M. de Choisy m’a remis la lettre dont Votre Excellence m’a honoré en datte a Newburgh du 10e de ce mois. je ne puis vous exprimer toute ma reconnoissance des renseignemens que vous avez pris la peine de me donner sur Penobscot. Je me [propoisit] d’enlever ce poste dont le voisinage incommode beaucoup Boston dans la vue de porter quelque coup a notre Ennemi commun avant que les forces supérieures des Anglois dans ces Mers me missent dans l’impuissance de faire des entreprises. J’avois eû des fausses informations sur cette place, mais je ne tiens point à ce projet qui peut être remis a un tems plus convenable.

Mon seul desir est de me rendre utile aux Etats-unis de l’Amérique pendant le séjour de l’Escadre du Roi dans ces Mers, je croyois en avoir trouvé l’occasion en interceptant un Convoi qui doit apporter des vivres à New york et qui doit arriver dans peu. J’allois faire sortir quatre Vaisseaux pour cet objet lorsqu’un Pilote de Boston a fait échouer sur la côte le Magnifique de 74 Canons; je fais travailler tous nos équipages pour faire en sorte de le relever et je crains fort qu’il ne puisse plus servir.

J’ai l’honneur de reitérer a votre Excellence la prière que vous a faite Mr le Chev[er] de la Luzerne rélativement aux informations sur les Mouvemens et les opérations De la flotte Angloise a New york. l’importance de cet objet pour la cause Commune m’engage a recourir a vos bons offices pour me les faire procurer; j’en aurai la plus grande obligation aux bontés de votre Excellence.

Je serai bien flatté si dans le séjour que je ferai dans cette partie je puis trouver le moment d’aller voir votre Excellence. Je m’estimerois heureux de faire une connoissance particuliere avec un Général qui par ses vertus militaires et morales s’est acquis l’estime et l’admiration de toute l’Europe. Je suis avec les sentimens de la plus haute consideration et de respect Monsieur De Votre Excellence le très humble et très obeissant serviteur