Thomas Jefferson Papers

To Thomas Jefferson from J. Phillipe Reibelt, 3 February 1806

Baltimore le 3 fevr. 1806.

Premier des Republicains!

Je Vous suppose—par la bonte de Mr. Randolph—deja instruit, que, pourquoi et comment je partirais incessament par la Nouvelle Orleans, pour mon poste.

Permettez moi donc que je Vous presente encore quelques Mots pour la derniere fois de Baltimore.

1) Les Francais distinguès en cette Ville—sont, à l’exception de bien peu— comme la nation dont ils sortent—plus tot ennemis qu’amis des principes liberaux, soit par un esprit bornè, soit par un Coeur Corrompû — Ils savent tous, que je suis le partisan bien fidel de ces principes—mais—ne les ayant jamais emis qu’au tems et lieu propres, et d’une Maniere convenable, ils m’ont toujours recherchès avec le même empressement, et m’ont—aussitot, qu’ils ont entendus, que j’irais faire un tour a la Louisiane—anoncès, par une douzaine de Lettres deja parties par le Courrier—de la manière la plus flatteuse aux hommes les plus marquans de leur nation a la Nouv. Orleans. J’y trouverois par ce Moÿen a mon arrivèe une opinion favorable etablie de Moi — Ayant en General appris—depuis ma Jeunesse—de gagner les personnes pour les Choses—et connaissant particulierement la Manière dont il faut mener les francais, si on veut exercer quelque influence sur eux — Il est probable, que je puisse beaucoup Contribuer a l’amelioration de l’esprit public, si je pouvois occuper a la Ville un emploi dependant pour toujours du Gouv. federal, comme p. E. au bureau de la Vente des terres, ou je serais au reste sans doute d’une utilitè particuliere par le Nombre des bons sujets, que je tacherais d’y attirer des bords du Rhin, et de la Suisse—quoique pour mon Gout je prefere la Campagne a la Ville, et les enfans de la Nature, a ceux de la perversion.

2) Je connois Mr. Fromentin a la Nouvelle Orleans—j’ai des affaires d’interet a demeler avec lui—mais je sais aussi, qu’il est un instrument des Mecontents.

3) Il me paroit, qu’il seroit bon, que les Agens aupres des Indigénes, c’est a dire, ceux qui sont non seulement Chargès d’un Store, mais aussi de leur Civilisation—portent un Caractère militaire. Le Direct. execut. de la Republ. helvet. une et indiv. m’a bien, lorsque je l’ai definitivement quittè—en Marque ulterieure de satisfaction, donnè le brevet de Colonel de l’etat Major de l’armeè, parceque je, pour pouvoir travailler plus longtems avec lui—refusè le poste de Chef de la partie secrete de l’armeè du Danube, que le Directoire francais m’avoit fait offrir alors par les Generaux Jourdan, Ernouf, Cherin, Massena—et qui m’auroit valû ce Grade a l’armeè francaise, mais tel eloignè que je suis de la fausse Ambition, je n’en ai jamais fait usage et—il y a meme longtems, que le regarde comme eteint, le Gouvernement, qui me l’avoit conferè, savoir celui de la Rep. helv. une et indivisible, l’etant lui même.

4) Je ne puis pas finir—sans Vous repeter, que cette Nomination pour Natchitoches, en ce, qu’elle provient directement de votre Coeur, et qu’elle m’est une preuve si reelle de votre bonne Opinion, et intention pour Moi—est bien sincerement la plus flatteuse, dont je ne fus jamais honorè, et qu’elle me console de jour en jour plus sur la situation, dans laquelle les hommes des principes illiberaux en Europe m’ont jettès pour quelque tems.

Je Vous prie, d’etre bien persuadè, qu’il n’y aura personne a la Louisiane, plus intimement, fermement, et respectueusement attacheè a la Cause, que Vous Gouvernez, a l’interet des Etats Unis, et a la Gloire philosophique de votre Personne, que Moi.

Reibelt

P.S. Vous allez voir bientot a Federal City le Docteur en Droits Geanty, une de mes Connaissances—ancien Avocat de St. Domingue—a qui, a ce, qu’on m’a dit, on a etè en grande partie redevable du Maintien de l’ordre et de la tranquillitè au Cap dans les premieres Anneès de la revolution, et de l’introduction sans secousses violentes des principes Liberaux. C’est un grand Amateur de Physique et de Chimie, Constructeur d’instrumens et cœtera—reunissant des Connaissances solides sur tout ce, qui a rapport aux Arts d’utilitè. Il a construite ici sur l’ideè de ce, qui s’etoit fait en Europe—un apparill d’optique, dont les effets doivent—je ne les ai pas vû— surpasser ce, qu’on peut imaginer—et qui veut faire voir a Federal City. — Il se propose, de se transplanter a la Nouvelle Orleans—et me paroit pouvoir etre essentiellement utile, pour Contribue a la Correction du Mauvais esprit public, qui y regne — Il est liè ici avec des mecontents (federalistes), mais ce n’est pas par Coeur, c’est uniquement par le Metier, qu’il fait.

Mr. Du Catel se flatte, que Vous trouverez ses deux Liqueurs bonnes, et que Vous en ferez comander par Votre Maitre d hotel—non pas par interet, parcequ’il est riche—mais par Ambition Chymiste, et parcequ’il est penetrè d’une profonde Admiration pour Vous.

DLC.

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