Ayant eté informé par L’Enquirer du 26. Juin que Mr Mazzei etoit mort a Pisa le 19. mars der je prends la Liberté de vous supplier de voulloir bien me marquer si vous avés appris qu’il eut fait un Testament et L’etat de sa succession, me croyant authorisé a y réclamer mes droits, en conséquence de mon mariage avec sa belle fille.

Ce fut en consequence de ce mariage qu’en L’année 1780. Mr Mazzei etant à Paris, y Signa un acte en presence des conseillers du Roy Notaires au Chatelet; par le quel il institua ma femme, L’héritiere universelle de tous les Biens qu’il laisseroit au jour de son decés, en meubles ou immèubles, en quelque lieux quils seroient Situés et sans aucune reserve, il ajouta cependant quil auroit la Liberté d’en disposer par Testament; mais je ne crois pas que cette restriction seroit valable en Loi, parcequil declara alors en presence du Comte de Jaucourt, quil n’avoit mis cette clause que pour nous faire le bien traiter dans son vieux age, car Son intention positive etoit qu’aprés sa mort, La fortune qu’il Laisseroit devint La notre.   Je puis donc esperer d’aprés ces principes de justice, que Si même il avoit fait un Testament; il ny aura pu reprendre dune main ce quil nous avoit donné de Lautre, ny oublié combien il me fut prejudiciable de n’avoir trouvé dans ce quil nous avoit donné d’effectif qu’une terre mauvaise et inculte, dont cependant par Larticle 9. de notre contrat il déclara consentir que le produit en discontinueroit d’avoir Lieu a Son profit aussitot que nous viendrions en Virginie.

Comme vous pouriés penser, Monsieur que la raison qui L’empecha de nous faire pendant sa vie tout le bien que nous en esperions, provenoit peut etre de ce que le mariage n’avoit pas recu son approbation, et que j’ai a coeur de pouvoir vous persuader que ce ne fut pas le cas, je prends la liberté de vous envoyer une de Ses lettres au Cte de Jaucourt ou vous trouverés Jespere que Son attention a lui annoncer quil en avoit fait part a l’ami du Comte de Vergennes demontre assés quil Lui avoit eté agreable.

Je vous supplie Monsieur en consideration des droits que je me crois fondé a reclamer et me propose de faire valloir dans la Succession de Mr Mazzei, de voulloir bien me rendre le Service de retenir dans vos mains ce que vous pouvés y avoir encore a Lui appartenant Jusqu’a ce que les affaires de sa Succession soient terminés et que les Loix ayent prononcé Sur La validité de mes pretentions; J’espere qu’alors mes esperances n’auront pas eu le même Sort que dans La fortune de Me Bellanger, et que je jouirai de La Satisfaction de pouvoir vous rembourser des avances que vous avés eu la bonté de me faire en different tems dont je conserve toujours le plus reconnaissant souvenir; et qu’enfin j’obtiendrai peut être avant de mourir la consolation que je demande a Dieu de pouvoir procurer un peu damelioration dans La Situation de mes enfants, qui depuis tant danneés Languissent comme moi Sous le poids de L’infortune.

J’ose esperer, Monsieur que vous voudres bien continuer de m’honorer de vos Bontés et protection et etre persuadé des Sentiments du plus profond respect et reconnaissance avec les quels J’ai L’honneur d’être

Monsieur