assurer à tous les Peuples la jouissance des droits que les Hommes tiennent de la Nature et que le premier devoir des Souverains est de leur conserver, que tous les pouvoirs coalisés de l’Europe Verraient avec plaisir le Gouvernement Fédéral Seconder et Hâter par une adhésion solemnelle le triomphe d’un principe dont l’oubli a offense la gloire et l’indépendance des Etats-Unis. Le Soussigné Saisit avec empressement cette occasion pour renouveler à Monsieur le Secretaire d’Etat l’hommage de Sa haute Considération.

Turreau

DNA: RG 59-NFL-Notes from Foreign Legations, France.

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