Lorsque, sur la foi d’une approbation ministérielle et d’une Censure Légale, je me décidai à faire imprimer mon essai historique sur la révolution française, je destinai le premier exemplaire qui Sortiroit de l’empire à Monsieur jefferson; à L’exprésident de sa république.—j’attachois un grand prix et meme quelque gloire pour moi à le distinguer parmi les chefs des gouvernemens et des peuples. aujourdhui, Monsieur, mon hommage arrive jusqu’à vous par une voye confidentielle. je sais que, si cette maniere de Vous l’offrir convient moins à mes Sentimens, vous la trouverez plus conforme aux votres. Vous aimez trop le bien, pour chercher l’Eclat.

la vente de mon livre est interdite. la Lecture que vous daignerez en faire, vous persuadera facilement, Monsieur, que je Me suis soumis avec respect aux ordres du gouvernement. j’ai ecrit avec l’intention de conserver pure une tradition que chaque jour on se plait à travestir en un roman absurde—. les communications confidentielles ne m’étant pas formellement prohibées, je profite de la bienveillance de Monsieur le consul général des etats unis pour déposer dans vos mains un exemplaire de mon ouvrage. il ne peut pas etre sans intèret pour le premier magistrat d’un peuple qui a si heureusement terminé Sa révolution. et moi meme, incertain du sort de mon livre, je saurai qu’il n’est pas perdu pour les amis de la liberté, ni pour les hommes qui méditent sur les causes des infortunes, des vices, et du bonheur des nations.