Monsieur,

Dans cette Conjoncture critique où vous venez de déclarer l’intention de ne pas accepter de nouveau la place que vous occupez aujourdhui, le Conseil Législatif et la Chambre des Représentans du territoire d’Orléans profitent de la dernière occasion qu’ils peuvent espérer d’avoir pour vous adresser la parole en votre caractère officiel de Président des Etats Unis.

Quelque soient les regrèts que nous occasionne ainsi qu’à nos Concitoyens des Etats Unis la détermination que vous avez prise de refuser d’etre un candidat pour la place la plus distinguée qu’il soit au pouvoir du peuple de donner, les motifs qui vous y portent sont une preuve de plus de votre patriotisme, et doivent exciter l’admiration de votre pays, puisque vous n’avez eu pour guide en cette occasion que votre vénération pour les principes sacrés de la Constitution, et votre respect pour le grand exemple que vous a donné le premier Président des Etats Unis de Glorieuse Mémoire.

Nous avons vu avec peine qu’une Neutralité impartiale et honorable envers les Nations belligérantes de l’europe n’a pas été suffisante pour protéger les Etats Unis contre l’Envahissement de leurs droits, de leur dignité et de leur indépendance; et quoique nous ne désirions point la Guerre, s’il ny a point d’autre alternative, qu’une honteuse soumission à des prétentions injustes et arbitraires, nous pouvons vous assurer, Monsieur, au nom de Nos Constituans, qu’il n’y a point de sacrifices ni de privations auxquels ils ne soyent prets à se soumettre pour défendre les droits de la Nation Américaine, et soutenir l’honneur de l’indépendance du Gouvernement et de la Patrie.

Convaincus que le Gouvernement des Etats Unis est trop généreux et trop impartial pour profiter de la situation particulière d’aucune des nations belligérantes, afin de requérir d’elles rien d’incompatible avec leurs Justes droits, ni rien qui soit fondé sur toute autre base que celle de la Justice, les habitans de la Louisiane seront toujours disposés à se Joindre à leurs Concitoyens des Etats Unis pour le soutien de leurs droits et de leur indépendance contre ceux qui auraient l’injustice et la témérité de les assaillir.

Puissiez vous, Monsieur, en vous Retirant de la place importante que vous avez remplie avec tant d’honneur, et dans laquelle vous avez si bien servi les interets de votre pays, Jouir longtems de la plus précieuse récompense qu’un Magistrat vertueux puisse désirer, l’estime et la reconnaissance de vos Concitoyens, la seule, sans doute à laquelle vous ayez Jamais aspiré.