Je viens sous la recommandation de mon bon & digne ami, le Général kosciuzsko, reclamer de votre bienveillance1 vos soins & votre protection. voici ce dont il Sagit.

J’achetai en 1784 à Richmond, 1200 Acres de terre situées dans le Comté de Monongalia, à la tête de la rivière du petit kenhawai.2 Le 23 mai 1785 Son Excellence Patrick Henry Gouverneur de l’Ètat de Virginie m’en délivra le Contrat: des affaires de famille m’aïant appellé en France, me contraignerent de quitter ce beau pays avec le plus grand regret et les honnetetés que J’en ai reçües ne S’effaceront jamais de ma mémoire, de retour, & n’ayant aucun espoir de retourner en Amérique, J’essayai d’envoyer ma procuration en 1791 à Mr Adrien Walck consul hollandais à Baltimore, ce dernier me répondit que les terres3 qui se vendaient étaient des Parcelles de 20 à 30,000 Acres, que lobjet étant trop petit qu’il ne pouvait les placer. Le notaire qui me fit la procuration, ne pouvant instrumenter qu’en français fut obligé4 de faire traduire mon Contrat (Deed) en cette langue. l’original fut laissé en dépot chez mon ami, Pierre Siau, Président, alors, du Tribunal du Commerce de Marseille, où je me trouvais à cette époque,5 ce dernier, comme beaucoup d’honnètes gens obligé de fuir, et quitter précipitament sa maison pour aller chercher une asile tranquile, Sa maison, Ses magazins,6 furent de suitte mise au pillage, mon Contrat Subit le meme Sort de ses effets (Evènement de la Révolution) heureusement pour moi, que je gardai une Copie litérale, traduite, de mon Contrat avec le plan, dont je Joins ici copie, vous observant que je payai l’année Suivante à Samuel Craw £3. argent courrant de Virginie pour Land taxes à raison de 5ƒ par 100 Acres. Je pense quil serait nécessaire de se procurer du Bureau des terres à Richmond un Duplicata du Contrat, et ensuite de prendre les renseignements convenables Sur la Situation des terres, leur valeur approximative, les impositions qu’elles pourraient devoir, afin que je pusse indiquer une maison pour satisfaire aux depenses & fraix qu’elles pourraient nécessiter. Je viens, au nom de mon ami, Vous prier, de charger qu’elqu’un intimément connu de vous pour les lumieres et la probité de reclamer en mon nom les dittes terres, & d’aprés la lettre quil vous plaira m’honorer, (comme je tiens beaucoup a ce Continent que j’ai habité avec tant de Satisfacion), Je verrai à décider mon fils ainé pour aller en prendre possession & s’y établir, il me convient d’avoir les renseignements les plus précis pour ne pas l’exposer à faire un voyage infructueux. Vous parlerai je de reconnaissance? helas, J’enporte deja dans mon coeur l’expression la plus vive. Agréez Monsieur l’Assurance de ma considération la plus distinguée et le respect avec lesquels Jai lhonneur d’être, Monsieur,