Benjamin Franklin Papers
Documents filtered by: Recipient="Franklin, Benjamin"
sorted by: date (ascending)
Permanent link for this document:
https://founders.archives.gov/documents/Franklin/01-42-02-0092

To Benjamin Franklin from La Condamine, 12 April 1784

From La Condamine

ALS: American Philosophical Society

à calet. le 12. avril 1784.

Que je vous sçais gré, monsieur, d’avoir bien voulu prendre la peine de me répondre, malgré les grandes et importantes occupations dont je vous suppose environné!2 Vos travaux littéraires et politiques m’avoient inspiré pour vous, monsieur, de profonds sentimens de respect et d’estime; vous venez d’y ajoûter ceux de l’amour et de la reconnoissance; je vous admirois, je vous respectois comme un grand-homme, je vous vénère, je vous chéris maintenant comme un père!— Pardonnez, monsieur, je vous supplie, cet épanchement naïf d’un cœur trop plein.

Ce que vous me dites, monsieur, au sujet de comus, de mesmer, des remèdes & des malades m’a paru très raisonnable et très vrai; cela pourroit me fournir matiere à bien des réflexions, je les supprime pour ne pas abuser de vôtre complaisance ni de vos momens précieux.

J’avois oublié dans ma précédente lettre de vous parler aussi, dès prodiges prétendus du chevalier graham à londres, de sa musique divine, de son lit célestial, &c &c—3 c’est bien une autre histoire, cela! Si tout ce qu’on en débite étoit vrai, les comus et les mesmer ne seroient que de bien petits garçons auprès de lui; mais je ne vois dans tout ce merveilleux prétendu que du charlatanisme raffiné pour éblouir les sots et faire des dupes.

Vous ne mavez rien répondu, monsieur, au sujet du voyage de paris?— Je suis cependant décidé àa le faire, dès que l’état de mes finances et de ma santé pourront me le permettre, ne fut-ce que pour jouir du bonheur de vous voir, et de vous présenter mes hommages en personne. Alors je pourrai dire comme le st. homme simeon: nunc dimitte, &c.4

Voici encore, monsieur, une rapsodie fruit de l’oisiveté d’un pauvre convalescent, que je prends la liberté de vous addresser.5 Je vous prie, monsieur, si vous jugez à propos de la faire insèrer dans le journal encyclopédique dans lequel a été consignée l’annonce qui y a donné lieu, je vous prie, dis-je, d’avoir la bonté de l’envoyer aux auteurs, ou au bureau du dit journal.

Je suis avec un profond respect, Monsieur Votre très humble et obéissant serviteur

LA CONDAMINE

P.S. J’avois demandé des renseignemens sur l’origine de bletton6 &c. à un homme à portée de s’instruire sur les lieux; j’en reçois la réponse dans le moment, et je la joins ici, pour que vous puissiez, monsieur, voir et juger par vous-même. Vous y verrez que le berceau de bletton, comme celui de tous les hommes extraordinaires, a été entouré d’une espèce de merveilleux:—7 qu’en faut-il croire?— C’est à vous, monsieur, qu’il appartient de prononcer. Au reste, je ne sâche pas qu’il soit question de ces sortes de gens-là dans les autres pays, les françois auroient-ils ce privilége exclusif, et parmi ceux-cy, les dauphinois seroient-ils plus spécialement privilégiés que ceux des autres provinces du royaume?

Cette question (supposé qu’il y ait lieu à la faire) pourroitêtre ajoûtée à la fin de mon mémoire.

Pardon, monsieur, j’abuse de votre patience, et je finis en vous réiterant les assûrances de tous les sentimens dont je suis pénétré pour vôtre sçavoir, votre mérite et vos vertus.

[Note numbering follows the Franklin Papers source.]

2BF’s answer is above, March 19.

3The “celestial bed” of Dr. James Graham (the “Prince of Quacks”: XXXIII, 123–4), promised to cure impotence and infertility and could be rented for £50 per night. Located in Graham’s Temple of Health, it was elaborately decorated, charged with electricity and strong magnets, perfumed with exotic spices, and enhanced by music from mechanical instruments. A skeptical report on the bedchamber and the Temple itself, written by a physicist, circulated in French periodicals during the fall of 1783 and early 1784; for an early example see Métra, Correspondance secrète, XV (Oct. 8, 1783), 152–6. See also Lydia Syson, Doctor of Love: James Graham and His Celestial Bed (London, 2008), pp. 5, 138–40, 182–5.

Graham claimed to have met BF during a trip to France in 1779, when he was discussing electro-medical treatments with physicians and dignitaries: James Graham, Travels and Voyages in Scotland, England and Ireland, France … (London, 1783), p. 139. Though that claim cannot be substantiated, two of Graham’s pamphlets, published in 1778 and 1779, found their way into BF’s library: Wolf and Hayes, Library of Benjamin Franklin, p. 349.

4The opening of the Canticle of Simeon (Luke 2:29): “Nunc dimittis servum tuum, Domine” (Lord, now lettest thou thy servant depart). Simeon, who had been told he would not die before seeing the Messiah, uttered these words as he cradled the infant Jesus in his arms.

5This may have been a duplicate of the “rapsodie” he sent on March 8, above. Only one version is extant.

6Barthélemy Bleton (DBF), a peasant from the Dauphiné region who claimed to be able to sense underground water and minerals, ignited a public controversy over the scientific merits of dowsing. The support he received from the public and the court during a series of experiments in Paris, Passy, and Auteuil in the spring of 1782 challenged the authority of scientific experts, most of whom remained skeptical. In a final series of experiments overseen by members of the Académie des sciences and the Faculté de médecine, his powers proved unreliable. The procès-verbaux of those controlled experiments were published in Jour. de physique, XX (1782), 58–72. They were countered by articles in the Jour. de Paris, most of which were written by Bleton’s chief supporter, Pierre Thouvenel, who claimed that BF witnessed one of the experiments in company with Diderot (issues of May 21 and June 26, sup.). The articles were reprinted in Thouvenel, Second Memoire physique et medicinal … (London, 1784). See also Michael R. Lynn, Popular Science and Public Opinion in Eighteenth-Century France (Manchester and New York, 2006), pp. 108–18.

7La Condamine’s correspondent, writing from Bleton’s native village of Bouvante, provided a long account of the dowser’s personal history. Born on Sept. 7, 1737, to an impoverished mother, he showed a gift—as evidenced by pallor and convulsions—almost from birth. It was not until he was seven or eight years old that the cause of the convulsions was discovered to be the child’s proximity to water. His talent, tested by various academicians, had gained him international fame and a substantial fortune: Terrot to La Condamine, April 7, 1784, APS.

Index Entries