To Thomas Jefferson from De Lormerie, 21 May 1790
From De Lormerie
au hâvre ce 21. mai 1790.
Monsieur
Lorsque je donnois a Monsieur Le Marquis de Marnésia la Lettre de recommandation que j’ai Eu l’honneur de vous Ecrire pour lui, un de ses amis M. Didier notre Vicaire Apostolique en Sçioto, me témoigna le plus grand Desir de participer au même avantage. Quoique je n’aie le Plaisir de connoitre ce Monsieur que par M. De Marnésia, le Caractère public dont il est revètu le rendent recommandable et je prens la Liberté de vous prier, Monsieur, de vouloir bien dans les occasions lui rendre les bons offices qui dépendront de vous. Notre Culte se trouvant établi dans cette Partie de L’Amérique Septentrionale y attirera beaucoup de familles catholiques respectables. Sous ce Rapport ce sera donc rendre un Service très utile à votre Paÿs, Monsieur, que de protéger ceux qui par leurs lumières et leurs vertus, enrichiront les états unis. On m’a parlé de plans d’Education qui pouroient être très Précieux aux américains mêmes. Des anatomistes très instruits, des Geomètres celèbres, des minéralogistes, des chimistes habiles, se proposent de passer sur les Etablissemens de L’Ohio s’ils y trouvent sureté et faveur de la part du congrès, C’est à dire les moÿens de vaincre les obstacles naturels que les Sauvages et autres peuvent apporter à la Prosperité de ces Etablissemens. Je Pense aussi que de Bons Architectes de france, s’ÿ transporteroient si le paÿs est sur et avantageux. Ainsi, Monsieur, le voeu que vous avés manifesté dans L’Excellent ouvrâge intitulé Notes on Virginia seroit rempli. J’ai l’honneur d’Etre avec le plus respectueux Attachement Monsieur, Votre très humble et très Obéissant Serviteur,
De Lormerie
de Paris
Possibly an unsent RC or Dft (DLC: Ac. 3244, 1926). Not recorded in SJL. Accompanying this text is another RC or Dft in De Lormerie’s hand (DLC: Ac. 3244, 1926), undated and also not recorded in SJL, which may have been intended as a variant of the above letter. It refers to the letters of introduction written for the Marquis de Marnésia and Didier (both missing and unrecorded in SJL), and adds: “Mon Sincère attachement pour la Prosperité des etats unis, et pour votre Satisfaction particulière; ces Sentimens, dis je, que vous avés eté a portée de reconnoitre en moi dès 1787. lorsque j’achetai 6000 acres en Kentucky de M. Blackden me Portent a vous demander Votre appui le plus ferme, et le plus réel auprès du congrès pour les nouveaux Etablissemens que les francais forment maintenant sur L’Ohio, et le Scioto. La Révolution de france a changé les moeurs et les Gouts de cette Nation. Les français recherchent maintenant de bonnes Loix, Le bon ordre et la Tranquilité d’une vie Patriarchale. Telle est L’influence de la Révolution sur tous les Esprits Sâges qui se trouvent en plus grand nombre dans notre Nation, qu’on ne L’avoit cru jusqu’alors.—Plusieurs Membres Distingués de L’assemblée Nationale de françe Des officiers Généraux et autres qui ont versé leur Sang dans L’amerique Septale. pour la Cause de votre Liberté, Enfin des hommes riches et surtout des Philosophes d’un vrai mérite que leurs vertus et leurs Talens mettent au premier rang Chès un Peuple Sâge et Eclairé, Vont rechercher dans votre patrie la Paix et le Bonheur que L’Agitation Genérale en Europe ne leur permet plus d’y Espérer.—Quelles acquisitions préçieuses, Quelle conquête utile pour les Etats unis! Les Sciençes et les Arts d’Europe vont s’y naturaliser rapidement, et les Capitaux que des Spéculateurs Européens confieront plus volontiers aux terres fertiles de L’Ohio dont la Position unique Entre les Etats du nord et du midi de L’amérique assure Encore tous les avantages commerçiaux, les feront fleurir Etonnamment.—Ce Seroit en vain que la Jalousie étroite de quelques puissances du nord de L’Europe voudroit S’opposer au Succès de ces établissemens. La Nature des choses veut impérieusement que ces Contrées une fois connues soient recherchées par tous les Européens. Elles se trouvent au Centre des Etats unis, dans la Position, et sous le Climat le plus favorable.—Ainsi les habitans des Provinces même du nord des Etats unis Loin de s’opposer a la Prospérité de cette belle contrée de L’Ohio, s’Empresseront d’ÿ Participer en ÿ achetant des Terres qui deviendront un Riche Patrimoine pour leurs Enfans.—Les Révolutions qui agitent et agiteront Encor quelques années la Vieille Europe vont ÿ faire Emigrer plus de Trente Millions d’individus de tous les paÿs. C’est un Torrent auquel il est impossible de s’opposer; il vaut mieux sans doute en Diriger le cours et le répandre, il fertilisera au lieu d’inonder.—Sous tous ces Rapports, Je crois d’un intérest pressant pour le Congrès d’accorder toute la Protection possible a une Population nouvelle de laquelle il a lieu d’Espérer tant d’avantâges. Je suis Persuadé que vos Lumières, Monsieur, ÿ Contribueront infiniment et que vous voudrés bien Spécialement favoriser des français qui ont Eu le Bonheur de vous posséder plusieurs années pendant Votre Ministere a la cour de Versailles.—Ces français se proposent d’imiter les vertus du Marquis de la faÿette sous les ordres duquel ils ont voulu servir pour la Cause de leur Liberté. Si quelques individus mal organisés dérogeoient a de tels Sentimens, nous les méconnoitrions pour nos Compatriotes, et les Expulserions d’une terre qui ne doit L’Azile qu’a des hommes purs et vertueux.” De Lormerie added that, if the 6,000 acres at the confluence of the Ohio and Scioto rivers were protected by military forces capable of defending them against the savages, he proposed to settle there in the spring of 1791. See note to his letter to TJ, 28 May 1789.