Benjamin Franklin Papers

From Benjamin Franklin to [Madame Brillon], [on or after 22 February 1781]

To [Madame Brillon]

AL: Yale University Library

[on or after February 22, 1781]2

J’ai reproché cet Ameriquain de sa Negligence, 3 ma chere Amie, & de son peu de soin des Lettres de la Dame; & voici ce qu’il m’a dit en sa Justification,4 & aussi en Recrimination. 1º. Qu’il n’a jamais reçu aucune Lettre de cette Dame, qui, s’il l’avoit fait imprimer dans le Mercure de France, ne feroit honneur à l’Ecrivaine, par l’Elegance du Stile,5 & par la Purété du Language & des Sentiments. Qu’en consequence, s’il avoit par malheur perdû une de ces Lettres, ce seroit une grande Perte pour lui, mais ne peut pas faire aucun tort à elle.6 Que neantmoins il les a toujours gardés comme ses Tresors, ne permettant pas que ses Amis même les plus intimes partageoient avec lui le plaisir de les voir. Pendant que la Dame a traité tout autrement les siennes;7 Elle en a donné des Copies, elle les a montré a tous ses Connoissances, même (terrible à dire!) a son Mari!8 Heureusement il est bon François; car s’il avoit été Espangnol, en voyant la derniere, qui parloit d’une Idée de gratter à la Fenétre de la Dame,9 il auroit couru tout de suite enfiler l’Ameriquain avec son Spada. Elle a dit, pour s’excuser, que son Mari lui a volé cette Lettre; mais comme il est galant homme, ce n’est guere croyable. Enfin l’Ameriquain disoit,1 que cette Dame est une Barbare & une Ingrate: qu’il a eu une jolie Passion pour elle il y a quatre ans; mais qu’elle a taché de tourner en Ridicule son Constance,2 par des Vaudevilles & Contes en Vers; & qu’elle a permis son petit jolie Amour, de s’emacier & de s’amaigrir à un tel point qu’il est devenu un parfait Squellette,3 & qu’on peut donner des Leçons d’Anatomie sur ses Os, sans ôter le Peau;4 il n’ayant eu pour tout Subsistance5 pendant quatorze cents jours & nuits,6 que des Souris, des Airs, & d’autre Musique composé des Sons qui sont faites d’Air;7 & l’Ameriquain croit fermement que si quelque bonne Nutriment & plus solide ne seroit donné au pauvre Enfant Mercredi au soir, on le trouvera Jeudi matin absolument roid mort.8 Vous pouvez dire tout ceci a cette Dame, & nous verrons si elle peut se justifier.

Nôta bene, Les Souris9 sus-mentionnées, ne sont pas les petites bonnes bêtes du même nom, qui sont quelquefois bien gras; mais certaines mouvements passageres1du Visage, qui sont très superficielles.

[Note numbering follows the Franklin Papers source.]

2In answer to hers of “jeudi 22,” immediately above.

3Among BF’s papers at the APS is an undated list in Mme Brillon’s hand of phrases, corrections to this letter, which we print in annotation. Here she advises: “J’ai reproché a l’amériquain sa négligence.”

4“pour sa justification.”

5“1º mercure de france, ne lui fit honneur par l’elegance du stile.”

6“mais cela ne pourroit faire aucun tort a la dame.”

7Mme Brillon previously had certainly shown one of BF’s letters to M. Brillon: XXXI, 113.

8“a toutes ses conoissances mesme (chose térrible a dire) a son mari!”

9An allusion to his letter, “la derniere,” of Feb. 16, above.

1“enfin l’amériquain a dit.”

2“de tournér en ridicule sa constance”. BF is referring to her poems “Le Sage et La goutte” (XXXII, 529–31) and “Les quatre saisons” of Feb. 8, above.

3“et qu’elle a réduit son joli petit amour a une maigreur télle, qu’il est devenu un parfait squellétte.”

4“Sans ostér la peau.”

5“ce pauvre enfant n’ayant eu pour toute Subsistance.”

6That is, three years and ten months, which takes them back to April, 1777, about the time BF and Mme Brillon met: XXIII, 542–3.

7“composée de sons qui sont faits d’airs.”

8“l’amériquain croist férmement que si l’on ne donne au pauvre enfant quelque solide nouriture d’ici a mercredi au soir, on le trouvéra jeudi matin absolument roide mort.”

9“bien grasses.” Archaic now, “souris,” in the masculine, was then synonymous with “sourire.”

1“mais certains mouvemens passagérs.”

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